Chapitre 23

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Ange

All I want for Christmas is you - Mariah Carey

Le thé est brûlant dans ma gorge. Je déguste mon dernier morceau de cupcake en regardant Léandre jouer les cadeaux qu’il a eu. Kaï est assis en face de moi, les cheveux emmêlés, les yeux fatigués et la marque de son oreiller imprimée sur sa joue. Il fixe le fond de sa tasse d’un air absent. 

J’inspire doucement, plaquant la manche de mon tee-shirt contre mon nez. Je sens comme lui. Son odeur m’englobe tout entier, se mélangeant à la mienne. Lorsque je me suis réveillé ce matin, nous n’étions plus qu’un nœud de bras et de jambes. Ses mains étaient dans mon dos, ma cuisse entre les siennes, son torse contre le mien, ses doigts dans mes cheveux et mon nez enfoui dans son cou. Il sentait bon la cannelle, le sucre et le feu de cheminée. 

Nous nous sommes couchés tard et n’avons pas beaucoup dormit, ce qui explique pourquoi Kaï ressemble à un zombie. Et à un lapin. Disons qu’il ressemble à un lapin-zombie. Ses yeux de lapin-zombie se posent sur moi et il cligne difficilement des paupières.

— À quoi tu penses ? me demande-t-il, la voix pâteuse.

— Aux lapins-zombies.

Il me dévisage une seconde avant de tourner la tête en soupirant lourdement.

— T’es trop bizarre.

— Désolé.

Il sourit.

— Non, c’était un compliment. 

— Cool. Alors est-ce que tu penses que les lapins-zombies mangent aussi la cervelle des lapins sauvages où seulement celle des lapins domestiques ? 

Il boit sa dernière gorgée de thé et se lève pour aller s’affaler dans le canapé, un petit sourire flottant sur ses lèvres.

— Je retire ce que j’ai dit : t’es super chelou et ce n’est pas un compliment. Tu me fais presque peur avec tes questions.

Je pose ma tasse dans l’évier et vais m’installer sur le canapé, juste à côté de Kaï. Je lui caresse distraitement la tête avec mes doigts. Il gémit et se recroqueville le dossier, me tournant le dos.

— Moi je pense que les lapins zombies ne se posent pas de questions et mangent tous les lapins qu’ils trouvent, déclare Léandre.

Je me frotte le menton.

— Oui ça paraît logique.

— Et moi je pense que les lapins-zombies n’existent pas, grommelle Kaï, sa voix étouffée par le coussin dans lequel il a enfoui son visage.

Je souris et lui attrape les épaules pour le rapprocher de moi. Je m’allonge sur tout le canapé, tirant Kaï sur mon torse. Il râle encore mais ne se débat pas. Il s’installe confortablement et ferme les yeux tandis que je lui gratte le cuire chevelu avec mes ongles. Enfin, avec le peu d'ongles que j'ai, car la mauvaise habitude de les ronger.

— Oh, moi je pense surtout que tu es de très mauvaise humeur ce matin, mon coeur.

Il fronce les sourcils et croise les bras sur sa poitrine, les paupières toujours closes.

— Il est tout le temps de mauvaise humeur le matin, s’exclame Léandre. Et même que parfois il ne veut pas jouer avec moi parce qu’il préfère râler en prenant son petit déjeuner.

Je baisse les yeux vers Kaï, qui commence à s’endormir, la tête sur mon épaule et le nez contre ma clavicule.

— Tu es grognon, je murmure contre son oreille.

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant