Soul | one shot

xviii| Baekjin Nah : Un amour de bibliothèque

Ça avait commencé avec une simple question. Et un léger sourire.

Baekjin avait pris l'habitude d'étudier à la bibliothèque de son quartier. L'endroit était souvent calme et inoccupé. Mais, lorsqu'un mardi où il pleuvait averse, tous les étudiants s'étaient décidés à s'installer dans la petite bibliothèque, le collégien s'était retrouvé sans place. Il avait bien fait le tour deux fois avant de poser ses yeux sur elle.

Ce qu'il aimait par-dessus tout dans cette bibliothèque, c'est qu'elle disposait de pièces séparées des autres pour permettre à des groupes de travailler sans déranger les autres, ou de profiter d'une bulle de confort sans gêneurs.

Et elle était dans l'une de ses petites pièces vitrées, seule.

Vérifiant une dernière fois qu'il n'y avait aucune place disponible, Baekjin s'était décidé à interroger la jeune fille. Il était alors allé jusqu'à sa petite bulle de silence et avait ouvert la porte.

Concentrée sur sa tâche, elle ne l'entendit pas. Elle tapait frénétiquement sur son ordinateur, vérifiant des notes prises à côté. Baekjin s'éclaircit la gorge ; « Excuse-moi ? » Surprise, la jeune fille leva les yeux. Elle l'interrogea du regard. Le blond reprit : « Je peux m'asseoir ici ? Il n'y a plus de place nulle part. » Fronçant les sourcils, elle regarda par la vitre à sa gauche et constata pour la première fois que la bibliothèque était remplie. Légèrement surprise, elle parla d'une voix claire : « Oui, oui. Je n'avais pas vu que c'était blindé. » Reconnaissant, Baekjin s'assit face à son vis-à-vis et se mit à sortir ses affaires pour travailler. La jeune fille se remit au travail sans un mot.

Quelques semaines plus tard, Baekjin se retrouvait de nouveau sans place. À croire que dès qu'il pleuvait, tous les étudiants se réunissaient ici. Détrempé, il refit le tour de la bibliothèque et se prépara mentalement à devoir rentrer chez lui plus tôt que prévu. Mais une voix étrangement familière l'interpella ; « Tu peux venir avec moi s'il n'y a pas de place. » Le pauvre fit volte-face pour tomber nez à nez avec la jeune fille. Elle était également trempée jusqu'aux os - signe qu'elle venait d'arriver - et un hématome soulignait son œil droit. Baekjin fronça les sourcils. « Mais il n'y a plus de place. » La jeune fille ne fit que sourire et dépasser son vis-à-vis pour s'enfoncer entre les tables. Elle s'approcha des boxes et toqua à la porte de l'une d'entre elles. Le blond murmura : « Qu'est-ce que tu fais ? Il y a des adultes ici. » Il ne comprenait pas ce qu'elle essayait de faire mais elle ne lui répondit à aucun moment. L'un des adultes présents dans la pièce alla ouvrir et accueillit sa cadette avec un sourire. « Ah (prénom) ! T'es vachement en retard aujourd'hui. » La jeune fille haussa simplement les épaules. « Le prof de Maths voulait me parler. Et c'est une vraie pipelette quand il s'y met. Vous pouvez nous laisser la salle ? » L'adulte hocha la tête sans hésiter et interpella ses collègues.

En quelques minutes, la petite salle était libre, et Baekjin put se mettre à travailler.

Néanmoins, un détail le chiffonnait. « Ces adultes te gardaient la salle ? » Détaillant son vis-à-vis, il s'attarda sur son œil droit. Les traces violines semblaient récentes, d'un jour ou deux peut-être. La jeune fille sourit. « Oui. Ils savent que je viens ici tous les soirs alors ils ont commencé à me garder une place pour m'éviter de rester dans la rue jusqu'à la débauche de mes parents. » Le blond hocha la tête. En un sens, ces adultes la protégeaient. Qui sait ce qui pourrait arriver si elle devait errer dans la rue toute seule pendant des heures ?

« Et l'œil au beurre noir ? Quelqu'un t'a frappée ? » Sans le vouloir ni le comprendre, Baekjin se montrait protecteur. Il ne connaissait cette fille que depuis trois semaines et il avait l'irrépressible envie de la protéger du monde extérieur. Et il ignorait son prénom !