Ange
Après cette journée, Kaï ne m’a plus donné de nouvelles. Pas un seul appel, pas un seul message, pas un seul signe de vie. Ma tentative de drague l’a probablement effrayé.
La chaise sur laquelle il avait l’habitude de s'asseoir en cours est vide est froide, si bien que je fini par me demander si Kaï a vraiment été là ou s’il n’est que le fruit pur et simple de mon imagination. Peut-être ai-je simplement inventé ce garçon pour me permettre de tenir le coup lorsque la vie devient difficile, peut-être n’est-il qu’un fantôme du passé qui vient me hanter, ou bien un souvenir auquel je me raccroche, auquel je m’agrippe de toutes mes forces dans le but de retrouver un peu d’espoir.
Il est ma lumière dans l’obscurité. Il est présent dans chacun de mes souvenirs les plus heureux. J’ai grandi à ses côtés et rien ne pourra jamais effacer cela. Je tiens à lui plus qu’à n’importe quel autre élève de ce lycée, plus qu’à n’importe quel autre de mes amis. La relation que j’ai avec Kaï aura toujours cette saveur douce-amère si spéciale, si délicieuse. Il a une place particulière dans ma vie. Il est une sorte de bouée de sauvetage. Je retrouve des traces de lui dans chaque parcelle de ma vie, j’ai besoin de sa présence à mes côtés pour me sentir enfin complet.
Certains trouveront cela toxique, une telle dépendance rapidement peut tourner au cauchemar. Mais je m’en fiche, nous sommes liés à jamais par une force invisible. Lorsque je me sens mal, je n’ai pas seulement envie, mais besoin de le voir.
Mon père entre dans ma chambre, ne me laissant pas le temps de continuer ma tirade intérieure sur la nécessité étrange que je ressens envers Kaï.— Tu veux goûter ma nouvelle recette de cupcakes ? me demande-t-il en m’en tendant un de sa main encore blanche de farine.
— Pourquoi pas, dis-je en haussant les épaules. J’espère qu’ils seront meilleurs que ceux de la dernière fois.
Papa avait eu quelques jours plus tôt la merveilleuse idée de cuisiner des gâteaux au concombre. L’idée était plutôt intéressante, mais le goût était vraiment ignoble. Celui que mon père me tend à une odeur sucrée tout à fait plaisante et une jolie couleur orangée. Pas comme celle de ceux aux concombres, qui se rapprochaient plutôt d’un gris malade. J’en prend une petite bouchée, ne sachant jamais à quoi m’attendre vis-à-vis de ses tentatives culinaires. Je ferme les yeux et pousse un petit soupir de satisfaction.— Ch’est crop bon, je m’exclame, la bouche encore pleine de nourriture.
— J’ai mis de la cannelle, m’informe-t-il avec un clin d’œil.
Je termine de déguster la pâtisserie et mon père attend patiemment en s’asseyant sur le bord de mon lit. Il me regarde avec un petit sourire en coin. Je lève les yeux au ciel.— Bon vas-y, pose-la ta question.
Il pose une main sur son cœur et prend un petit air innocent qui me fait soupirer d’exaspération une seconde fois.— Je ne vois pas de quoi tu parles, minaude-t-il en passant sa main dans ses cheveux pleins de pâte à gâteaux.
— Celle qui te brûle les lèvres depuis trois jours.
Il croise les jambes et se tourne vers moi brusquement.— Bon, tu m’as eu. Oui, je me retiens de te demander depuis trois jours pourquoi ton ami d’enfance est sorti de chez moi hier soir avec les cheveux complètement en pagaille et les joues toutes rouges après t’avoir enlacé.
Je croque dans une autre bouchée de mon cupcake, prenant bien le temps de la mâcher pour le faire languir.— Hum, c’est Kaï.
Il souffle.— Oui, je sais. Je l’ai presque à moitié élevé ce gamin, vous étiez toujours fourré ensemble.
— Mais laisses-moi finir, le grondai-je en souriant. Donc, il est venu dormir à la maison.
Je vois mon père sourire, puis passer du blanc au rouge en quelques secondes. Il se penche vers moi et pose ses grandes mains sur mes épaules.— Ange, rassure-moi… vous vous êtes bien protégés, au moins ? murmure-t-il en plissant les yeux pour déceler le mensonge dans mon regard.
Je deviens rouge d’un seul coup et manque de m'étouffer avec son satané cupcake à la cannelle.— Non attends, t’as pas compris. Il ne s’est rien passé papa. On a juste regardé un film et dormi sur le canapé, c’est tout. On n’a pas…
Mon père me caresse les cheveux en hochant la tête.— Tu devrais apporter des gâteaux à ton ami, propose-t-il pour changer de sujet, appuyant de manière sarcastique sur le dernier mot.
Je soupire en me laissant tomber en arrière sur mon lit.— Il ne me donne plus de nouvelles depuis quelques jours… Je ne sais pas s’il a envie de me voir.
— Raison de plus ! Aucun être humain sur cette planète ne peut refuser un gâteau. Fais-moi confiance, la nourriture est le meilleur moyen de gagner le cœur de quelqu’un !
Je souris et descend dans la cuisine pour rassembler quelques cupcakes dans une boîte colorée. Mon père me rattrape juste avant que je ne quitte la maison.— N’hésite pas à me demander si vous avez besoin de… tu sais… de protections, me glisse-t-il à l’oreille.
Je lui donne une petite tape sur le nez en lui répétant que ce ne sera pas nécessaire et je me dépêche de fuir. En marchant jusque chez Kaï, je pense à quel point j’aime mon père. Il n’est pas souvent à la maison, mais il est toujours là lorsque j’ai besoin de lui. Je sais que si j’ai un problème, je peux l’appeler, peu importe l’heure ou l’endroit où je me trouve, il viendra me chercher sans poser de questions et s’assurera que je vais bien. Papa était très jeune lorsque je suis né, il avait à peine vingt ans. Il a toujours réussi à jongler entre ses études et son rôle de parent, chose que ma mère n’est jamais véritablement arrivée à faire, mais je ne lui en veux pas, je l’aime comme elle est. Papa a toujours été plus qu’une simple figure paternelle, c’est aussi l’un de mes meilleurs amis. Je peux parler de tout avec lui, je sais que jamais il ne me jugera.Bon bah comme j'étais de bonne humeur j'en ai posté un autre ;)
J'espère que vous aimez !
Biz,
Cam's ♡
VOUS LISEZ
Remember me
Teen FictionKaï et Ange ont huit ans, ils passent leurs journées à nager dans la lac en bas de chez eux et leurs nuits à regarder les étoiles serrés l'un contre l'autre. Kaï a dix ans lorsque son père quitte l'état, abandonnant Kaï et sa mère pour une nouvelle...