-À qui parler ?- | VSO [TERMINÉ]

Chapitre 5.2

Pdv Ellie

Le silence apaisant dans la voiture nous permet de nous comprendre sans pour autant prononcer un mot. La musique en fond est ma seule distraction du trajet. Mon séjour à Nîmes est terminé. Vincent m'emmène jusqu'à la gare, il a insisté pour le faire. Sa présence va me manquer à Bruxelles, c'est bien cela qui me manque le plus là-bas. Myrtille, allongée sur mes jambes, semble aussi affectée du départ. Sa tête est tournée vers Vincent qui est concentré sur la route. Elle le regarde avec attention. J'espère qu'elle ne s'ennuiera pas trop dans le train. Il est seul pour m'accompagner, puisque Rémi devait se rendre au studio d'enregistrement. Nous nous sommes dit au revoir avec une accolade à l'appartement. Il m'a souhaité que de bonnes choses pour la suite, en espérant me revoir bientôt, avec un grand sourire. Rémi est vraiment quelqu'un de bienveillant, et de très protecteur. Vincent a beaucoup de chance de partager sa vie avec lui. Il avait besoin d'une personne comme lui pour l'aider à avancer. Je souris légèrement, et pose mon regard sur la route, toujours en laissant ce silence entre nous que je n'ai pas envie de briser.

Pendant ses deux semaines, j'ai évité au maximum Sylvain, et je vous avoue que ce n'était pas une masse à faire. Vincent et Rémi ont joué le jeu, puisqu'aucun de nous ne voulait voir l'autre. Ils ont accepté notre décision, même si au fond, ils préféreraient que tout cela se passe autrement. Et moi aussi.

Lorsque Rémi m'a parvenu ce que Sylvain avait dit sur moi le premier jour, mon ventre s'est serré et ma poitrine s'est oppressée. Il ne voulait plus entendre parler de moi, et encore moins me revoir. Je me suis voilée la face en répondant que moi non plus, je ne voulais pas de nouvelles de lui, et encore moins le croiser. En réalité, j'aurais aimé que nos retrouvailles se passent d'une autre façon. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me saute dans les bras, mais je ne pensais non plus qu'il allait s'énerver à ce point. Sylvain a pris quelques jours avant de calmer sa colère envers Rémi et Vincent. Il a compris que ce dernier tenait beaucoup à moi, et il respecte finalement cela. Ils se sont expliqués, et notre ami commun lui a raconté les rendez-vous que nous nous fixons une fois par mois. Vincent m'a dit qu'il a eu du mal à avaler cette nouvelle, mais il l'a aussi comprise. Je ne vous raconte pas comment mon ancien voisin de pallier était content que ce malentendu se soit arrangé.

Les amoureux ont bien évidemment continué de revoir Sylvain durant ses deux semaines, tout en me faisant passer de très bonnes vacances. J'ai quand même hâte de reprendre le travail, même s'il me reste encore une semaine de vacances avant la reprise. Je ne sais pas encore quoi faire pour que le temps passe plus rapidement durant ces jours restants. Vincent me sort de mes pensées en coupant le moteur de la voiture. Nous sommes garés sur une place de parking de la gare. Nous nous regardons avec un léger sourire, alors que Myrtille est descendue de mes genoux, attendant que j'ouvre la portière. Ce que je finis par faire. Nous sortons du véhicule, et sortons mes bagages du coffre. Vincent le referme avant de se tourner vers moi.

Vincent : Bon, j'espère que ça t'a plu quand même ces petites vacances.

-Bien sûr que j'ai aimé ! En plus, j'ai revu Rémi, et on était à Nîmes, alors que demander de mieux ? C'était vraiment sympa, et je te remercierais jamais assez ! Répondis-je en souriant, émue de tout ce qu'il fait pour moi.

Vincent : T'as pas à me remercier Mistinguett !

Je ricane à ce surnom, en me moquant de mon ancien voisin.

-Mistinguett ? Mais t'as quel âge Vinc' ? Soixante ans ?

Nous éclatons de rire tous les deux, et une fois à peu près calmés, il tend ses bras vers moi.

Vincent : Roh, aller viens là. Ajoute-t-il avec un grand sourire, légèrement triste.

Je souris à mon tour avant de me blottir dans ses bras. Il enroule ses bras réconfortants autour de mes épaules, en enfouissant son visage dans mes cheveux, proche de ma nuque. Voilà pourquoi je déteste les au revoir. C'est difficile de quitter les personnes que nous laissons, lors des dernières embrassades. Il faut avouer que c'est plus simple de partir sans rien dire.

-On se revoit dans pas longtemps, hein ? Demande-ai-je en chuchotant, sans vouloir me séparer de ses bras.

Vincent : Bien sûr, tu vas pas te débarrasser de moi comme ça... Mistinguett.

Nous sourions tous les deux, et nous séparons doucement des bras de l'autre. J'essuie délicatement une larme qui s'est échappée de mon œil, les autres menaçant de suivre. Il pose ses mains sur mes épaules, en faisant un sourire triste forcé, m'esquissant un sourire idiot.

Vincent : Mohhh, t'es triste de plus me voir ?

Je renifle avant de lui répondre ironiquement.

-Non, c'est Nîmes qui va me manquer abruti.

Je souris encore plus en voyant son air faussement choqué en entendant ma phrase. Vincent me relâche, et croise ses bras contre son torse.

Vincent : Pfff, aller, va-t'en avant que ton train parte sans toi. Dit-il en souriant légèrement, mais sincèrement.

Je lui rends son sourire, et prends mes affaires avant de marcher vers l'entrée de la gare. Je n'ai pas envie de lui dire au revoir, et puis, nous nous reverrons dans un mois. Ce n'est pas la peine, et puis, nous nous parlons souvent par message aussi. Je me retourne et nous nous saluons une dernière fois d'un signe de main. Je m'engouffre enfin dans le bâtiment, tandis que Vincent doit sûrement prendre place dans sa voiture. Je pars attendre sur le bon quai, assise sur un banc, mes affaires non loin de moi avec Myrtille à mes pieds. Je regarde les quelques photos de la ville que j'ai prises durant ces deux semaines, dont plusieurs selfies que nous avons fait avec Rémi et Vincent. Je range finalement mon téléphone dans ma poche en entendant mon train être annoncé. J'y monte et m'installe sur un siège à côté de la vitre, après avoir rangé mes bagages. Je garde Myrtille en laisse, qui est allongée sur le siège à côté du mien. J'envoie un message à Elyne, l'informant que je démarre bientôt de Nîmes. Je mets ensuite mes écouteurs et lance ma playlist, en attendant patiemment que le train démarre. Je soupire légèrement et m'accoude à la fenêtre en regardant le paysage fixe.