Pdv Vincent
Plus d'une semaine qu'on est sur Paris, et que je bosse comme un malade au studio. Je rentre chez Sylvain que lorsque la nuit est tombée. Très souvent, j'y vais seul le matin lorsqu'il dort encore. Des amis à nous y passent parfois quelques heures avec moi pour m'aider à enregistrer, sans poser de questions, puis repartent. Aujourd'hui, c'est différent. À tout moment, Rémi débarque dans le studio. Il est revenu à Paris hier, et il doit passer récupérer sa guitare qu'il a laissé la dernière fois. Je l'ai mise dans une house de protection, posée contre le bureau. Je ne me sens pas bien depuis que je suis là. J'ai l'impression que mon cœur va exploser. Je suis assis sur un fauteuil, en triturant mes doigts sans que je puisse faire quelque chose d'autre. Mes yeux fixent la fameuse guitare. J'ai littéralement l'impression d'attendre ma mort qui arrive à grands pas. Sauf que la faucheuse n'est pas exactement comme je l'imaginais. Il ouvre la porte sans même me lancer un regard, et marche vers le bureau. Je le vois chercher quelque chose. Je le contemple quelques secondes, avant de me racler la gorge pour essayer de faire partir la boule de stress qui y est.
-Euh... Salut...
Rémi : Salut.
Il continue de chercher dans les tiroirs, dos à moi. Au moins c'est clair, il me déteste pour de vrai.
-Tu... ça va ?
Rémi : Non, comme toi j'imagine. Il soupire en fermant un peu violemment un tiroir avant de reprendre. T'as pas vu le chargeur pour les batteries de caméra ?
Je souris timidement, en voyant que nos conversations se résument à parler froidement et en évoquant des banalités comme des inconnus.
-Dans la dernière case de l'étagère, à gauche du bureau...
Il récupère sans difficulté ce qu'il voulait, sans un merci. Ses pas se font rapides en se dirigeant vers l'entrée, avec sa guitare à la main. Putain Vincent, dis quelque chose, merde !
-J'ai vraiment été con. La dernière fois... de... de te laisser partir sans t'expliquer ma version des faits... s'il te plaît, laisse moi tout te raconter...
Il s'arrête à quelques pas de la porte et soupire. Il se retourne vers moi et me regarde dans les yeux, l'air contrarié. Accepte, c'est ma seule chance, s'il te plaît...
Rémi : Pourquoi je t'écouterais ?
-Parce que t'as été là pour m'aider, et pourtant j'ai replongé, alors je te dois des explications et des excuses.
J'ai répondu du tac au tac, pourtant je le pense vraiment. Il doit le savoir.
Rémi : Ok, vas-y, je t'écoute. Lâche-t-il en s'asseyant sur le fauteuil en face de moi, la mâchoire serrée.
Sa jambe tressaute à cause du stress, comme d'habitude. Je vais tout lui raconter dans les moindres détails, si c'est ça qui peut me faire pardonner.
*Flashback*
-Il y a un peu plus d'un mois en arrière-
Encore une soirée où nous allons finir dans un sale état, sans même connaître les invités, ni celui qui à organiser cette fête. Il a quelques jours, j'ai revu Ellie, et mon cerveau rumine comme à chaque fois après l'avoir revu. J'ai été si égoïste de n'avoir rien vu à son malheur... Elle est partie, parce que nous étions incapables de voir qu'elle n'allait pas bien. Je m'en veux toujours autant. Son départ hante quelques fois mes cauchemars, parfois. Je suis un bon à rien, même pas capable de soutenir les autres.
Je soupire, et finis mon énième verre cul sec. Ce n'est que le troisième. Ou peut être le huitième... ou celui après le treizième. Aucune idée. Je me lève, titube jusqu'à la cuisine, et me sers mon prochain verre, plus chargé que les autres. Sylvain assiste Obwan pour donner de l'ambiance à la soirée, et Rémi... je ne sais pas où il est. Sûrement avec des potes à nous, dans une pièce à l'écart pour faire une contre soirée, en train de parler et rire sur différents sujets, comme d'habitude. J'affiche un sourire niai en imaginant la scène. C'est surtout parce que je pense à Rémi. Et qu'en plus, je l'imagine en train de rire. C'est le meilleur spectacle du monde. Soudain, la porte de la cuisine s'ouvre, alors je relève les yeux vers cette personne, et perds mon sourire.
? : Salut Vincent ! Bonne soirée n'est-ce pas ? Me demande-t-il en souriant, pendant qu'il se sert un verre.
-Bah... oui... comme d'habitude...
? : Tu déconnes ?! D'habitude tu m'aurais déjà acheté au moins cinq joints et dix grammes de beuh ! Avoue-t-il en ricanant, avant de boire son verre.
-Ouais, t'as pas tord...
Je bois à mon tour, laissant un court silence.
? : Par hasard, t'en veux... ? Il m'en reste, et je peux même te faire un prix d'ami !
-Non non, je fume plus... j'ai arrêté ça... Dis-je en continuant de boire mon verre.
? : Toi ? Arrêter ?? T'étais mon meilleur client Vincent ! Viens on s'en partage un ! En souvenir du bon vieux temps...
-Guillaume...
C'est alors qu'il commence à rouler un joint, juste à côté de moi. Je le fixe en finissant mon verre. Le joint, pas mon ancien dealer. Il ne faut pas que je replonge. Je me resserre encore un verre, avec plus d'alcool que de soft. Après tout, ce n'est pas si grave... juste un ? Non. Il ne faut pas que je replonge. Il me tend le joint une fois terminé.
Guillaume : Alors ? T'en veux ou pas ?
Je regarde le rouleau entre ses doigts. Il ne faut pas que je replonge. Je bois mon verre d'une traite, et m'en resserre encore un. Guillaume me parle, je ne comprends pas ce qu'il me dit. Quand est-ce qu'il va se la fermer ? J'ai l'impression que ma tête va exploser. Par automatisme, je pose mon verre, sors mon portefeuille et lui tends un billet. Guillaume me donne discrètement un pochon, en faisant semblant de me serrer la main, tandis qu'il récupère le billet de l'autre. J'entends soudain sa voix, comme si elle était lointaine.
Guillaume : Je te laisse le joint comme cadeau...
Il a disparu de la cuisine. Je glisse le pochon dans ma poche, et récupère la cigarette magique et mon gobelet plein. Le sol tourne, j'ai des acouphènes. Je marche, sûrement pas droit, et sors de la cuisine. Je veux rentrer chez moi. Pendant un long moment, je me perds dans cette immense baraque. Je trouve enfin une porte de sortie, et finis dehors, en pleine rue. Il doit être tard, même les lampadaires sont éteints. Je suis le seul abruti à marcher, enfin plutôt déambuler, dans la rue. Autant être un abruti jusqu'au bout. Je coince le joint entre mes lèvres, et cherche un briquet. Je manque de tomber, et je me rattrape à une boîte aux lettres. Putain, plus jamais je me mets dans cet état. Je reste ici pour fouiller mes poches. Je trouve enfin mon briquet, puis allume le Saint-Graal, avec les mains légèrement tremblantes. J'expire la fumée en fermant les yeux, la tête en arrière. Qu'est-ce que ça fait du bien, putain. Je me remets en route, et arrive par miracle en bas d'un appartement que je connais. C'est le mien ? Il me semble. Je monte, en terminant de consumer mon joint. Je galère à ouvrir la porte, et entre enfin chez moi. Je ferme à clés derrière moi, ou peut-être pas. Je vais directement dans ma chambre. Je m'affale à plat ventre sur mon lit, et prends une dernière bouffée avant de poser le mégot sur la table de chevet. Je vide d'ailleurs mes poches et pose tout au même endroit. Je m'endors s'en même m'en rendre compte, détendu par le joint et les litres d'alcools que j'ai dû avaler.
*Fin du flashback*
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-À qui parler ?- | VSO [TERMINÉ]
FanfictionEllie, une web designer assez discrète, va remettre les pieds dans le passé. Son voisin, Vincent, avec lequel elle s'est liée d'amitié, va se rendre compte que la relation avec son meilleur ami peut évoluer, et pas que dans ses rêves. Ellie et Vince...