Ange
Tiny Dancer - Elton John
Je ne voulais pas lui parler. Je craignais que l'on ne retrouve pas notre complicité d'autrefois. Et pourtant, c'est comme si nous n'avions jamais été séparés.
Je n'espérais pas grand-chose en déposant ce bout de papier à côté de lui...Une semaine plus tôt
Ce soir, je suis resté au lycée pour traîner dans la salle de musique. Nos professeurs aiment que leurs élèves expérimentent différentes formes d'arts, ils nous laissent donc volontiers les clefs des salles de musique, d'art plastique, ou encore du gymnase pour que nous puissions nous y rendre après les cours.
J'aime rester assis sur le pouf au fond de la pièce, caché au milieu de la batterie, du piano et des trompettes, pour jouer un peu de guitare. Ma professeure pense que j'ai du talent, elle aimerait que je joue dans le spectacle d'hiver cette année. Lors de ce genre d'évènements, les élèves peuvent s'inscrire pour présenter leur talent. Certains créent de petites pièces de théâtres, d'autres présentent des courts-métrages, dansent, chantent, lisent des poèmes qu'ils ont écrit...
Ensuite, il y a un bal, ouvert seulement aux élèves.Puis, viennent les vacances, Noël, les amis se rassemblent dans les cafés, discutent des différentes représentations du spectacle d'hiver et de celles qu'ils ont préféré. Je n'ai jamais participé, mais plus l'ouverture des inscriptions approchent, plus je me dis que ma professeure a peut-être raison et que, au pire, ce sera une catastrophe. Et puis ? Je devrais survivre...
Je range ma guitare dans son étui et enfile mon sweatshirt. La fin du mois de septembre approche et l'air se rafraîchit de plus en plus. Je sors du lycée, prenant bien soin de fermer la salle de musique et d'aller déposer les clefs au secrétariat, comme à mon habitude. J'ouvre mon casier, attrape quelques cahiers et lance négligemment mon sac de cours sur mon épaule droite. En le refermant, un petit morceau de papier tombe sur le sol.
Mon numéro de téléphone.
Je l'avais rapidement écrit dans l'idée de le donner à Kaï, pour que nous puissions nous expliquer. J'avais conclu que, finalement, c'était une très mauvaise idée.Je fourre le bout de papier griffonné dans ma poche et sors dans la nuit froide. Il n'est pas très tard, environ dix-neuf heures trente, mais il n'y a pas un chat. L'établissement est désert normal, nous sommes vendredi. Personne ne traîne ici le week-end. Je m'apprête à rentrer chez moi lorsque je remarque que le gymnase est encore allumé. Je râle : je vais être obligé, histoire de me donner bonne conscience, d'aller couper les lumières et de retourner au secrétariat pour y déposer les clefs. Les gens ne sont pas responsables.
J'accélère le pas, ne voulant pas rester dehors trop longtemps. Lorsque je pousse la porte, je m'aperçois que l'utilisateur précédent n'a pas oublié d'éteindre car il est encore à l'intérieur. En effet, un air de musique classique résonne dans le bâtiment et donne au lieu une atmosphère du dix-neuvième siècle.
Des pas de danse retentissent à un rythme régulier. Je m'approche et mon cœur semble se décrocher. C'est Kaï, juste là, qui est en train de danser. Ses cheveux noirs volent autour de lui, formant une couronne noire comme l'ébène. Sa posture droite et sa silhouette élancée lui donnent l'allure d'un roi.
Je pince les lèvres. Je n'ai jamais eu le droit de la voir ainsi. La danse est un art, qu'il ne veut montrer à personne.
C'est son art.
Par respect, je ressors du gymnase et j'attends quelques dizaines de minutes. L'air est de plus en plus glacial, mais je ne m'en soucie pas. Je ne rejoue sans cesse dans ma tête le spectacle auquel je viens d'assister. Ses bras qui valsent autour de lui, ses jambes qui semblaient ne plus toucher le sol, ses paupières closent et le petit sourire qui flottait au coin de sa bouche. Il semblait heureux.
Lorsque la musique s'arrête, je retourne dans le gymnase, la tête baissée. Je me dandine sur place, attendant qu'il me remarque et dise quelque chose, mais rien ne se passe. Lorsque je lève les yeux, je le trouve allongé sur le sol, à moitié endormi. Il semble exténué. Un demi-sourire naît sur mon visage lorsque je remarque le filet de bave qui coule doucement de ses lèvres entrouvertes. Je secoue la tête : il n'a pas changé.
Je m'approche sur la pointe des pieds, faisant le moins de bruit possible pour ne pas le réveiller. Je dépose le morceau de papier à côté de lui et pars sans me retourner, avant que je ne regrette et décide stupidement d'opérer un demi-tour.
Mais que ce soit clair, ça ne veut pas dire que je veux recommencer à lui parler.
Hello tout le monde,
Désolée j'avais oublié de poster hier (je me suis perdue dans les jours 🥲)
Bref, voilà le chapitre !
Biz,
Cam's ♡
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Remember me
Teen FictionKaï et Ange ont huit ans, ils passent leurs journées à nager dans la lac en bas de chez eux et leurs nuits à regarder les étoiles serrés l'un contre l'autre. Kaï a dix ans lorsque son père quitte l'état, abandonnant Kaï et sa mère pour une nouvelle...