N.A : oui, je sais que vous voulez la suite entre Soso et Aimé, mais il faudra attendre la semaine prochaine pour ça. En attendant, bon chapitre : )
𝓢ohane
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« I'm too consumed with my own life.
Are we too young for this ? »
The NeighbourhoodAvant
La tristesse n'est pas la pire émotion, la colère l'est. Je le réalise désormais. J'ai cru m'étouffer lors de ma dernière crise, prédominée par l'affliction, mais maintenant que je suis tiraillé par la rage, la mort serait préférable. Et de loin.
Papa m'a trahi.
Je ne saurais dire s'il s'agit de la première fois, peut-être l'ai-je trop idéalisé pour m'en rendre compte.
Ma colère se matérialise au bout de mes doigts et picote le dessous de ma peau. J'ai envie de tout envoyer valser, en commençant par le sceptre appuyé contre le mur, lui appartenant.
Il ne m'a jamais laissé assister à un seul évènement, mais j'aurais dû être présent ce soir.
Au moins ce soir.
En attendant, au lieu de célébrer les onze ans d'Isayah avec tout le reste du palais, je suis enfermé dans le bureau du roi car même les gardes ont droit à leur soirée, en faveur de l'anniversaire du prince aîné.
Il n'y a pas une personne qui est retenue prisonnière par son travail ou quoique ce soit d'autre, en ce jour qui honore l'existence de l'héritier, hormis son petit frère.
Je ne devrais pas m'emporter à ce point. Après tout, en comparaison avec ce que je subis chaque jour, être isolé le temps d'une soirée ne devrait pas m'affecter. Mais je sais que je n'y peux rien, mes émotions sont un torrent impossible à contrôler et plus je m'y oppose, plus elles prennent le dessus.
J'ai l'impression de recouvrir en vain un vase de mes deux mains pour l'empêcher de se remplir, mais que nettoyer le débordement est d'autant plus épuisant.
La pièce est plongée dans l'obscurité, mais je discerne tout de même la moindre bricole apposée au bois du bureau. Que ce soit la boîte métallique ornée d'un cadenas, ou les lettres éparpillées, couvertes de sceaux de cire rouge, je contemple tout ce que je peux détruire qui puisse blesser mon père.
Le problème, c'est que je n'ai aucun libre arbitre sur mon corps dans cet état et même si celui que je veux faire souffrir est mon père, c'est moi que je finis par punir.
Je me jette contre un mur, encore et encore, jusqu'à ce que la fatigue m'empêche de rester debout.
Étendu au sol, je prétends ne pas sentir les hématomes qui menacent de se faire apparents sur la surface de ma peau. Je feins que tout ceci est d'une banalité exaspérante et que nul ne s'étonnerait de me trouver ainsi couché, du sang injecté dans les yeux suite au choc et quelques gouttes perlant au coin de ma lèvre.
Seulement, c'est bien là le mal. Personne ne s'étonnerait de me découvrir ainsi, parce que tout le monde est persuadé que je suis persécuté par des maladies mentales et contagieuses, qui peuvent me pousser à la folie. Et moi, je leur donne raison.
Alors que je sombre dans l'inconscience et que mes yeux révulsent lentement, j'entends le loquet de la porte se déverrouiller. Je prie pour qu'il s'agisse de ma mère, je ne supporterais pas d'affronter mon père dans un tel état, ça ne ferait que lui confirmer qu'il a toutes les raisons de me maintenir à l'écart du public. Je ne ferais que l'humilier. Ma simple existence l'humilie. Ça le fait souffrir qu'un défaillant tel que moi porte du sang royal et soit assimilé à lui.
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Le Chaos Naquit Après [Tomes 1 & 2]
RomansaAlors qu'il croyait pouvoir fuir le palais royal jusqu'à sa mort, Aimé se voit contraint de s'y impliquer pour venger le meurtre de sa mère. Sa quête de rétribution se mêle à celle de Sohane, fils cadet du roi, l'obligeant à réprimer sa rivalité pou...