Chapitre 39

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Ange

06 juillet

Je cours vers Kaï et lui saute dans les bras.

— Putain ! je hurle. Putain, Kaï, j’ai réussi mes examens ! Avec mention !

Il me serre fort contre lui. Je lui montre mon diplôme et nous rions ensemble, à la fois fiers de nous et soulagés que tout ceci soit enfin terminé. Il y a deux semaines, nous avons passé nos examens de fin d’année. Une longue journée enfermés dans des salles de cours, avec comme seule distraction le bruit grinçant des stylos sur le papier. En sortant du lycée ce soir-là, j’étais mort de trouille. Je crois que nous l’étions tous, car ces examens sont très importants.

Finalement, tout cela est enfin terminé. L’année est terminée, les vacances commencent tout juste, le soleil brille et il flotte dans l’air une odeur de liberté.

— Le lycée est terminé ! rugit Alex en tombant à genoux, les mains vers le ciel. Enfin ! Oh, j’ai cru que ça ne se terminerait jamais !

Charlie ricane à côté de lui, ses cheveux roux coupés courts tombant sur son front. Il s’est coupé les cheveux au début du mois, car les cheveux longs ne lui convenaient plus. Il voulait une coiffure qui lui ressemblait plus. Personnellement, je trouve que c’est l’une des meilleures idées qu’il n’est jamais eu. Les cheveux courts lui vont divinement bien. 

Nous nous serrons tous dans les bras des uns et des autres, poussant des cris de joie.

— Je crois que nous méritons de nous arrêter au Café pour fêter ça ! déclare Kaï.

Il m’embrasse sur la joue et nous nous mettons tous en route, discutant de nos projets pour l’été.

***

10 juillet

Charlie et Sacha ont été pris dans la même école de cinéma. Ils ont crié si fort lorsqu’ils l’ont su que j’ai cru devenir sourd. Étant plus jeune que nous d’une année, Lya a simplement prévu de profiter de ses vacances et commencera sa dernière année de lycée en septembre. Alex va passer l’été de l’autre côté du pays, dans la famille de sa mère. Kaï reste à Bloom, il a réussi à trouver un petit boulot dans un café dans l’une des villes voisines.

Et moi, je pars demain. 

Demain, je monte seul dans ma voiture, ma valise dans le coffre, ma guitare sur le siège passager et je roule jusqu’au sud de la Californie pour retrouver Anna. Nous avons repris contact il y a quelques mois et avons décidé de nous rendre ensemble dans plusieurs festivals de musique. Alex a prévu de venir me tenir compagnie en septembre. Donc… Je passe l’été en voiture avec Anna et le reste de l’année suivante à arpenter les États-Unis avec Alex. Ça me paraît plutôt bien.

Mais Kaï va énormément me manquer.

Assis sur le canapé, il me fixe, semblant attendre une réponse.

— Pardon ? Désolé, je n’ai pas entendu la question.

Il hoche doucement la tête.

— Tu ne m’as jamais dit ce qu’il c’était passé avec ta mère.

Après mon « overdose », comme il l’appelle, je me suis réveillé à l’hôpital, des tubes et des aiguilles dans tout mon corps. Kaï était là, assis sur une chaise, à moitié endormi, semblant ne pas avoir bougé depuis bien trop longtemps. Nous avons beaucoup discuté, après cela. Mais nous n’avons pas réellement parlé de ce qui c’était passé pour que j’en arrive là.

— Oh. C’est vrai. Tu veux que je t’en parles ?

Il hausse les épaules.

— Seulement si tu te sens prêt. Mais ça pourrait m’aider à mieux te comprendre…

J’expire calmement, essayant de mettre de l’ordre dans les idées.

— Eh bien… Elle ne m’a pas dit toute la vérité.

Kaï me regarde, attentif, m’invitant à continuer.

— Elle est sortie du centre il y a déjà plusieurs mois, je reprends. Mais elle n’a pas essayé de reprendre contact avec moi. Elle a même complètement ignoré mes appels et mes messages. Ils l’avaient laissé sortir car elle allait mieux mais, comme d’habitude, elle n’a pas réussi à rester sobre très longtemps. Elle est revenue parce qu’elle avait des choses à régler avec mon père. Comme des affaires d’argent, tu vois ? 

Il hoche la tête.

— Et elle voulait m’utiliser pour faire pression sur papa. Elle sait que je l’aime beaucoup et je suppose qu’elle s’est dit que si elle gagnait ma confiance, elle pourrait avoir l’avantage sur la situation. J’étais tellement content de la voir, j’attendais ça depuis si longtemps ! Je l’imaginais souriante, en bonne santé, ravie de me retrouver… 

Je soupire longuement. Kaï pose une main sur ma cuisse en signe de réconfort.

— Mais quand elle est arrivée, elle m’a à peine regardé. J’ai essayé de lui parler mais elle n’était obsédée que par papa, elle me demandait continuellement où il était, quand est-ce qu’il rentrait… Et j’ai essayé de lui expliquer qu’il était en formation, mais elle ne m’écoutait pas et même pire, elle ne me croyait pas. Elle pensait que je mentais.

Kaï fronce les sourcils.

— Elle t’as frappé ? C’est elle qui t’a fait cette marque sur ta joue ? demande-t-il en effleurant doucement ma peau à l’endroit où il ne reste désormais plus qu’une petite tâche brune.

— Oui… 

Il entrouvre la bouche et semble sur le point de dire quelque chose, de se mettre en colère, mais son visage se détend et il soupire lourdement. Il se rapproche de moi et me serre contre son torse. Il me caresse doucement le dos.

— Je suis tellement désolé de m’être mis en colère quand je t’ai trouvé dans la salle de bain.

Je déglutit.

— Ce n’est pas grave, tu étais inquiet.

Il secoue la tête, me serrant encore plus fort.

— Ce n’est pas une raison. J’aurais dû mieux gérer la situation, je suis désolé, Ange.

Je lui frotte tendrement la tête.

— Ce… Ce n’est pas grave. Ne t’en fais pas pour ça, d’accord ?

Nous avons passé notre dernière journée ensemble à faire la cuisine (tout en ayant bien discuté de ce que Kaï voulait et pouvait manger au préalable), nous embrasser sur le canapé du salon et regarder des comédies romantiques sur Netflix. Papa souriait à chaque fois qu’il nous voyait et me faisait des clins d’oeil très peu discrets.

J’ai beaucoup discuté avec papa, aussi. En réalité, nous n’avions jamais vraiment pris le temps de parler de maman, et il s’en est énormément excusé. Il a pleuré, j’ai pleuré, nous avons pleuré longtemps mais, finalement, cette conversation s’est plutôt bien passée. Je me suis débarrassé de toutes les boîtes de médicaments que j’avais et je me suis promis de ne plus jamais y toucher. Et, si jamais je venais à ne pas réussir à tenir ma promesse, je me suis fait le serment de demander de l’aide en cas de besoin.

Kaï, papa et mes amis seront toujours là pour me soutenir.

....••••....

Heyy donc... c'est fini.
Il ne reste que l'épilogue et l'histoire de Kaï et Ange, 17 ans, sera terminée.
Wow, c'est assez fou, en fait.

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant