Under covers

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Octobre 1984.

 Réfugié sous ses couvertures, les oreilles collées à son baladeur, Tom essayait de bloquer les cris de ses parents, qui se disputaient, encore, deux étages plus bas. Il n'avait même pas envie d'essayer de savoir quel était l'objet de la dispute cette fois, il était juste épuisé de cette ambiance de guerre permanente.

In the kitchen, mom's just waiting there for him, and I pretend, I don't know what's coming next...

 Le jeune homme se mordît la lèvre, essayant de ne pas chanter audiblement, essayant d'ignorer les flashs de chaque soir, Gina attendant irrémédiablement le retour de Roland, la discrétion de leur fils avant les cris inévitables, la manière dont il se glissait dans sa chambre et se faufilait sous les draps pour ne pas percevoir, ne pas entendre.

It was different... Oh, I pull the sheets over my head so that I can't hear them... Under covers, they don't hate each other, and under covers, they're still perfect lovers...

 Sous sa couette, blotti dans son oreiller, la musique dansant autour de lui, une petite lampe allumée pour lire, le brun essayait de se rappeler d'avant, quand il était tout petit, que ses parents souriaient, plaisantaient. Leur entente était un peu fragile alors, mais si lumineuse qu'elle aurait pu éclairer toute une planète.

 Et sous les draps, Tom prétendait que l'étoile n'avait pas explosé, que les cris venaient de l'extérieur. Que le feu entre ses parents tenait chaud sans brûler.

 Made me wish that school would last straight through the weekend. And I used to think that their love was the kind that would last...

L'adolescent grimaça, ouvrant son livre, essayant d'ignorer la brûlure du vers qu'il aimait tant.

 Oui, parfois, souvent même, il aurait voulu rester à l'école pendant le week-end même.

 Parce que, même s'il n'était pas spécialement studieux, à l'école il y avait les autres, les jeux, les défis.

 Et pas de dispute, pas le rappel sempiternel que l'univers s'écroulait autour de lui, irrépressiblement, lent comme une torture.

 Et dans les pages, il voyait une attente et un désir éternel, Ulysse prisonnier rêvant à Pénélope des années, la reine courtisée qui refusait solennellement de se choisir un autre mari, Roméo et Juliette qui mouraient de ne pas pouvoir se séparer malgré leur jeune âge, Orphée bravant la mort, tant de modèles qu'il n'avait pas et qui le faisait rêver.

 Under covers, they don't want a different life, and under covers, he's her husband, she's his wife...

 Sous la couette. En sécurité.

 Tom dévorait d'autres histoires et les projetait sur ses parents.

 Sous les draps, la guerre n'existait pas.

 Dans le lit, ils riaient ensemble au lieu de crier l'un sur l'autre.

 Sur l'oreiller, dans la lumière tamisée, dans les notes qui tournaient, l'adolescent ré-écrivait sa vie.

 Under covers, they don't hate each other...

 Les yeux fermés dans les dernières notes qui s'évadaient de l'appareil, le garçon se promît que, jamais, il n'imposerait une telle déchirure. Et que dans ses rêves, ses parents continueraient de ne pas se haïr.


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 500 Mots.

 Eh beh c'est joyeux, toujours. Dernier du mois d'août, promis. Après on revient au positif. Mais ce sera plus irrégulier, vous me connaissez, le positif c'est plus complexe.

 Encore une évidence. Vu "Déchiré" (l'OS sur l'enfance de Tom), vu la manière dont ça a dû être pour lui... Cette chanson était un joli moyen d'écrire encore. 

 Bon. J'espère ne pas vous avoir complètement détruit sur le coup (dites-moi, lecteurs du futur, personne n'a eu l'idée stupide d'enchaîner tout depuis "Rolling in the deep", hein ?), que votre moral tient à peu près le coup.

 Vous avez aimé l'OS ? C'était pas trop décalé ? 

 Dites-moi tout,

 Bises,

 Jeanne

  (30/08/2023, 23h28)

OS MiraculousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant