Chapitre 26

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Griverfall, Ontario

Vendredi 23 juin

[Lylith]

Icarys sur les talons, je foule le sol du corridor de la maison de mes parents. Je lance une oeillade par-dessus mon épaule et découvre que mon mari ralentit le pas, observant les cadres accrochés au mur.

Des portraits de famille.

— Elle est mignonne, hein ? commente ma mère en sortant de la cuisine pour nous accueillir.

Il ne répond pas et se contente de me jeter une œillade. Faussement outrée, je pose mes poings sur mes hanches.

— Je ne le suis pas ?

— Si.

Un gloussement me fait tourner la tête. Selena vient d'apparaître aux côtés de maman.

Elle semble moins fermée que ces derniers temps. Je suis contente de la voir comme ça.

Elle a presque l'air impatiente. C'est cette soirée en l'honneur de mon anniversaire qui l'enthousiasme comme ça ?

Je plisse les yeux, méfiante.

— Quoi ? m'envoie-t-elle.

— Tu es bizarre... Qu'est-ce que tu me réserves comme cadeau ?

Elle lâche un rire.

— Rien de suspect, ne t'en fais pas.

Elle me lance un clin d'œil avant de s'engouffrer dans la cuisine et sortir de mon champ de vision.

— Allez dans le salon, ton père vous y attend avec Kurt.

Nous nous exécutons et les rejoignons. Ils nous saluent avec un grand sourire aux lèvres et mon paternel nous propose de nous asseoir.

J'adore ces moments en famille, c'est une tradition : pour chaque anniversaire, nous venons manger ici. Le mien tombait en milieu de semaine cette année, c'était plus facile d'organiser notre traditionnel dîner ce vendredi soir en raison du travail de chacun.

Mon père interroge d'abord Icarys sur son boulot de bûcheron avant de dévier la conversation sur mon entraînement. J'ai passé les deux derniers jours à m'exercer avec Katelyn sur des cibles mouvantes. Comme je l'avais prédit, cette partie est bien plus laborieuse, mais je trouve que je ne me débrouille pas trop mal.

Être fier de soi-même, voilà le principal !

Ma mère et ma sœur nous rejoignent avec des apéritifs. Nous parlons de tout et de rien, nous rions aux différentes anecdotes des uns, des autres. Je profite de cet instant de simplicité en décidant d'occulter totalement les événements récents.

Le repas se déroule dans la même ambiance. Icarys tente même de faire de l'humour, ce qui amuse tout le monde. Je n'ose pas préciser à voix haute que notre hilarité découle davantage de sa tentative que de sa blague en elle-même.

Il est déjà presque neuf heures du soir quand nous débarrassons. Je porte les assiettes dans la cuisine et les tends à mon père pour qu'il les aligne dans le lave-vaisselle.

— C'est ta soirée, tu n'es pas obligée d'aider, dit-il.

— Tu sais bien que je n'aime pas regarder les autres s'activer sans rien faire.

Il me sourit. Une fois sa tâche terminée, il se redresse et me dévisage intensément.

— Quoi ? J'ai encore de la sauce tomate autour de la bouche ?

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