𝓅𝓇𝑜𝓁𝑜𝑔𝓊𝑒

19K 429 197
                                    


YSÉE

Il y a six ans.

New York City.



En me réveillant ce matin-là, j'espérais du fond du cœur que ce soit la dernière fois que j'ai à remettre ce putain de foulard sur ma tête.

Mes boucles me donnaient d'habitude du fil à retordre, je m'en plaignais presque tous les jours, mais aujourd'hui j'étais anéantie de ne plus avoir ma grosse touffe sur les cheveux.

Je priais pour ce soit la dernière fois que j'ai à voir dans ce miroir, toute la maigreur de mon corps, et la brûlure infligée à mon âme.

La chimiothérapie a rendu mes joues si creuses, et mon cœur si fatigué. Je suis essoufflée rien qu'en montant les escaliers qui mènent à ma chambre.

Je suis fatiguée de respirer si mal.

Je n'ai que dix-huit ans, mais ces six derniers mois j'eus l'impression de devoir profiter de la vie comme si j'en avais soixante.

Kyle voulait que je puisse réaliser un maximum de chose, pour n'avoir aucun regret, si la réponse du médecin n'était pas positive.

« Je suis sûre qu'elle le sera mon ange, la terre se porte mieux lorsque tu souris, mon cœur se porte mieux lorsque tu respires sans siffler, alors bats-toi ».

Cette putain de chimiothérapie est en train de me consumer. Mais n'empêche, je ne me suis jamais sentie aussi vivante, qu'en me rendant compte que la vie ne tient qu'à un fil, et dans mon cas des cellules maligne sont en train de le grignoter tous les jours.

Et oui, putain de lymphome. Le cancer m'a eu il y a un peu plus d'un an, enfin nous l'avons su à ce moment-là. Lorsque je me suis évanouie après avoir craché du sang en plein cours de sport au lycée.

Kyle est resté avec moi ce jour-là, il a été le premier à m'avoir secouru, il avait tendance à toujours garder un œil sur moi de toute façon.

Il est resté avec moi aussi cette année, et aussi ces six derniers mois. Cinq cent quarante-cinq jours, à rester près de moi.

À me faire rire, me faire sourire, essuyer mes larmes et me redonner espoirs.

-Ysée tu es prête ? Me demanda ma mère de la cuisine.

Si j'étais prête ? Je ne le sais pas.

Sommes-nous prêts à entendre que potentiellement la maladie est trop forte pour espérer survivre ?

Et dire que le docteur Valuquez connait déjà la réponse.

-Oui maman, j'arrive lui répondis-je avec une fausse voie enjouée.

La vérité ? C'est que j'étais traumatisée à l'idée de me dire que je ne serais jamais guérie. C'est le problème avec les espoirs, tu finis par trop y croire, et ensuite, tu meurs à petit feu en te rendant compte que tu n'aurais jamais du en avoir.

Après avoir noué mon foulard rose sur ma tête chauve, l'enfile rapidement un ensemble Nike de jogging noir.

Et je suis essoufflée.

BURNING HEARTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant