BURNING HEARTS

𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝐼𝐼

Huit ans plus tôt.

Washington.

Une fois de plus, mes valises se posent sur un nouveau sol. Mes yeux dérivent sur une nouvelle maison, et ce soir je dormirai dans un nouveau lit.

Pour la septième fois depuis janvier. Et nous sommes en octobre.

Celle-ci semble plus simple que les anciennes. Elle paraît aussi moderne. Très moderne. Voir complètement nouvelle.

-Les travaux se sont terminés il y a une semaine annonce ma mère dans mon dos, en plaçant ses mains sur mes épaules.

Tout s'explique. Elle est neuve.

Je vais devoir me réhabituer, encore une fois.

À force de voir de nouveaux meubles tous les mois, de nouvelles architectures fréquemment, je n'arrive plus à m'émerveiller, comme lorsque j'étais plus jeune.

Il y a dix ans, si mes parents m'avaient prévenu d'un énième déménagement pour le travail de militaire de mon père, j'aurais sauté au plafond, comme l'enfant la plus heureuse de la planète.

Mais, aujourd'hui, lorsque ma mère m'a annoncé le déménagement il y a deux semaines, j'ai simplement répondu

« D'accord ».

Que pourrais-je répondre d'autre ?

Je n'ai pas mon mot à dire, que je le souhaite où non je devrais les suivre, partout où ils doivent bouger.

Même si cela signifie devoir me refaire de nouveaux amis, devoir refaire connaissance, et expliquer à cinquante personnes différentes pourquoi je débarque dans leur classe alors que les cours ont déjà commencé.

« Tu es sociable, je sais que tu t'en sortiras mon ange » m'avait dit ma mère. Je voulais lui répondre que je grandissais, que j'avais besoin de stabilité pour m'épanouir, que le manque de relations amicales sur la durée me peinait, me bouffait même, que j'avais développé une sorte de peur de la rencontre.

Mais je me suis contenté de lui répondre « d'accord ». Et ça lui a suffi, car j'ai souri, et bien évidemment, si je souris c'est que tout va bien, rien ne se cache jamais derrière un sourire.

Pas même la souffrance de son propre enfant...

-Elle te plait celle-ci ? demanda mon père, qui vint se placer près de ma mère derrière moi.

On formait le parfait tableau de la famille découvrant leur nouvelle maison. Tous les trois, la tête penchée en arrière à observer leur nouvelle demeure.

La maison n'était pas moche en soi, mais je ne lui trouvais rien de particulier, à part sa simplicité. Elle semblait avoir deux étages, et disposait d'énormément de fenêtre. La porte d'entrée était vitrée, et au-dessus d'elle, à l'étage supérieure, une énorme baie vitrée couverte de l'intérieur par des rideaux.

Sûrement une chambre.

Le garage était sur la droite, et un jardin entourait la maison. Je la trouvais banale, au finale. Mais je répondis bien autre chose à mes parents.

-Elle est géniale oui, m'exclamais-je faussement, afin de faire plaisir à mes parents.

Ma mère serra mes épaules de ses mains, et mon père déposa un baiser sur mon front en prenant mes valises.

Bienvenue dans ta nouvelle, nouvelle vie Ysée.

-Je sais que la situation t'embête ma puce commença ma mère en triturant ses tresses, nous essayons malgré tout de faire ce qu'il y a de mieux pour toi.