Chapitre 13

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Kaï

Cigarette Daydreams - Cage The Elephant

Je suis dans le train depuis déjà quelques heures. Le paysage défile à travers la fenêtre. Mon père est assis quelques sièges plus loin, il n'a pas voulu se mettre à côté de moi. Cela me convient, je n'avais pas envie de me mettre près de lui non plus.

Nous avons passé quelques jours près de l'hôpital dans lequel maman est internée. « Ce n'était qu'une fausse alerte, elle va mieux, vous pouvez rentrer chez vous », ont dit les médecins. Papa a acquiescé et a immédiatement acheté un billet de train pour me ramener en enfer. Il n'est pas venu rendre visite à maman, pas une seule fois. Il n'a pas vu à quel point elle semblait faible, il n'a pas vu comme la couleur de ses yeux était devenue terne. Il s'est contenté de me déposer sur le parking et de revenir me chercher une heure et demie plus tard.

Il ne m'a quasiment pas dit un mot, il ne pas regardé. Il ne m'a pas pris dans ses bras comme n'importe quel autre père l'aurait fait. Il ne m'a même pas souri, l'air de dire « tout ira bien, ne t'en fais pas. »

Je ne voulais pas quitter la chambre d'hôpital, mais maman a insisté pour que je reparte. Je n'ai pas pleuré. Comme d'habitude. Je ne pleure jamais. J'ai parlé d'Ange à maman, elle a ri doucement en me disant que c'était un très beau hasard.

Je pense qu'elle a raison. Rencontrer Ange a été le plus beau des hasards, le perdre a été comme une chute brutale, le retrouver a été comme commencer à apercevoir une petite étincelle de lumière au bout du tunnel.

Les roues du train émettent un grincement aigu. Le paysage dehors ralenti, les arbres deviennent plus nets. L'engin s'arrête, nous sommes arrivés. Je descends rapidement, sans prendre le temps de vérifier si mon père me suit.

- Attends ! s'exclame-t-il.

Il me rattrape et pose sa main sur mon épaule. Je me dégage et lui lance un regard noir.

- Tu manges avec nous ce soir ?

Ce n'est pas vraiment une question, c'est un ordre.

- Non. Je mangerais dans ma chambre, comme d'habitude.


Il souffle en se pinçant l'arête du nez.

- Kaï, fais un effort. Tu es toujours fourré dehors ou enfermé dans ta chambre. Anaïs ne t'a quasiment pas vu depuis ton arrivée.

- Oh, parce que toi tu es présent peut-être ?

Je marque un point sur ce coup-là, et il le sait. Il se pince les lèvres.

- Ne fais pas l'égoïste. Je te fournis tout ce dont tu as besoin. Une maison, de la nourriture, une famille.

- Je ne veux pas de cette famille !

- Mais tu n'as pas le choix mon garçon. Désormais, c'est la seule famille qu'il te reste. Ta mère ne va pas bien Kaï, elle ne tiendra probablement pas jusqu'à ton prochain anniversaire.

Ses mots me percutent de plein fouet, me faisant l'effet d'une douche froide.

- Tu mens ! Tu ne sais pas ce que tu dis ! Elle va guérir, j'en suis sûr. Elle est forte !

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant