lvi| Good Omens : Non-existant (ii)

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NDA : Here's part two !

PARTIE 02

« Qu'est-ce que tu racontes, l'angelot ? Ce genre de choses n'est pas censé exister. » De nouveau affalé dans le canapé de son ami, Rampa écoutait l'ange déblatérer sur la possible nature de la pianiste.

Aziraphale faisait les cents pas, un livre ouvert en mains. « C'est bien pour ça qu'on les nomme des non-existants ! » Il vérifia que personne n'entrait dans la boutique avant de revenir vers les canapés. « On ignore quand ils sont apparus, mais ils existent bel et bien. Pour peu qu'on ait la chance d'en croiser un. » Rampa reprit une gorgée de whisky. « D'accord, d'accord. Supposons qu'elle soit une non-existant – et que ces êtres existent – qu'est-ce que ça change ? » L'ange, qui s'était assis quelques secondes, se remit à faire les cents pas. « Ce que ça change ? Oh ! Mais ça change tout ! » Il fila chercher un livre dans sa réserve personnelle et revint l'ouvrir sur son bureau. « Qu'est-ce que c'est ? Un autre livre de prophéties ? » Le plus grand se leva pour s'approcher. « Par l'Enfer, dis-moi qu'on en a fini avec Agnès Barge. » Mais Aziraphale ne l'écoutait pas. Il parcourait les pages de son ouvrage avec avidité. « C'est le livre qu'elle est venue chercher. Je lui ai dit que je ne l'avais pas mais... » Rampa le coupa, incrédule. « Tu lui as menti ? Bon sang, faut que t'arrêtes de traîner avec moi. » Le pauvre ange lança un regard désemparé à son ami. « Je sais, je sais... mais je ne pouvais pas le lui donner ! Imagine ce qu'elle aurait pu faire avec ! » Le démon fronça les sourcils. « Beh quoi ? Qu'est-ce qu'il a, ce bouquin ? » Il jeta un œil par-dessus l'épaule de son ami. Et ce qu'il vit...

« Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? » ... Ce qu'il vit le déconcerta au plus haut point. « Je sais. »

Il n'y avait rien. Le livre, dans son entièreté, était vide.

*

Esquivant de peu un cycliste furieux, la jeune femme s'avança dans la rue qui menait à la librairie.

Elle savait qu'y retourner était une mauvaise idée mais elle n'avait pas le choix. Cet homme possédait l'ouvrage dont elle avait besoin, et elle était bien décidé à l'obtenir.

Grimpant rapidement les marches du perron, elle poussa la porte et pénétra la boutique. La clochette sonna joyeusement son arrivée.

Rapidement, la voix du propriétaire se fit entendre. « Je regrette mais nous sommes exceptionnellement fermés. » La pianiste prit une inspiration avant de parler. Il était encore temps de faire demi-tour. « Navrée de vous déranger. Nous devions nous revoir. » Rapide comme une flèche, l'homme passa la tête derrière une étagère. « Vous ? Oh loués soient les cieux, vous êtes revenue ! » Il lui adressa un sourire chaleureux et l'invita à s'enfoncer dans la boutique. « J'avais peur que vous n'ayez pris la fuite. Ce qui aurait été tout à fait compréhensible, croyez-moi. » Anxieuse, la pauvre tenta un sourire – échec cuisant.

Aziraphale la fit asseoir sur l'un des canapés – celui-là même qui accueillait son ami démoniaque en temps normal. Il ne perdit pas une seconde et fila dans sa réserve chercher le livre dont il était question. Parce qu'il le savait, la pianiste n'était là que pour ça.

L'exemplaire délicatement placé sur la table, l'angelot patienta. Qu'est-ce qu'il attendait ? Il ne le savait pas exactement. Une réaction de la part de la jeune femme ? Un miracle que le livre révèle son contenu ? Il fallait que quelque chose se produise.

Il avait entretenu tellement d'espoirs autour de ce livre, pendant des siècles, qu'il sentit ses sourcils se froncer d'incompréhension lorsque rien ne se passa. « Je ne comprends pas... »

La pianiste gardait son attention sur le vieux carnet. Son vis-à-vis l'avait gardé en excellent état, depuis qu'elle-même l'avait perdu trois siècles auparavant. « Il n'y a rien à comprendre. » Sa confusion ne cessant d'augmenter, l'angelot observa le florilège d'émotions qui régnait dans le regard de son vis-à-vis. Il y voyait de l'amour. Un amour infini pour cet ouvrage qui était le sien. Il y voyait aussi une légère honte qu'il n'aurait su expliquer. Et il y avait également une tristesse sans bornes.

La jeune femme semblait en proie à divers débats intérieurs qu'il ne saisissait pas. Et il choisit de la laisser s'entretenir avec ses réflexions le temps de préparer du thé.

Il s'éclipsa donc en silence et s'attela à la préparation de son breuvage, la tête débordante de question. Qui était réellement cette pianiste ? Que contenait le livre ? Pourquoi venait-elle le chercher maintenant ? Et pourquoi sentait-il en elle autant de conflits ?

De toutes les rencontres qu'il eut pu faire, Aziraphale n'eut jamais rencontré telle personne. Une âme ne contenait jamais autant de détresse à l'idée de prendre une décision.

Son histoire m'intrigue... Versant du thé dans deux tasses, l'angelot revint vers la boutique principale.

La pianiste n'avait pas bougé d'un pouce. Son regard toujours accroché au livre, elle le feuilletait tranquillement. Elle semblait y voir quelque chose qu'Aziraphale était incapable de distinguer.

« Un peu de thé ? » Sa voix surprit la jeune femme qui sursauta légèrement avant d'observer le propriétaire s'avancer vers les canapés. « Si vous insistez. » Elle accepta la tasse et huma son odeur, le fantôme d'un sourire aux lèvres. Doucement, elle trempa ses lèvres dans le breuvage et vint poser la tasse sur la table. « Vous devez avoir beaucoup de questions. »

Surpris de ce changement de conversation soudain – non pas qu'il y eut quelconque conversation pour commencer – Aziraphale leva un sourcil curieux. « Je dois bien vous avouer que oui, en effet. Mais je ne voudrais pas vous brusquer. » La pianiste hocha la tête. Elle lui était reconnaissante de posséder une telle patience. « Avant que vous ne puissiez les poser, je veux m'assurer de pouvoir vous faire confiance. Mon secret n'est pas de ceux avec lesquels on peut se permettre l'erreur. »

L'angelot, de plus en plus confus, hocha doucement la tête. « Mademoiselle, je ne suis pas de ces gens qui mentent aussi aisément qu'ils respirent. Je vous assure... » Mais il n'eut jamais l'occasion de finir sa phrase, quelqu'un entra en fracas dans la boutique. « Aziraphale, on a un problème ! »

Les deux compagnons froncèrent les sourcils à cette voix familière. Il n'existait qu'une personne pour pénétrer ainsi dans la boutique sans faire attention à la pancarte « Fermé » à l'entrée.

L'angelot quitta la compagnie de la pianiste pour rejoindre son ami dans le vestibule, chuchotant vivement avec ce dernier.

La jeune femme n'entendit pas l'entièreté dans la conversation. Mais il lui sembla que les chuchotements s'approchaient dangereusement du canapé sur lequel elle était installée.

« ... et je suis sûr que ton histoire de non-existant a un lien avec ça ! » Arrivé au bout de sa tirade, Rampa se trouvait désormais à la vue de la pianiste. Tous deux s'analysèrent, se demandant qui des deux parlerait le premier.

Ce fut Aziraphale qui se chargea de briser le silence.

Il sourit doucement à son vis-à-vis, comme pour se pardonner de la tournure des événements, et s'avança vers elle. « Ma chère, je regrette que nous ne puissions prendre le temps de tout expliquer dans les détails, mais il faut que vous me donniez la véritable raison de votre intérêt pour cet ouvrage. » La jeune femme baissa les yeux sur le livre en question, silencieuse. « Oh je t'en prie, l'angelot ! Le fait qu'elle connaisse l'existence de ce foutu bouquin prouve qu'elle en est une ! » Le démon s'avança à son tour vers la table et se saisit du livre. « Dis-nous ce que tu veux en faire. » Son aura dangereuse envahissait désormais la pièce, et la pianiste sentait ses sens s'engourdir. Il était puissant, mais elle n'avait pas peur de lui.

Silencieuse, elle se leva. Ses yeux ne quittaient jamais le vieux grimoire du regard. Sa priorité ne bougeait pas. Doucement, implacablement, elle annonça : « Je veux le détruire. »

Aziraphale ne fut jamais aussi dévasté de sa vie.



Soul | one shotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant