Chapitre 15

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Kaï

Ange et moi avons passé toute la journée allongés dans son canapé, les jambes recouvertes pas un plaid, nos bras entrelacés. Nous avons dû voir à peu près toutes les comédies romantiques disponibles sur Netflix. On a beaucoup ri, même lorsque ce n’était pas forcément drôle, nous avons pleuré aussi, enfin surtout Ange. Il a trouvé que la fin de Titanic était très belle, malgré le taux écœurant de romantisme et de niaiserie. Il m’a confié qu’il espérait qu’un jour quelqu’un tomberait amoureux de lui à ce point. Il m’a ému, alors je l’ai serré un plus fort contre moi et j’ai enfoui mon nez dans ses cheveux pour déposer un baiser sur le haut de son crâne. Ses mèches blondes avaient encore cette odeur si particulière, son odeur à lui. Celle qui lui est propre, unique. Cela m’a plu. À vrai dire, tout me plait chez lui. Depuis ses yeux verts comme une forêt jusqu’à sa manière de se moucher, il me plait tout entier.

Lorsque la nuit est tombée, il s’est étiré et m’a expliqué que son père allait bientôt rentrer mais que je pouvais rester, que je ne le dérangeais pas. J’ai tout même eu l’impression d’être de trop, Ange ne voit pas souvent son père et je ne voulais pas gâcher ce moment. Je l’ai donc remercié de m’avoir hébergé et j’ai rassemblé mes affaires. Il est sorti dehors avec moi et m’a souhaité bonne nuit. Nous avons entendu le moteur d’une voiture ronronner au loin. « C’est mon père », a-t-il dit. « Je reconnaîtrai ce raffut entre mille ». Il a souri et j’ai profité encore quelques instants de la fraîcheur du soir sur ma peau et de la présence rassurante d’Ange à mes côtés. J’ai descendu les marches et il m’a rejoint, m’a attrapé le bras, m’a fait pivoter vers lui et m’a attiré contre son torse pour m’écraser avec ses bras dans un câlin quelque peu violent.

Son père s’est garé devant la maison et est sorti de la voiture en souriant, l’air un peu perdu. Je l’ai salué et j’ai adressé un signe de la main à Ange avant de décamper sans me retourner. J’imagine que son père à dû se demander pourquoi un garçon sortait de chez lui avec les vêtements complètement froissés et les cheveux décoiffés.

En arrivant chez mon père, j’ai souri à Anaïs, caressé la tignasse de Léandre et je suis monté directement dans ma chambre. J’ai sorti mon téléphone portable et j’ai composé le numéro de ma mère.

La sonnerie retentit trois fois. Puis, enfin, elle décroche.

— Halo ? Maman ?

— Kaï, chéri, comment vas-tu ?
         
Je souris, comme c’est bon d’entendre sa voix.

— Je vais bien. Je me suis fait quelques amis et je suis sérieux en cours.
         
Je l’entends rire faiblement à l’autre bout du fil. Elle me demande comment sont mes nouveaux amis. Alors, je lui parle de Charlie et de sa passion étrange pour le paranormal, puis d’Alex et du surnom « Bob Razowski » qu’il doit à la couleur de ses cheveux, je lui parle de notre idée de monter un groupe et lui indique que nous envisageons de nous produire pour la première fois lors du spectacle d’hiver organisé par le lycée. Ensuite, je lui parle d’Ange et, malgré moi, je sens les joues prendre une teinte rosée et ma voix monter dans les aigus.

— J’ai, hum, j’ai rencontré quelqu’un.
         
Elle me pose tout un tas de questions sur cette rencontre, me demandant son nom. Je refuse de le lui donner, et elle râle pendant tout l'appel, essayant de me faire culpabiliser en me rabâchant à quel point il est cruel de la faire languir à ce point. Plus tard, la discussion dérive et nous nous retrouvons à comparer la qualité de la nourriture de la cantine avec celle qu’on lui sert à l’hôpital. Bientôt, il est déjà l’heure de raccrocher.

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant