Chapitre 45 - Harper

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Au milieu de la nuit, je me réveille dans mon lit.

Cependant, je ne me souviens pas de m'être endormie ici, je pensais ne pas avoir quitté le canapé.

Tyler m'aurait-il emmené dans mon lit ?

À présent, ma crise est totalement passée, je me sens enfin mieux, j'ai enfin l'impression de pouvoir respirer librement.

Après une crise si sévère, les douleurs quotidiennes paraissent si légères que j'ai l'impression d'enfin vivre normalement bien que je sais que ça n'arrivera jamais.

La fibromyalgie est une maladie omniprésente, elle ne disparaît jamais complètement sauf en étant shootée aux anti-douleurs, ce que je refuse de faire, les réservant seulement aux crises.

Je quitte finalement mon lit pour boire un verre d'eau quand j'aperçois Tyler, encore réveillé, dans le canapé.

— Tu ne devrais pas dormir ? m'inquiété-je en jettant un oeil à l'horloge affichant déjà trois heure du matin.

Il hausse les épaules.

— J'étais inquiet que ça recommence.

Je souris, sincèrement touchée par ses mots.

— C'est passé, ne t'en fais pas. Tu peux aller dormir, maintenant.

— Ouais, j-je vais y aller.

Il se lève alors et se dirige vers les escaliers avant de s'arrêter devant ceux-ci.

— Au fait, on devrait arrêter de faire comme si on se plaisait pas.

Je fronce les sourcils, refusant de lui montrer qu'il a très bien visé.

Je n'ai pas le droit de dire qu'il me plaît, ce serait une erreur, ce serait égoïste.

— Désolée, mais je ne vois pas de quoi tu parles.

— Tu le sais très bien, Harper, insiste-t-il. On a couché ensemble à Vegas. Tu as beau dire que tu veux oublier ça, moi je ne l'ai pas oublié. En fait, je ne pense qu'à ça.

— On était bourrés, ça ne valait rien. T'es sexy pour un coup d'un soir alcoolisé, mais ça s'arrête là.

Menteuse.

C'est loin de s'arrêter là. Certes, j'ai couché avec lui sous l'alcool et je le regrette amèrement. Mais malgré tout, je sais que ce que je regrette le plus, c'est de n'avoir aucun souvenir de cette nuit.

Il n'est pas seulement sexy pour un coup d'un soir alcoolisé. Il est sexy à tous moments de la journée, pour n'importe quelle occasion.

Et je rêve de coucher avec lui chaque seconde de ma vie.

Malheureusement, je n'en ai pas le droit.

À la place, je le protège en le repoussant malgré ses nombreuses avances.

— Si tu as envie de te mentir à toi-même, commence-t-il, amuse-toi. Mais ne me mens pas. Je sais que tu ressens la même chose que moi. Je sais que, malgré ta fatigue, tu rêves que je te baise sur ce canapé.

Oui, oui, et oui.

Déjà, je sens mes joues s'échauffer.

Je dois fuir, et vite.

Sinon, je vais lui céder.

Je n'ai pas le droit de faire ça.

Je ne mérite pas ses sentiments, je ne mérite que sa haine.

— Tu te fais des films, bite sur pattes. Je ne ressens rien pour toi, et toi non plus. Tu as envie de coucher avec moi parce que tu es en manque, rien de plus.

— Très bien, si tu préfères que je fasse semblant de te détester, je le ferais. Ce sera peut-être plus simple pour tout le monde. Foutue sorcière, crache-t-il.

— Ouais, ce serait plus simple, tu as raison, acquiescé-je alors que je n'en pense pas un mot.

Je me dirige à la cuisine et me sers un verre d'eau que j'avale sans reprendre mon souffle.

J'aimerais tellement que les choses soient plus simples.

J'aimerais tellement pouvoir l'aimer sans retenue.

J'aimerais tellement modifier le passé pour ne jamais faire l'erreur de creer ce scandale bien que je sache que sans ça, nous n'aurions jamais eu cette relation.

Et finalement, je me demande si je le regrette réellement.

Et finalement, je me dis que si je n'avais pas fiat ça, en serions-nous ici aujourd'hui ? Serions-nous seulement des collègues ne s'appréciant pas ? Serions-nous au contraire tombés amoureux malgré tout ?

Se poser des questions est inutile, je le sais. Ce n'est pas comme si, à terme, cela changerait quelque chose.

Parce que malgré mes regrets, ce qui est fait est fait et je n'ai aucune façon de le modifier.

Je peux me détester, je peux le repousser, mais rien ne changera le fait que j'ai tenté de détruire sa vie par pur égoïsme.

Je ne peux plus vivre avec ce foutu mensonge.

Je dois lui dire.

Quitte à perdre la semi-relation que nous entretenons.

Quitte à perdre ma carrière.

Quitte à tout perdre.

J'ai besoin de lui dire.

Et plus que ça : il a le droit de savoir.

Il a le droit de le savoir avant que ses sentiments se transforment en amour.

Il ne mérite pas d'aimer une personne comme moi.

Une connasse agissant seulement pour son propre cul, se fichant des conséquences de ses actions.

Je dois lui dire pour qu'il ait le droit d'aimer une femme qui le mérite plus que moi.

Peu importe s'il me déteste, je ne peux plus lui cacher ça.

Je n'ai pas le droit de rendre une partie de sa vie privée publique et d'agir comme si je n'y étais pour rien.

Comment ai-je pu osé, par le passé, lui repprocher que nous devons faire semblant d'être ensemble à cause de lui ? Bien qu'il ait embrassé cette femme, il en avait le droit. Moi, en revanche, je n'avais aucun droit de le filmer et encore moins de publier la vidéo sur Internet.

Je dois lui dire.

Au plus vite.

Même s'il me détestera.

Et s'il décide de révéler à la presse ce que j'ai fait, je l'acceptera.

Je mérite la haine du monde entier.

Surtout, je mérite sa haine, ainsi que celles de Tom et de Victoria.

J'ai tenté de le détruire, mettant en danger l'adaptation de Tom du roman de Victoria.

En agissant comme je l'ai fait, je n'ai pas seulement mis Tyler en danger.

J'ai aussi mis Tom et Victoria dans la merde.

Comment feraient-ils si, à cause de moi, le film ne fonctionnait pas ? Comment feraient-ils si, certains demandent à ne plus faire partie de cette avanture à cause de moi ?

Mes agissements ont de telles conséquences que je n'arrive même pas à les imaginer, et cela me rend d'autant plus coupable.

Je me déteste.

Et même si j'aimerais tout arranger, je sais que c'est impossible.

Et même si je mérite sa haine, j'espère que Tyler me pardonnera.

Parce que je ne sais plus vivre sans lui à mes côtés, quoi que j'en dise.

Scandal [ANCIENNE ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant