Chapitre 12.1. ~ Aleksandr

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Au bout d'une demi-heure à torturer Fabio, la petite n'a rien lâché, pas une seule information supplémentaire. J'ai fini par mettre une balle dans la tête de l'homme voyant qu'elle ne disait rien. Elle cache quelque chose, j'en suis certain. Mais pourquoi elle n'en parle pas ? J'ai bien vu que la torture de l'homme l'avait remuée, elle tremblait, des larmes perlaient sur ses joues et elle a fini par vomir l'intégralité du contenu de son estomac sur le sol. Alors pourquoi elle ne craque pas. J'aurais bien recommencé avec un autre prisonnier. Mais je sais d'avance que j'obtiendrai le même résultat. Elle est butée.

Je suis maintenant certain qu'elle n'est pas une espionne, une espionne aurait inventé une bonne excuse, elle aurait dit qu'on menace des proches ou qu'ils abusent d'elle. Mais elle n'a rien dit. Et c'est exactement ce qui me fait dire qu'elle protège quelqu'un. Mais même si je suis convaincu qu'elle ne me veut pas du mal, j'ai besoin de tout savoir. Et tant qu'elle ne nous fera pas confiance sur ce point-là, je ne peux pas la laisser travailler avec nous, même si ça nous retarde. J'ai besoin de savoir ce qu'elle cache pour anticiper ces actions.

Je l'ai laissée dans la cellule avec le cadavre pour la nuit, même si je doute que ça ait un grand effet sur elle.

En parlant de nuit, j'ai très mal dormi. Cette situation m'énerve. Je revois ses pleurs, ses tremblements, le dégoût dans son regard.

Jamais ça ne m'était arrivé, jamais je n'ai eu pitié de personne. Victime ou pas. Je n'ai même pas touché physiquement à cette gamine et pourtant, les souvenirs de la veille me hantent. J'ai bien essayé de relâcher la frustration à la salle de boxe, mais rien n'y fait.

Quelqu'un toque à ma porte et Andretti, Adrik, Bogdan et Ivan rentrent aussitôt.

- Salut

- Ça fait longtemps que t'es là ? - Demande Andre

- Ça te regarde ?

- Du calme. - Intervient Adrik

- Deux heures.

- Tu fais quoi ?

Je souffle un bon coup. Mais il me fait chier avec ses questions.

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse imbécile, je travaille tête de nœud.

Enfin, j'essaye de me concentrer.

- Ok ok pardon.

Juste à ce moment-là, les deux frères casse-couilles rentrent.

- Bon, topos de la journée ?

- On a pu trouver l'avion sur base des renseignements de la gamine et du carnet d'enregistrement de l'aérodrome. Il a atterri avant-hier dans un petit aéroport près de la ville Ciudad Victoria au Mexique. Et devinez quoi ? Des camions se sont rendus à ce même aéroport à l'heure de l'atterrissage. Si ça ce n'est pas une coïncidence...

- Tu vois Aleks, elle nous a aidé à trouver où ils sont partis, comment veux-tu qu'elle soit une taupe ?

- Je ne pense pas qu'elle soit une taupe ; pas après notre petit interrogatoire d'hier. Mais j'ai besoin d'avoir une discussion avec elle avant de pouvoir la laisser retravailler avec nous.

- D'accord,  les gars vous planchez sur ces fameux camions et sur toutes les propriétés connues de Alessio dans les cinquante kilomètres à la ronde.

- Et toi, tu vas où ? - Me demande mon frère.

- Je dois lui parler en tête-à-tête. - Dis-je en me levant pour sortir de la pièce.

- Aleks ... - M'arrête-t-il.

- Je ne compte pas la tuer si c'est ça la question.

Je descends les escaliers qui mènent aux cellules et franchis la porte du couloir. À peine cette porte franchie, je la vois. Elle est bien réveillée. Je doute même qu'elle ait dormi vu l'état dans lequel elle est. Elle est accroupie, au même endroit où je l'ai laissée hier. Elle se balance d'avant en arrière tout en fixant le cadavre devant elle. Elle ne m'a clairement pas vu. Sinon, elle aurait réagi.

Je me racle la gorge ce qui a pour effet d'attirer son regard sur moi et d'arrêter son balancement. J'ouvre la cellule, et son regard me suit. Je m'avance vers elle pour la prendre par le bras et la relever. Sans douceur certes, mais sans violence non plus. Je la traîne à ma suite jusqu'à une autre pièce pour qu'elle n'ait plus le cadavre sous ces yeux.

On doit avoir une vraie discussion et je veux toute son attention.

Je l'assieds sur une chaise et me recule de quelques pas pour lui laisser de l'espace. Je la regarde, elle me regarde et un blanc rempli la pièce.

Au bout de quelques minutes, je me décide enfin à briser ce silence.

- Qui est-ce que tu protèges ?

Elle me regarde, étonnée. Pendant une demi seconde, de l'angoisse passe sur son visage mais elle retrouve très vite un regard neutre.

- Personne.

Je souffle.

- Je sais que tu protèges quelqu'un. Tu peux me le dire. Je ne ferais pas de mal à cette personne. J'ai besoin de tout savoir pour te faire confiance.

Elle me regarde et un voile de colère passe sur son visage. Cette fois-ci, elle ne le cache pas.

- Confiance ? Vous me parlez de confiance après ce que vous avez fait à ce pauvre type hier ?

- C'était quelqu'un de mauvais si ça peut te rassurer. Il a violé plus d'une fille dans sa vie et pas toutes majeures si tu vois ce que je veux dire.

Un voile de dégoût passe sur son visage, mais elle ne se laisse pas déstabiliser.

- Peu importe qui c'était, ou ce qu'il avait fait. C'est de vous que je parle là. Vous l'avez tué, sans aucune pitié.

- Je suis sans pitié, c'est vrai. Mais je ne m'en cache pas à ce que je sache.

Elle fait non de la tête. Avant qu'une larme ne perle sur sa joue

- Vous êtes comme eux. - Dit-elle dans un sanglot.

- Vous êtes des monstres, sans cœur et sans parole. - Continue-t-elle.

- Monstre oui, sans cœur oui, sans paroles non.

- Écoute, je sais que ce que j'ai fait hier n'était pas le meilleur moyen de te le prouver, mais je suis un homme de parole. J'avais besoin de m'assurer que tu n'étais pas une espionne et tu me l'a prouvé hier par tes réactions.

- Je ne suis pas un saint. - Continué-je - Mais je promets de ne pas toucher à la personne que tu protèges si tu m'aides à retrouver ma sœur. J'ai besoin de toi pour la retrouver et tu as besoin de moi pour sauver la personne que tu caches. Alors faisons un marché, tu veux ? Le même qu'au premier jour, sauf que je te promets de ne faire aucun mal à cette personne. Je retire ma promesse d'anéantir tes proches. Ils sont désormais hors limite pour moi et mes gars.

Elle me regarde toujours incertaine.

- Alors ? Qu'en dis-tu ? Deal ?


Paard vs Krylov : Between dark and lightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant