- Ils me manquent -

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PDV - Nawa

Je tourne et re tourne sur mon tapis dans l'espoir de trouver le sommeil, ce que je fais depuis une bonne heure. Peut-être même deux. A vrai dire, j'ai complètement perdu la notion du temps depuis pas mal de jours, donc ce n'est pas le manque de sommeil qui va me faire retrouver cette dernière. Voyant que je m'acharne sans relâche et sans résultat sur mon pauvre corps demandant juste une chose qui est de se reposer, je me lève en prenant garde à ne pas faire de bruit de façon à ne pas réveiller Nàri et me dirige vers la sortie. Quand je suis dehors, une bouffée d'air frais fait irruption sur mon visage et dans mon nez, puis je prends une grande inspiration avant de m'avancer dans cette partie du monde que je n'ai pas eu l'occasion de découvrir davantage. Je passe devant les maruis endormis et parcourt le village silencieux et déserté de tout monde. La nuit noire est éclairée par une seule et unique source de lumière qui est notre Lune. L'île est bien différente de celle sur laquelle j'ai passé mon enfance ; elle est en arc de cercle dont les extrémités passent sur le devant du village pour se rejoindre comme une sorte de conne, sans pour autant se toucher. Je pars m'assoir sur un rocher qui forme une avancée par-dessus l'eau. Je me mets en tailleur puis je ferme les yeux avant qu'une vague de questionnement vienne envahir ma conscience.

Et si ce que ces gens disaient, c'était vrai ?

Et si j'étais vraiment la fille d'Eywa ?

Pourquoi ai-je réussi à les guérir ?

Pourquoi m'avoir choisie moi ?

M'a-t-on réellement choisie ?

Est-ce une malédiction qui me sera nocive ?

Je me torture l'esprit de questions à un tel point qu'un mal de tête violent vient frapper ma boite crânienne. J'appuie mon index ainsi que mon majeur sur ma tempe dans l'espoir de calmer cette horrible douleur qui s'est emparé de moi, mais en vain. Je lâche un grognement avant de m'étendre sur le sol dur de la plate-forme sur laquelle je me trouve.

Je laisse couler une larme en repensant à Neteyam, qui doit certainement être en train de réfléchir à la meilleure façon de me tuer dès qu'il me reverra à l'heure qu'il est. Ou peut-être qu'il s'en fout juste. Je lâche un deuxième sanglot à cette pensée. Je l'aime tellement. J'aimerais qu'il soit là, qu'il me redresse et qu'il essuie mes larmes en même temps de me dire des paroles réconfortantes. J'aimerais pouvoir poser mes lèvres sur les siennes, pouvoir lui témoigner de tout l'amour que mon corps et que ma conscience ressent envers lui. A cet instant, il m'a peut-être déjà oubliée. Peut-être même est-il avec une autre fille. Je me relève soudainement, en colère contre mon propre être pour avoir osé penser une chose pareille de lui. Il n'en est pas capable, si ?

Subitement, mon corps lâche. Je m'écroule sur la pierre sans même pouvoir contrôler mon corps. Mon mal de tête s'amplifie, et des nausées apparaissent. Je vois flou et j'ai du mal à déterminer si c'est à cause des larmes qui affluent de mes lacrymaux ou si c'est simplement la douleur qui s'empare de moi petit à petit. Mon corps commence à avoir des tremblements que je ne peux stopper. Mon épaule me fait souffrir à cause de la chute malgré tout brutale et inattendue que je viens de vivre mais je m'en fiche royalement tellement j'ai mal.

- Neteyam, come and get me please... I need you, murmurais-je, la boule au ventre après avoir prononcé son prénom.

Parler en anglais me donne l'impression d'être encore proche de lui, en prenant en compte que c'est lui seul qui m'a tout apprit. Une rage immense éclate en moi ; J'ai dû le quitter, à cause de ces humains. De ces démons. J'ai dû le quitter pour le sauver. Pour les sauver. Des larmes de rage parcourent ma joue. 

Dans tes yeux, Neteyam | Neteyam x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant