Chapitre 2.1. ~ Esméralda

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Cela fait un petit moment que je me suis réveillée. Je vois un peu trouble signe que le gars à du me causer une commotion cérébrale en me frappant la tête. Mais je ne sens rien. Pourquoi sentirais-je quelque chose ? Je n'ai jamais eu mal et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer.

En me réveillant j'ai scruté les environs à la recherche de mes sœurs. Mais elles ne sont pas là. La seule personne présente dans la pièce est une jeune femme d'à peu près mon âge. Elle a les cheveux noirs, les yeux verts et parait malade ; probablement dû à l'état de délabrement de la pièce.

Je pense qu'elle a dû voir la panique sur mon visage lorsque j'ai parcouru la pièce des yeux puisqu'aussitôt mon regard posé sur elle, elle me dit en anglais :

- Elles sont dans la cellule à côté – Je la regarde incrédule, ne comprenant pas tout de suite ce qu'elle venait de dire - Les filles qui sont arrivées en même temps que toi, elles sont dans la cellule à côté.

Mon regard se posa sur le mur qu'elle désignait du doigt et je me suis aussitôt avancée vers les barreaux de notre cellule pour essayer d'apercevoir l'intérieur de celle d'à côté. Aussitôt arrivée près des barreaux, un homme me cria de m'en écarter mais je n'en avais rien à faire. Ce que je voulais, c'était vérifier l'état dans lequel elles étaient. Je pu rapidement les apercevoir avant que l'homme qui avait crié de fasse s'abattre une matraque sur mes doigts. Et bien que je n'aie pas sentit de douleur, j'ai distinctement pu entendre les os de mes doigts se craquer. Je me suis alors aussitôt reculée pour aller m'assoir près de celle qui semble désormais être ma camarade de cellule.

Je n'ai pas eu le temps de beaucoup les observer mais elles avaient l'air d'aller bien. Elles étaient toutes les deux conscientes et se serraient l'une contre l'autre. Certainement à cause du froid. J'étais à moitié rassurée. On était certes dans un endroit vraiment très sordide. Mais au moins, elles allaient bien.

Mon regard fit alors attiré par la fille qui se trouvait à mes côtés. Elle me regardait comme une extraterrestre et faisait des allers-retours avec ses yeux entre ma main et mon visage. Je compris alors qu'elle se demandait pourquoi je ne réagissais pas à ma main en sang qui devait, vu l'effroi dans son regard, ne pas être très jolie.

- Je ne sens pas la douleur – Lui fis-je

J'entrepris alors de repositionner mes phalanges correctement, chose qui la mise apparemment plus mal à l'aise qu'elle ne l'était déjà vu les grimaces qu'elle faisait à chaque craquement d'os.

- J'ai une analgésie congénitale. – Continuais-je - Ce qui fait que je suis incapable de ressentit la douleur... Je n'ai pas mal t'inquiète.

Elle hocha la tête mais semblait toujours un peu intriguée.

- Une des premières choses que j'ai apprises c'est de savoir me soigner quand je me blesse. Parce que vu que je ne sens pas quand je me fais mal, j'ai tendance à souvent me blesser... C'est pour ça que je sais remettre mes phalanges en place. - Lui expliquai-je pour la rassurer.

Je pense qu'elle me prenait quelqu'un qui avait l'habitude de remettre des phalanges en place. Ce qui en soit est un peu vrai mais pas pour les raisons qu'elle pense. Après mon explication, son visage retrouva enfin le semblant de sérénité qui l'habitait avant l'incident des barreaux.

- Lianna – Fit-elle en me tendant la main.

- Esmée – Lui répondis-je en serrant celle-ci de ma main « valide ».

Après avoir discuté de la situation dans laquelle nous étions, Lianna et moi nous endormons aussi collée l'une à l'autre que possible pour essayer de vaincre un maximum le froid.

De ce que j'ai compris, Lianna est russe, elle est retenue ici depuis approximativement six mois d'après ses calculs. Elle a essayé de compter les jour en se fiant à son rythme de sommeil et à l'alternance des gardes. Mais ces six mois peuvent tout aussi bien être trois mois comme neuf.

Elle a été assez évasive quant à la raison de sa présence ici mais c'est apparemment une affaire familiale. Et je lui ai retourné exactement la même raison. Si son cas est comme le mien, alors il n'y a probablement pas vraiment d'explication à part qu'une bande de connards finis ont senti leurs virilités être mises en danger et ont trouvé que kidnapper et tuer des gens était un bon moyen de la garder.

Tuer ...

J'ai énormément repensé à mes parents tout au long de notre conversation. A vrai dire, c'est difficile d'ignorer le fait qu'ils soient morts. Même si j'ai un don inné pour vivre dans le déni, je ne peux pas ignorer le trou béant qui s'est formé dans mon cœur.

Mais pour l'heure, il faut que je me concentre sur notre survie. Je me laisserai aller à les pleurer quand on sera sorties d'ici.

Car on va sortir... il n'y a pas moyen que ça se passe autrement.

Sinon, de ce que ma camarade de cellule sait, nos ravisseurs font partie d'un Cartel mexicain. Logique, Cédric est mexicain donc je le voyait mal faire partie d'un gang suisse. Ils parlent exclusivement espagnol entre eux et ne s'adressent presque jamais aux prisonniers sauf quand c'est pour les emmener dans une petite salle. Lianna m'a dit ne jamais avoir été dans cette salle mais chaque fois qu'une personne y est amenée, elle ressort dans un « sale état » avait-elle dit pour rester courtoise.

D'après mes conclusions, il devait y avoir trois types de personnes ici : Ceux qui ont été kidnappé et qui leur servaient soit à demander une rançon, soit à faire chanter leurs proches, comme l'était Lianna. Ceux qui détiennent des informations qui intéressent leur Cartel. C'est probablement ceux-là qui sont amenés dans la salle aux « tortures ». Et ceux qui ne leur servent à rien. Comme c'est le cas pour mes sœurs et moi.

Et là deux solutions s'offrent à eux. Soit ils nous gardent pour leur bon plaisir. Et que ce soit pour se défouler ou combler des désirs sexuels, je ne veux pas le savoir. Soit pour être vendue dans un trafic d'êtres humains. Et là non plus ce n'est probablement pas joli. Parce qu'entre prostitution forcée, trafic d'organes et autres, l'avenir n'est pas forcément plus rose.

Donc conclusion de l'histoire, il faut que je trouve un moyen, certes de nous sortir de là. Mais dans l'immédiat, un moyen de nous rendre utile à d'autres fins que celles pour lesquelles ils nous ont gardée en vie.

Le lendemain, nous fûmes réveillées par le bruit d'une porte de cellule qui s'ouvrait. Aussitôt, l'angoisse m'avait envahie.

Quelle porte avaient-ils ouverte ?

Chaque pas que le gardien faisait me terrifiait. Il s'avançait dans l'allée en tenant un prisonnier mais lequel ? Les quelques secondes qui se passèrent avant que je ne puisse voir le gardien passer devant ma cellule furent interminables. Et au moment où je vis que le prisonnier qu'il tenait était un homme ; je sentis tout le soulagement du monde m'envahir. Je sais que c'est affreux. Ce pauvre type va probablement se faire torturer et vivre un sale quart d'heure. Mais je suis quand même rassurée que cette personne ne soit ni Jacynthe, ni Adélaïde.

Il faut vraiment que je trouve un moyen de nous éviter ça. Que ce soit les tortures ou le reste.

Lianna m'a vue faire les cents pas dans la cellule depuis que cet homme a été emmené. J'ai passé toute la matinée à réfléchir à une idée. Mais rien ; rien ne m'est venu. Quand l'homme est revenu de la petite pièce, il était dans un état... Oh mon dieu. J'ai eu envie de vomir tellement ils l'avaient défiguré. Des lambeaux de chair tombaient de son corps à certains endroits et lorsque les gardiens le portaient jusqu'à sa cellule, leur passage laissait une trainée de sang sur le sol. Je fixais cette trainée de sang comme si c'était la seule et unique chose qui importait dans ce monde.

J'étais encore en train de fixer le sang par terre quand la porte de notre cellule s'ouvrit. Lianna étant exemptée des séances de torture, il ne pouvait venir chercher qu'une seule personne : moi.

- C'est ton tour ma jolie. – Me fit-il sans aucun remord sur le visage.

Paard vs Krylov : Between dark and lightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant