Chosen Last

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Août 2014.

 Penchée sur ses croquis, de la musique dans les oreilles, Marinette essayait de ne pas penser à l'angoisse de la rentrée qui se profilait, même si c'était toujours présent à son esprit.

But I still laugh until I cry... Group photos but I'm standing off to the side...

 L'adolescente grimaça. Ce n'était pas tout à fait exact, parfois elle était au centre, mais toujours décalée...

Parce que si Chloé faisait de sa vie un enfer depuis le CM2, la bleutée n'avait pas vraiment la force de devenir centrale dans les groupes où on l'incluait parfois, et...

 I've been chosen last, since the kindergarten, walk in the grass and it's disregarded...

 Elle grimaça. Oui, effectivement. Elle était choisie en dernier, parce qu'elle ne savait pas se révéler assez pour devenir proche des autres, et parce que Chloé faisait tout pour la rendre méprisable aux yeux de ceux qui ne pensaient rien d'elle. Même ses « amies » étaient plus des filles révoltées par l'attitude de la blonde que de vraies proches.

 Faisant voleter son crayon entre ses doigts, la jeune fille hésita une seconde à changer la musique mais... Même si la mélodie lui rappelait ses difficultés, elle lui murmurait aussi que la solitude n'était pas absolue, et ça faisait du bien, quelque part. Comme du désinfectant sur une plaie ouverte, piquant sur le moment, bon sur le long terme.

Carpool everywhere but there's never room for me to go to... Ride my bike like all of us used to do. Oh, I don't have a clue, why I'm at the birthday parties, when I'm not close to anybody...?

 Marinette laissa échapper un petit sourire en se rappelant de l'anniversaire de Rose, l'année dernière, quand on lui avait donné le rôle de maître du jeu au loup-garou. Elle n'était encore vraiment proche de personne, mais pour la première fois, elle s'était sentie réellement incluse dans le jeu.

Et avant ça, les questions et les doutes formulés par la chanteuse étaient son quotidien. La bleutée se demandait souvent pourquoi il n'y avait jamais vraiment de place pour elle, mais elle avait fini par renoncer à comprendre. Elle vivait avec, en fuyant autant que possible les situations où sa solitude était évidente.

 I don't speak my mind, I just sit and listen...

 L'apprentie styliste jeta un regard à son téléphone, étonnée qu'une autre voix puisse aussi bien souligner la raison pour laquelle elle ne s'exprimait pas. Si elle formulait des idées, ou des opinions, elle risquait de tomber en désaccord avec quelqu'un et d'être encore plus rejetée.

 Alors elle se contentait d'écouter, cachée derrière les mèches échappées de son chignon, qu'elle avait d'ailleurs décidé de transformer en deux couettes, comme Socqueline.

 Socqueline, la personne qui s'approchait le plus d'une amie, celle qui la défendait activement, et qui partait au lycée à présent... Sans elle, ça allait être encore pire...

 Avec un soupir, Marinette saisît son téléphone et grimpa sur la terrasse. De là-haut c'était plus facile, elle pouvait voir le monde et respirer plus simplement.

« Je sais pas comment je vais faire sans toi... » écrivit-elle à sa protectrice, avant de recevoir, à peine dix secondes plus tard, une réponse qui la fît sourire sincèrement, enfin.


 « Tu vas y arriver, ma grande, t'es une véritable héroïne, ils s'en rendront compte un jour ! »

Les sourires sincères comme celui-là étaient encore rares chez Marinette. Mais entre la chanson réconfortante et les encouragements de son amie, elle ne pouvait s'empêcher de sentir une petite lueur d'espoir se rallumer en elle. Peut-être que ça pourrait changer, un jour ?

 Alors qu'elle fredonnait le refrain qu'elle commençait à connaître, la bleutée regarda le ciel, et murmura son vœu : pouvoir enfin exister et être importante.

Sometimes I would rather stay home, than show up to be ignored and alone...

 Dans les dernières notes, la jeune fille hocha la tête. Oui, parfois, souvent même, elle aurait préféré rester chez elle que d'être ignorée ainsi. Mais elle ne pouvait pas...

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 659 Mots.

Toujours la joie et la bonne humeur. Septembre ça va être le mois de la mignonnerie, parce que même moi je vais avoir besoin de trucs choupins pour me remettre de la torture que je mets... Partout.

RIP Marinette. C'est pas très loin d'être canon, en plus. Courage à tous ceux qui vivent une situation comme ça, je sais que y en a pas mal. Le truc c'est de faire du bruit. Même si vous n'avez pas confiance en vous, faites semblant. Souriez. Parlez plus fort. Parlez avec les mains et avec des grands gestes. Forcez-vous à lever la main en cours... Ca se guérit d'être indéfiniment la personne choisie en dernier, si ce rôle vous dérange.

Oh, le coup du désinfectant. C'est une métaphore que j'ai inventée en décembre, pour qualifier "Dear John" de Taylor Swift, qui s'applique également à "vampire" d'Olivia Rodrigo et "Permanently bruised" de Khloe Rose (je saurais pas trop comment les écrire.. Enfin je sais que je peux pas écrire Dear John déjà, ça règle le problème).

Bref, c'est une idée que j'utilise assez régulièrement. Vous en avez des comme ça, vous ?

A part ça, j'espère que l'OS vous a plu, que ce n'était pas trop déprimant quand même,

Dites-moi tout,

Bises,

Jeanne

(29/08/2023, 20h48)

OS MiraculousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant