Heaven (OS Musical)

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 Bonjour, bienvenue dans l'OS. Deux-trois précisions, quand même, parce que... J'ai encore besoin de mettre un TW.

 TW : évocation d'homophobie, d'homophobie intériorisée et légère évocation d'auto-mutilation. Je ne veux pas vous faire de mal, donc ne lisez pas si c'est trigger.

 Pour ceux qui comptent lire quand même, ça se passe l'année avant la série. Bonne lecture et rendez-vous dans les comms !

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Marc fixait le vide devant lui avec des larmes dans les yeux, écoutant à-demi la musique qui sortait de son téléphone.

The truth runs wild, like a tear down a cheek...

Il savait depuis longtemps qu'il n'était pas comme les autres, depuis le CE2 peut-être. Depuis que les autres faisaient des plaisanteries sur les filles qui avaient des amis garçons, ou l'inverse, disant qu'elles étaient amoureuse, ne croyant pas à l'amitié.

Lui savait que ça n'avait aucun sens, parce qu'il sentait au fond de lui-même que son amour serait différent de ce qu'on attendait.

Tryna replace the love that I fake with what we both need...

Et maintenant qu'ils arrivaient en fin de cinquième, c'était encore pire. Il savait maintenant en quoi il était différent. Il aimait les garçons. Et quand les conversations déraillaient, de temps à autres, sur le sujet de l'amour, il se retirait. Il avait fini par s'inventer un amour pour une fille, faisant semblant pour correspondre.

Alors oui, il avait bien un crush, sur un garçon à qui il n'avait jamais parlé, un joli roux de l'autre classe de cinquième. Sauf que c'était indicible alors il faisait semblant, en décalant ses sentiments sur une de ses amies du groupe d'étude, dont il était très proche. Ils avaient besoin de cette entraide l'un et l'autre alors ça passait au collège.

And numb what I see. Awake, wide-eyed, I'm screaming at me...

Le brun déglutît. Pour l'instant il faisait jour et il n'arrivait simplement pas à se concentrer, mais ce vers ramenait toutes les nuits d'insomnie où il aurait voulu mourir plutôt que vivre cette vie de difficultés et de doutes.

Without losing a piece of me, how do I get to heaven ?

Les larmes commencèrent à couler toutes seules sur ses joues. Quand il avait grandi, on lui avait donné une image très conservatrice de l'amour, une image qui le rejetait hors du monde, une image qui l'empêchait d'être honnête avec ses parents.

Mais comment aimer pouvait-il être mal ? Comment l'amour qu'on racontait si grand pouvait-il engager un tel paradoxe ? L'amour, c'était de l'amour, non ? Et pourquoi un amour différent donnait-il le droit aux autres de le haïr ? La haine ne restait-elle pas de la haine, quelle qu'en soit la cause ?

C'était stupide, et sans fin. Il se perdait dans ses réflexions sans réponses et finissait trop souvent par se blesser. Et il ne pouvait pas retenir la douleur dont il ne pouvait parler à personne.

Il savait qu'il n'était pas seul, mais ça ne l'empêchait pas de se sentir comme un monstre.

Ça tournait dans sa tête en permanence, mais il ne voulait pas le dire. Ses parents réagiraient sans doute mal, et il ne voulait pas envisager ce qu'il se passerait dans ce cas.

Trying to set straight the line that I trace, to find some release...

Un pâle sourire vînt éclairer son visage. Pour s'échapper, lui aussi avait trouvé un art. Il racontait des histoires, il écrivait sans relâche, pour oublier ce monde infernal il en créait des plus beaux. Sa plume était la clé du rêve, la seule chose pour laquelle il était en vie, et même s'il ne la partageait pas, elle brillait en lui comme un clair de Lune.

Dessiner, écrire ou chanter pour se révéler tout en essayant de colorier dans les lignes des attentes. Le monde était définitivement bien compliqué.

Mais il voulait pouvoir être aimé pour qui il était sans avoir à ce perdre ou à tricher dans le mensonge.

Du bout des doigts, il tapotait son bureau. La chanson l'avait encore plus déconcentré que le silence ne le faisait, mais il n'en avait rien à faire. Tant pis pour ceux qui l'enfermaient dans une identité artificielle.

Oh... So if I'm losing a piece of me, maybe I don't want heaven ?

Marc, les yeux toujours perdus dans ses mondes imaginaires, hocha la tête. Non, il le sentait depuis longtemps mais il en était sûr maintenant, il ne voulait pas d'un monde qui ne l'acceptait pas, il ne voulait pas d'un soi-disant paradis dont il serait rejeté pour quelque chose qu'il ne contrôlait pas.

Il voulait montrer qui il était. Tant pis s'il avait à se confronter à un rejet, à des débats, à des humiliations. Il ne voulait plus avoir l'impression de vivre en dehors de lui-même, spectateur de ses propres actions et de ses propres masques. De son propre rôle fabriqué de toute pièces. Il ne voulait plus avoir le sentiment que son cœur se trompait. Il voulait se réconcilier.

La tristesse et la nostalgie de la chanson, résonnant avec sa propre mélancolie de vivre, avaient allumé comme un feu en lui, un feu de colère, de courage, de détermination, d'espoir. Un feu de vie, à lui qui mourait sur place depuis trop longtemps.

All my time is wasted, feeling like my heart's mistaken, ooh...

Oui, son temps avait été perdu, perdu dans la haine, les préjugés inconscients, une vaine volonté de se changer. Mais aujourd'hui, dans les mots qui l'entouraient, il avait appris. Il avait finalement compris, après tout ce temps.

Ce n'était pas son cœur qui faisait erreur, c'était l'esprit des autres qui était en tort.

Du bout des cils, il chassa ses larmes.

Du bout des doigts, il referma ses livres.

Du bout des lèvres, il se promit la vie.

Du bout des mains, il rangea son petit couteau-suisse si propre de peur.

Du bout du cœur, dans les dernières notes de musique, il retrouva le bonheur de s'imposer.

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 900 Mots + Note de début.

 Eh, il est long pour un musical ! (En général ça tourne plus autour des 600 mots)

 Et il a pas si mal tourné, ce qui n'était pas gagné.

 Et ça me tenait à cœur comme sujet, comme écriture. Parce que c'est important. Parce que nos cassures qui débordent quand on voit qu'on est pas dans le moule, ça peut blesser très très fort si on a pas terminé de grandir et de se construire, ou si on n'est pas dans un environnement assez sûr.

 J'hésite presque à demander à tout le monde (y compris les filles que je sais queer-phobes parce que y a dans mon entourage) de le lire, pour souligner. Surtout que ne pas connaître la série n'est pas un problème en fait. Vous en pensez quoi ?

 Je suis contente de l'avoir terminé, au moins, un de moins dans la pile à écrire (oui, j'ai une pile à écrire, en fait j'ai trop d'idées...)

 Je vais essayer de trouver un joyeux pour le suivant, de pas mettre immédiatement "Amour Censure" derrière...

 Bref. Ca vous a plu ? C'est écrit correctement ? Dites-moi tout !

 Bises,

 Jeanne.

 (17/09/2022, 00h43)


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