-À qui parler ?- | VSO [TERMINÉ]

Chapitre 16.2

Pdv Vincent

Je suis tellement content qu'Ellie soit là ! Aujourd'hui, nous allons au studio pour que je lui fasse écouter mon album solo. J'ai hâte et à la fois peur de sa réaction. Dans tous les cas, son avis sera honnête et ses remarques constructives, comme à chaque écoute que j'ai fait avec elle. J'ai quand même remarqué qu'elle était un peu dans sa bulle depuis qu'elle est ici. Ce qui ne me rassure pas, c'est qu'elle ne m'a rien dit sur son arrivé, et rien non plus sur Sylvain. Et lui non plus ne m'a rien dit. Il faut dire que nous ne nous sommes pas recroisés depuis. Aucun message non plus. Et c'est aussi possible qu'Ellie soit fatiguée. Elle m'avait dit avant de venir qu'elle travaillait beaucoup en ce moment. Je pense que cette semaine l'aidera à lâcher prise. Elle en a besoin.

Assis sur le canapé du studio d'enregistrement, nous écoutons tous les deux mon album. Le mixage des sons ont été incroyablement bien fait. Je suis vraiment fier des personnes qui ont travaillé avec moi sur le projet. À la fin de l'écoute, je regarde Ellie, assise à côté de moi sur le canapé du studio. Elle semble totalement perdue. Elle triture ses doigts, et son regard fixe le sol.

-Alors ? T'en penses quoi ?

Silence. Mon sourire s'efface. Soit mon album est pourri, soit il s'est passé quelque chose avec Sylvain qu'elle ne m'a pas raconté.

-T'aimes pas... ? Demandé-je inquiet.

Elle ne répond toujours pas. Mes craintes semblent être plus importantes que je ne le pensais. Ce n'est pas mon album le problème. Il s'est bien passé quelque chose avec Sylvain que je ne sais pas encore. Je la regarde sans savoir quoi faire, ni dire. Elle reprend la parole avant que je ne le fasse.

Ellie : J'ai acheté des billets de train, je pars ce soir.

Elle n'ose toujours pas me regarder. Elle veut vraiment partir aussi rapidement ? Bordel, qu'est-ce qui s'est passé ?

-Mais... pourquoi ? Ça fait deux jours que t'es à Nîmes !

Je soupire avant de reprendre, plus calme.

-On est d'accord que c'est pas à propos de ton taffe hein ?

Ellie : Non, c'est pas le boulot... Chuchote-t-elle d'une voix faible, à deux doigts de pleurer.

Je m'inquiète encore plus.

-Ellie...

Elle fond en larmes devant moi. Ses mains couvrent son visage et ses sanglots résonnent dans le studio. Je pose une main dans son dos, et la console comme je le peux.

-El'... raconte moi ce qu'il s'est passé avec Sylvain...

Je pense qu'elle en avait besoin, puisqu'elle commence à m'expliquer un tas de choses, en pleures.

Ellie : J'ai tout dit à Sylvain... tout ce que j'ai pu... il m'en veut, il me déteste... on s'est engueulé et il m'a laissé seule, à l'autre bout de la ville... je suis rentrée à pied jusqu'à chez vous... c'est pour ça que je vous ai dit qu'on allait se retrouver au bar près de chez vous pour boire un verre... j'y étais toute la journée... j'avais peur de te le dire Vincent... ne lui en veut pas, c'est ma faute... je me sens tellement mal depuis que je lui ai dit... je m'en veux...

Je comprends mieux maintenant pourquoi elle était ailleurs pendant ces deux jours. Soudain, je regarde qu'elle respire de moins en moins bien. Ses angoisses prennent de plus en plus de place. Elle fait une crise. Ellie est en larmes devant moi, son souffle est court, et elle tremble comme une feuille morte.

Ellie : On sera...  jamais ensemble lui et moi... plus jamais ! Je sais pas quoi faire Vincent...

Elle récupère son souffle, toujours en pleurs.

Ellie : Vincent... aide moi... je t'en supplie...

Bien sûr que je vais l'aider. Mais la seule chose dont je me souviens, c'est qu'Ellie a besoin qu'on la rassure lors d'une crise. Je me rapproche donc et la prends délicatement dans mes bras. Elle s'y blottis, et s'agrippe à ma taille comme si j'allais m'envoler d'une seconde à l'autre. Elle a besoin de s'ancrer à nouveau. Mon cœur se brise en la voyant dans un tel état. Ellie paraît tellement vulnérable à cet instant. Elle est en larmes, à bout de souffle et sûrement envahit d'horribles pensées. Je pose une main dans son dos et l'autre dans ses cheveux que je caresse délicatement. Je suis complètement décontenancé par la situation. Cela fait tellement longtemps que ça n'était pas arrivé.

Ellie : Je veux rentrer chez moi... je veux partir de Nîmes... j'ai pris un billet de train pour repartir... ce soir... je veux pas rester ici Vincent...

Je lui réponds en chuchotant, pour ne pas la brusquer.

-D'accord Ellie, c'est comme tu veux... je serais toujours là si besoin, tu le sais... t'es pas toute seule... t'as peur de le revoir c'est ça... ?

Ellie : O-oui... je veux pas le revoir... je l'ai brisé...

-Ne pense pas à lui pour le moment... ok ? Concentre toi sur toi et ton état actuel... c'est le plus important...

Je nous berce lentement, en chuchotant quelques phrases pour la calmer. Je lui rappelle que son état n'est que passager, et qu'elle ira mieux dans quelques minutes. Que je suis là, avec elle, et que je ne la lâcherais pas. Je continue, encore et encore. J'essaye tout ce que je peux et dont je me souviens pour la rassurer. Heureusement, peu à peu, Ellie se calme. Ses tremblements ont cessé, mais sa peau est presque froide. Je la garde dans mes bras pour lui apporter un maximum de réconfort et de chaleur. Elle a encore besoin de temps pour se remettre à cent pour-cent. Sa crise l'a bien secouée.

-C'est très bien... tu te débrouilles super bien...

Je passe ma main dans ses cheveux. Sa tête est posée contre mon torse. Ses pleurs ont cessé, malgré quelques sanglots. Sa respiration est de nouveau régulière, presqu'à la normale. J'hésite à évoquer le principal déclencheur de sa crise, mais je me dois aussi de la rassurer à ce sujet,

-Tu sais, pour Sylvain, il a besoin de temps... il vient seulement d'apprendre tout ce qu'il s'est passé... c'est pas simple pour vous deux... ça passera...

Ellie : Mmhh...

Je baisse les yeux et la regarde. Elle somnole dans mes bras, complètement épuisée par sa crise. Ce n'est peut être pas plus mal. Je lui en parlerais une prochaine fois. Nous aurons tout le temps qu'il faut pour en parler un autre moment qu'aujourd'hui. Toujours assis sur le canapé, blottie dans mes bras, Ellie dort profondément. Il faut que je parle avec Sylvain aussi, quand j'aurais l'occasion d'aborder ce sujet, disons sensible.