Anniversaire

303 14 84
                                        

Nathalie avala son somnifère, le faisant passer avec un verre d'eau. Depuis quelques temps, elle en avait besoin pour ne pas passer plusieurs heures à attendre le sommeil. Gabriel le lui avait autorisé avec une certaine méfiance, sentant sans doute son malaise de vie. Elle l'avait rassuré, avec douceur, déclarant qu'avec la tendresse avec laquelle il s'occupait d'elle, il n'y avait aucun risque, elle lui promettait qu'elle ne ferait pas de bêtise.

Gabriel avait souri, et lui avait accordé de prendre des cachets de sommeil. Il ne voulait pas la fatiguer, mais il sentait, brûlant sur sa poitrine, son malaise de vivre. Il sentait sa douleur, il devinait ce qu'il n'osait pas voir, l'amour brisé qu'il n'osait pas regarder.

Nathalie, en demandant les somnifères, avait vu passer la peur, la tristesse, et une forme de compassion dans le regard de celui qu'elle aimait désespérément, dans la manière dont il lui avait serré la main, demandant une promesse qui n'avait rien couté.

Elle sourît en y repensant, déposa le verre d'eau sur sa table de nuit, ôta ses lunettes, bailla sous l'effet du somnifère qui commençait à faire effet, se recroquevilla en position fœtale sous ses draps et ferma les yeux, laissant le sommeil venir l'apaiser.

Quelques minutes après, Gabriel entrait discrètement dans la chambre. Il savait que Nathalie dormait, mais il ne pouvait pas s'empêcher de venir la contempler...

« Je l'aime tellement... Elle est si belle ainsi, murmura-t-il.

— Maître, s'étrangla Nooroo à mi-voix, vous avez vraiment dit ce que j'ai entendu ?

— Oui, Nooroo. Je l'aime. Et je ne l'abîmerai plus jamais. »

*************

Le lendemain, à l'heure du déjeuner.

Gabriel regardait Nathalie tourbillonner dans la robe qu'il venait de lui offrir. Aujourd'hui, c'était son anniversaire. Il avait travaillé toute la semaine sur son cadeau, et l'avait finalisé pendant la nuit.

La robe d'un blanc tendre, satinée, touchait le sol dans la légèreté des jupons vaporeux. Les manches, découvrant les épaules et s'arrêtant aux coudes, étaient faites de voiles légers, chacun presque transparent, mais l'ensemble semblait recouvrir les bras de Nathalie de nuages d'été, parsemés de lumières.

Elle ressemblait à une princesse de conte de fées, ainsi. Et il sentait son cœur battre plus fort rien qu'à la regarder tourbillonner.

« Tu es magnifique, Nathalie, absolument magnifique...

— Merci, Monsieur. C'est grâce à votre superbe travail...

— Même sans cette robe, tu es extrêmement belle, déclara-t-il en se rapprochant, et pour la millième fois, arrête de m'appeler « Monsieur ». Combien de fois faudra-t-il te dire de m'appeler par mon prénom ?

» Quand accepteras-tu d'être plus qu'une simple assistante, murmura-t-il en lui prenant les mains, plongeant ses yeux gris dans les prunelles ciel de son interlocutrice.

— Je ne peux pas l'accepter, Gabriel, je ne peux pas. Parce que je ne sais pas supporter la demi-mesure, soit je suis rien, soit je suis tout, mais je ne peux pas être juste...

— Alors, tu seras tout, Nathalie, tu es tout. Je t'aime, et tout, tout est pour toi maintenant, même s'il m'a fallu bien trop de temps pour m'en rendre compte, et encore plus pour l'accepter. Je t'aime, Nathalie. »

Il vît briller un éclair d'incrédulité, de bonheur, d'émerveillement, dans les yeux qui le regardait. Le sourire qui illuminait le visage de son amour lui réchauffait le cœur.

Elle lui serra la main, comme si elle voulait s'assurer qu'il était réellement là, que ce n'était pas un rêve. En le sentant bien présent, en voyant son sourire tendre, elle sentît son cœur gonfler de bonheur dans sa poitrine, elle n'osait pas y croire tandis qu'elle murmurait à son tour à quel point elle l'aimait, depuis si longtemps, qu'elle serait morte avec plaisir si elle avait été sûre que ça avait pu l'aider, mais maintenant que c'était réciproque, elle vivrait, elle vivrait toujours, il suffisait d'un seul de ses regards pour la maintenir en forme, un seul de ses sourires la guérissait.

Il sourît tendrement, la serra dans ses bras dans une étreinte d'amour, et se baissa vers elle, unissant leurs lèvres avec douceur et passion, serment d'amour et de vie à jamais déposé entre eux.

Quand ils se séparèrent, ils descendirent dans la salle à manger, et sourire devant la préparation qu'avait fait Adrien. Il avait sorti le grand service, disposé quelques bouquets de fleurs, décoré discrètement mais joliment la salle.

Il leur sourît en les voyant arriver, souhaita un joyeux anniversaire à Nathalie, et les invita à passer à table.

Gabriel et Nathalie s'assirent l'un à côté de l'autre, leurs sourires parlant d'eux-mêmes. Le styliste fît un signe à son fils, et lui demanda quelque chose, dans un lurmure si bas que Nathalie ne pût entendre.

Adrien hocha la tête, sortit de la salle à manger et revint quelques minutes plus tard, une bouteille de champagne et deux flûtes à la main. Il les disposa devant son père et Nathalie, une question dans ses sourcils légèrement haussés.

« Merci, Adrien. Tu as une question ?

— Je me demandais seulement en quel honneur vous m'aviez demandé de sortir le champagne...

— Ça ne peut pas être simplement parce que c'est l'anniversaire de Nathalie ?

— Avec vous, les explications sont toujours plus complexes que les simples évidences, Père.

— Bien... Adrien... Nathalie et moi sommes un couple, maintenant, d'accord ? Je... Suppose que c'est un peu brusque comme annonce, mais... Je ne sais pas comment tourner autrement.

— Bien, Père. Aucun problème. Je vous l'ai déjà dit, Nathalie fait partie de la famille pour moi. Je suis heureux que vous vous soyez tous les deux enfin trouvés.

— Merci, Adrien.

— Ce n'est rien, Père. »

Ils commencèrent à manger, les plats qu'Adrien avait préparés avec attention étaient délicieux. Le jeune homme regardait les deux adultes trinquer, murmurer, discuter, s'embrasser furtivement, se nourrir l'un l'autre tendrement. Il était attendri de cet amour enfin accepté, enfin montré, et si beau. Même sans en connaître toute l'histoire, il devinait à quel point cette idylle qu'il avait sous les yeux avait eu du mal à naître et à se reconnaître.

Alors il était simplement heureux de la voir enfin, et il ne pouvait pas s'empêcher de noter le message inconscient de la couleur de la robe, le blanc était la couleur du mariage, même s'il savait que son père ne s'en était pas aperçu en créant le cadeau de Nathalie.

************

1048 Mots.

Alors  si quelqu'un se demande pourquoi diable y a la première partie et à  quoi elle sert : c'est parce que l'inspi a abandonné l'idée d'être  sadique en cours de route. (Je suppose que les smileys qui pleurent de  ma meilleure amie l'y ont décidée...). En gros à la base, si je me rappelle bien ce que l'inspi avait dit quand j'étais à demi-réveillée dans mon lit ce matin, devait y avoir un problème entre les somnifères et de l'alcool.

J'ai gardé les somnifères, j'ai repris l'alcool à la fin... Et juste, Gabriel a ouvert ses yeux d'aveugle sans qu'il y ait besoin de faire une tragédie.

(Je suppose que ça vous arrange...?)

Bref, sinon, il est assez court, mais je l'aime bien comme ça, Adrien s'est tapé l'incruste sur la fin, mais ça rend assez bien je crois. Et j'ai encore fait une robe que je rêve de porter.

Vous avez aimé ? C'était bien ? Dites-moi tout !

Bises,

Jeanne.

(07/01/2021)

OS MiraculousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant