Chapitre 37

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Ange

Après avoir mangé beaucoup de pizza avec le groupe, je me suis éclipsé, prétextant que mon père avait soudain besoin de moi, pour une raison quelconque. J’ai promis à Kaï de le retrouver chez lui vers dix-huit heures pour manger du gâteau avec Anaïs et Léandre, puis pour que nous fassions notre soirée pyjama. En réalité, papa n’a absolument pas besoin de moi, mais j’avais besoin d’un alibi pour pouvoir me rendre chez Kaï avant lui sans qu’il ne se doute de quoique ce soit.

Anaïs m’a donné la permission d’accéder à sa chambre pour mes préparatifs. J’ai passé toute la journée d’hier à découper des étoiles dans toutes sortes de papiers colorés et de les accrocher les unes aux autres avec un fil pour créer pleins de guirlandes d’étoiles. J’ai aussi amené de la pâte à fixe avec moi, ainsi que des punaises en cas de besoin. Je préférerai ne pas en avoir besoin, histoire de ne pas perforer le mur de Kaï sans sa permission.

— L’avenir du mur de Kaï repose sur toi, pâte à fixe, je murmure en appuyant mon pouce contre le mur dans le but de faire tenir le petit morceau de pâte blanc cassé.

Et… cela semble être une véritable réussite. Il ne me faut que quelques dizaines de minutes pour fixer toutes les guirlandes, ce qui est plutôt un exploit vu le nombre de fils que j’avais à accrocher. Je pose mon cadeau au milieu de son lit. C’est un petit cadre dans lequel se trouve une photo. L’une de mes photos préférées, je dois dire. Kaï et moi sommes appuyés contre le wagon, ses cheveux bruns sont attachés en une petite queue de cheval par un élastique rose bonbon, je suis pieds-nus dans l’herbe (je me souviens que j’avais eu assez froid, mais que c’était tout de même assez drôle), me tenant près de Kaï, occupé à placer de petites fleurs dans ses cheveux. Nous sourions. Nous sommes heureux. Kaï est heureux.

Cette photo a été prise par Lya il a quelques semaines et a été postée sur l’Instagram du groupe avec en légende « notre chanteur et notre pianiste qui flirte pendant les pauses ». Nous nous étions tous retrouvés pour répéter un peu, et Kaï et moi avions profité du beau temps pour sortir un peu pendant que les autres se goinfraient de pizza. 

Le sourire de Kaï est assez brillant pour illuminer toute la photo. Je suis heureux que cette image ait été publiée sur Instagram car, lorsque les gens penseront à Kaï et moi, ce sera probablement la vision qu’ils auront de nous. Je trouve ça beau. Kaï, moi, le soleil, la fin de l’hiver, les premières fleurs, des câlins, des sourires, le bonheur. C’est tout simplement parfait. 
Alors, bien sûr, ce n’est pas un cadeau d’anniversaire particulièrement utile ou particulièrement cher. Mais il est symbolique. Il a une valeur sentimentale. Je pense que Kaï le trouvera parfait. Je souris en contemplant mon œuvre. Des dizaines de guirlandes d’étoiles en papiers occupent l’espace au-dessus de son lit et les murs aux alentours. Il ne me reste plus qu’à emprunter un morceau de papier et un stylo sur le bureau de Kaï et à écrire une petite phrase tout aussi symbolique. Je plie le morceau de papier en deux et le pose sur le cadre photo.

Voilà. Tout est prêt.

***

Le gâteau est vraiment très bon. C’est une gâteau au chocolat constitué de trois couches : une première couche de crème au chocolat blanc, une seconde couche de crème au chocolat au lait et un biscuit au chocolat noir. On pourrait croire que ce serait écoeurant, mais non. Ce gâteau est bien équilibré, et chocolaté comme il faut. De toute façon, il n’y a jamais trop de chocolat, n’est-ce pas ? 

Nous mangeons en rigolant, Léandre nous raconte comment se passe l’école et nous parle de ses copains avec lesquels il joue aux « vers de terre » pendant la récréation (oui, cet enfant joue littéralement à être un vers de terre pendant toutes les récréations), Anaïs nous parle un peu de son travail et nous discutons du groupe et de ce que nous voulons faire après nos études.

Remember meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant