The Erebe's Sons MC Tome 2 - Zeke

CHAPTER XII - JUDE

🥀

C'était prévisible.

Croire qu'il n'agirait pas était utopique de notre part. De ma part surtout. Parce que je le connais, j'ai vu ce dont il est capable.

Jude - Je savais que venir ici mettrait le club en danger.
Zeke - Bébé...Nous sommes plus forts et résistants qu'il le pense. C'est pas un psychopathe qui va nous impressionner. Tout ce qu'il récoltera de nous, c'est une haine incommensurable mais surtout, incontrôlable, et crois-moi, il est pas prêt à en subir les conséquences.
Jude - Il n'est pas seul Zeke, il ne l'a jamais été. Déjà, il y a six ans, j'en étais persuadée mais les flics ne me croyaient pas. Pourtant, ça tombait sous le sens.
Zeke - Qu'est-ce que tu veux dire par là?
Jude - Comment aurait-il pu nous emmener, Jaylson et moi, dans cette foutue cabane au milieu des bois? Le sentier de randonnée est à une bonne centaine de mètres, mais il n'y a pas d'accès pour les véhicules. Le dernier chemin accessible en voiture s'arrête à environ trois kilomètres. Il nous aurait porté? Jaylson blessé et moi inconsciente? C'est peu probable.
Zeke - Et les flics n'ont pas étudié cette piste?
Jude - Non. Et puis, il était seul quand les randonneurs ont débarqué.

Ouais, ce fameux jour, j'ai bien cru que j'allais crever.

Après la droite qu'il m'avait collée en pleine face, j'ai repris connaissance après plusieurs heures. Il faisait nuit, ce qui signifiait que ça faisait dans les vingt-quatre heures que l'horreur avait commencé. J'avais une migraine de tous les diables, qui ne m'a d'ailleurs pas lâchée jusqu'à mon arrivée aux urgences, deux jours plus tard. Les médecins ont dit que c'était un miracle que je sois encore en vie puisque j'avais une fracture du crâne dont l'impact faisait presque la taille d'une balle de ping-pong, ils en ont déduit que ma tête avait tapé sur l'arête d'une marche lors de ma chute dans les escaliers. Mais le coup supplémentaire aurait dû achever le boulot.

À croire que j'ai la tête bien plus dure que je le pensais.

À ça, il fallait ajouter les deux jours sans manger ni boire et l'hypothermie. Il caille dans ces putains de bois. Surtout en hiver.
Le Charon aurait pu m'emmener, comme il l'avait fait avec Jaylson, mais non.
J'ai pourtant prié tous les Dieux de cette foutue planète pour clamser avant qu'il revienne, parce que je savais qu'il allait revenir.

En ouvrant les yeux, la première chose que j'ai constaté, c'est que j'étais détachée, alors je me suis ruée vers Jaylson comme je pouvais, c'est-à-dire en me trainant sur le sol en bois poussiéreux. Son pouls était à peine perceptible et un horrible sifflement se faisait entendre à chaque inspiration.

Au tribunal, il a été déclaré qu'il était mort dans l'agonie la plus totale d'un pneumothorax.
Je n'ai pas lâché sa main jusqu'à son dernier souffle, je le suppliais de tenir bon, même si c'était douloureux. Mais cet enfoiré ne s'était pas contenté de le planter qu'une seule fois.
Dans le rapport d'autopsie, le médecin légiste a noté dix-sept coups de couteau et une trentaine de lacérations.
Lorsqu'il m'a quittée, qu'il a rendu son dernier souffle, j'ai passé les deux jours suivants entre somnolence et conscience, en attendant la mort.

Mais elle n'est jamais venue.

Parfois, je sentais le poids du regard du psychopathe que j'aimais comme un frère peser sur moi, comme s'il m'observait entre les interstices du volet en bois. Me voir devenir dingue, ainsi cloitrée dans cette satanée cabane dont la porte et l'unique fenêtre étaient barricadées, devait le faire bander, je vois pas d'autres explications.

Puis ce dernier jour, celui où il est revenu, en entrant dans la cahute délabrée, il a humé l'air vicié par la mort avec un sourire rayonnant. Ce fils de chien était heureux que notre meilleur ami soit mort.
Je n'ai pas pu retenir mes larmes, pourtant, je pensais en être tarie, je n'en avais plus versées depuis la veille.
Et je lui ai demandé pourquoi, tout ce qu'il m'a répondu, c'est une connerie que je n'ai pas capté sur le moment.