Chapitre 9.2

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Pdv Ellie

Aujourd'hui, Sylvain vient chercher Vincent pour qu'ils aillent travailler une semaine à Paris dans leur studio. Il va venir. Dans mon appartement. À Bruxelles. D'une minute à l'autre. Vincent est dans ma chambre en train de finir de préparer son sac. Je suis paniquée, et fais les cents pas dans le séjour en rangeant des objets aléatoires. C'est une idée de Vincent de retourner en France, et je suis fière de lui. Plus qu'il ne le pense. Ce n'était pas facile les premiers jours, ni les suivants, mais il va remonter la pente, c'est sûr. Doucement mais sûrement. Je pense surtout que la musique lui manque et qu'il a besoin d'enregistrer ce qu'il a écrit. Et il a besoin de ses amis qu'il connaît depuis des années. Je ne vais pas être la seule personne à être à ses côtés dans cette situation délicate. Il a besoin de soutient de son entourage, tout simplement. La sonnette retentit dans mon appartement. Je respire un grand coup et marche vers la porte d'entrée. Après quelques secondes d'hésitation, j'ouvre avec un léger sourire. Il est là, devant moi. Lui aussi, il sourit timidement. Bordel, ça me fait plaisir de le revoir. Je fais beaucoup moins la maligne en le fixant devant moi, je perds tous mes moyens.

-Salut...

Sylvain : Salut...

-Entre, je t'en prie...

Je me décale pour le laisser entrer, ce qu'il fait en me remerciant.

Sylvain : Alors, comment il va ?

L'atmosphère est tendue, mais on se parle quand même respectueusement. J'ai l'impression que nous sommes devenus des inconnus, l'un pour l'autre. Ça me fait mal quand même. On croirait des parents divorcés qui sont obligés de se côtoyer seulement pour leur enfant. Je referme la porte et me place dos au canapé en lui répondant.

-Mal, mais ça va lui faire du bien d'être à Paris avec toi...

Il me regarde en acquiesçant mes dires. Je lui adresse un petit sourire avant de reprendre.

-Et Rémi ?

Sylvain : Mal aussi, il est chez ses parents depuis leur dispute... mais ça va s'arranger...

-J'espère aussi...

Sylvain : Je ne les ai jamais vu aussi heureux et amoureux depuis qu'ils sont ensembles, Vincent comme Rémi, ils ont juste besoin de temps et de se parler...

Je hoche simplement la tête en ne sachant pas quoi ajouter. Je ne sais même plus où me mettre. Au moins il me parle, c'est plutôt pas mal. Un ange passe. Il zieute rapidement mon appartement en silence. Mes mains tremblent de plus en plus, alors je les pose sur le dossier du canapé pour essayer de me calmer.

-Tu veux t'asseoir ? Boire un truc ?

Il décline mes offres et reste debout dans l'entrée. J'ai très bien compris qu'il préférait laisser une distance entre nous. Et je la respecte. Je reste aussi à ma place, mais je suis plutôt surprise lorsqu'il reprend la parole.

Sylvain : Merci de l'avoir aidé et hébergé pendant ces dix jours, il t'aime vraiment bien tu sais ? Ç'a dû lui faire du bien d'être avec toi... vraiment...

Tellement surprise que je bafouille avant de lui répondre.

-Pas de soucis, c'est... 'fin c'est normal...

Je dois sans doute être rouge de gêne. Change de sujet Ellie, et respire normalement.

-Sinon... ça été la route ? T'as trouvé facilement ?

Il y a mieux comme autre sujet de conversation. Mais c'est mieux que rien, après tout.

Sylvain : Oui, nickel. Vincent m'a bien expliqué par message.

-Merci d'être venu le chercher, mais j'aurais pu le ramener à Paris, ça m'aurait pas posé de probl-

Sylvain : Non, t'en fais pas, ça me dérange pas d'être venu le chercher...

-Ok...

J'ai jamais été autant en galère pour maintenir une conversation avec quelqu'un. Elle est plus bancale qu'une table à un pied. Je me racle la gorge, en me demandant pourquoi Vincent prend autant de temps à finir son sac. J'en suis sûre qu'il profite de la situation le petit filou.

-Vous allez rester la semaine dans votre studio parisien c'est ça ?

Il faut bien passer le temps comme on peut. C'est très gênant quand personne ne parle. Surtout quand ce silence est entre Sylvain et moi.

Sylvain : Euh... pas exactement...

Il a l'air gêné de ma question, ce qui augmente mon stress. J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je m'attends au pire.

Sylvain : On bossera au studio, oui, mais sinon on sera dans mon appart' à Paris.

Je hausse les sourcils, étonnée qu'il ait maintenant un logement à la capitale française. Il doit le remarquer, puis qu'il détourne le regard en suppliant sûrement mentalement Vincent de venir nous rejoindre. Mais, il a fait quoi de son appartement à Nîmes alors ? Je n'ai pas le temps de lui demander que notre ami commun arrive dans le séjour en souriant. Si nous ne le connaissions pas par cœur, nous ne nous douterions même pas qu'il est au plus mal à cet instant.

Vincent : Hey ! Ça va mec ?

Il lui sourit et lui fait une rapide accolade. Ils s'échangent des banalités, puis Vincent me prend dans ses bras.

Vincent : On se revoit bientôt hein ?

-Bien sûr, reviens quand tu veux ici !

Je souris, alors qu'il se sépare de mes bras.

Vincent : Je reviendrais squatter tout le temps maintenant ! Répond-il en riant légèrement.

Je crois que ça me brise encore plus le cœur qu'il fasse autant semblant d'aller bien devant nous.

-Pas de soucis ! Prends soin de toi hein ? Ajoute-ai-je en replaçant quelques mèches rebelles de ses cheveux, vraiment inquiète pour lui.

Vincent : Promis Ellie...

Je repose mes mains sur ses épaules. Je vois dans ses yeux qu'il ne va pas bien. Je me sens si nulle de le laisser partir. Mais je ne peux rien dire. Je peux juste lui donner du soutient moral. Rien de plus. Un câlin plus tard, Vincent et Sylvain partent de mon appartement. Je regarde, depuis ma fenêtre, Vincent traverser la route pour atteindre la voiture de Sylvain de l'autre côté de la route. Son sac sur l'épaule. Il le dépose à l'arrière de la voiture avant de me faire un dernier signe de main avant de s'installer à l'avant. Quelques secondes plus tard, la voiture part. Je soupire et me retrouve seule, debout au milieu de mon salon. Vincent est parti. Sylvain m'a adressé la parole, accompagné de quelques sourires. Il a relancé la conversation plusieurs fois lorsque je ne le faisais pas. Un sourire niai reste bloqué sur mes lèvres. Notre relation peut s'arranger au final, non ?

-À qui parler ?- | VSO [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant