Esméralda se retourne et mon corps se fige.
Putain de merde. Qu'elle soit aussi belle me fout en l'air.
- On peut y aller ? - M'interroge-t-elle.
Je hoche tant bien que mal la tête et me dirige vers l'extérieur.
Il faut que je prenne l'air.
En sortant je n'aperçois qu'une seule des trois voitures. J'interroge le chauffeur du regard.
- Vos amis sont déjà partis Monsieur.
Il ne manquait plus que ça.
A reculons je m'approche de la portière pour m'engouffrer dans le véhicule avant d'être rejoint par une jolie brune. Le chauffeur démarre et se met en route vers le lieu de réception.
Esméralda ne parle pas. Elle a l'air concentrée. Comme si une fois de plus, elle essayait de résoudre un problème de physique quantique impossible. C'est une chose que j'ai remarquée chez elle lorsque quelque chose lui trotte en tête. Et le moins qu'on puisse dire c'est que le résultat de cette équation ne semble pas lui plaire.
Se rendant compte que je l'observe, elle finit par poser son regard sur moi. Mais elle paraît indécise à me communiquer ses pensées. Elle hésite, ouvre plusieurs fois la bouche pour la refermer après.
C'est rare qu'elle retienne ses pensées devant moi. Non pas que nous soyons devenus les meilleurs amis du monde. Mais en une semaine j'ai pu en apprendre un peu sur sa personne. En général c'est un livre ouvert. Enfin, quand on parle boulot. Elle est très loin de s'étendre sur sa vie personnelle. D'ailleurs, c'est simple. Hormis les quelques informations que mes techniciens ont trouvé sur elle via internet, je ne connais rien de sa vie. Est-ce que je lui fait quand même confiance malgré tout ? Oui. C'est étrange ? Oui. Stupide ? Probablement. Mais j'ai cru reconnaître la même angoisse que la mienne dans ses yeux. La peur que nos proches nous soient enlevés. La peur que tout ce qu'il nous reste sur terre ne disparaisse...
Elle n'a pas le temps de se décider à me dire ce qui trotte dans sa tête que la voiture s'arrête et qu'un portier vient ouvrir la portière.
Je sors donc du véhicule, maintenant curieux du débat interne que menait ma prisonnière. Je me retourne vers Esméralda qui est restée assise dans la voiture.
- Tu comptes rester là toute la nuit ?
Son expression concentrée ayant laissé place à de l'incompréhension, elle me demande :
- On n'a pas de masque. Ce n'était pas censé être une soirée masquée.
- Si mais c'est optionnel. Tu n'en a pas besoin.
Elle me regarde sans trop comprendre mais sort tout de même du SUV. Je lui propose mon bras, elle me regarde, m'analyse de haut en bas mais n'amorce pas le moindre mouvement dans ma direction.
- Je ne vais pas te manger. - La rassuré-je sur le ton de l'ironie. - Maintenant dépêche-toi, on nous regarde.
Comprenant que mon geste est purement dû à la présence d'une foule de paparazzi, elle s'exécute et vient enrouler son bras au mien. Je remercie les conventions de la société qui veulent que les hommes portent des costumes. Avec des manches. Des manches qui séparent sa peau de la mienne.
Je n'ai aucune envie de ressentir une nouvelle fois des frissons prendre possession de mon corps. Comme tout à l'heure. Non, je ne veux pas avoir la confirmation que cette femme me fait bel et bien de l'effet. Un effet que je n'ai encore jamais ressenti. Jamais je n'ai été déstabilisé par une femme. Je n'ai d'ailleurs jamais été déstabilisé par grand-chose.
Je souffle un grand cou pour chasser toutes ces pensées parasites de mon esprit. On a une taupe à trouver. Plus vite nous la trouverons, plus vite je retrouverai ma soeur. Et plus vite cette perturbation qu'est la jeune femme à mon bras sortira de ma vie.
Nous traversons la foule sous les flashs incessant de ces maudits appareils photo. Je déteste ces fichus flashs. Mais aujourd'hui, ils sont nécessaires à mon plan.
A peine rentré dans le hall, ma cavalière m'interpelle.
- Les paparazzi, c'est pas un problème qu'ils me prennent en photo ? Je veux dire, les della Rossa risquent de vite comprendre où je suis passée.
Elle n'est pas bête la gamine.
- C'est le but.
Je lui jette un coup d'œil et elle me dévisage avec méfiance.
- Ils savent depuis longtemps que nous sommes en ta possession. - Elle avale de travers. - Maintenant, ils savent que tu es de notre côté.
- Sans vouloir vous offenser, je ne suis pas de votre côté. Nous travaillons à la réalisation d'un objectif commun. C'est tout.
Je la regarde, interloqué, mais ne dis rien. C'est vrai, elle n'est pas de notre côté. Dès qu'elle aura retrouvé ses sœurs, je devrai me méfier d'elle. Peut-être le devrais-je déjà. J'essaye.
- Et en quoi c'est une bonne chose ? Qu'ils me pensent de votre côté. - Reprend-elle.
- Ils ne s'y attendent pas. Et l'imprévu amène à l'erreur. Et leur erreur... nous permettra de les coincer pour de bon.
Elle acquiesce, pas tout à fait convaincue par mes arguments.
- Et si pour se venger-
- Ils n'y toucheront pas. - La coupe-je - En tout cas pas avant d'avoir essayé de te contacter pour te faire chanter.
- Rassurant...
Son commentaire sarcastique m'amuse.
- Je te promets que tes sœurs ne risquent rien. En tout cas pour le moment.
Elle m'analyse et finit par acquiescer en signe de reddition.
Nous arrivons bientôt à la salle de banquet ou les gars nous attendent devant la porte. A peine nous ont-ils remarqué que Bogdan s'avance vers moi.
- Problema s servisom bezopasnosti (Problème avec le service de sécurité)
Je lâche le bras de ma cavalière et alors que je m'apprête à suivre mon oncle, elle m'interpelle.
- Au fait, Vous n'êtes pas en ma POSSESSION. Je ne suis pas un objet à ce que je sache.
Je la regarde incrédule pendant quelques secondes avant de tilter.
- Bien sûr que si ma jolie. Tant que ta vie dépendra de nous, nous serons en ta possession.
Elle glousse sans joie avant de répliquer.
- Oh et bien vu que d'une certaine manière vos vies dépendent aussi de moi, je suppose que je suis moi aussi en votre possession. - Dit-elle avec un faux sourire sur le visage.
Elle me tourne immédiatement le dos et part rejoindre les autres.
Quelle connasse
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Paard vs Krylov : Between dark and light
RomanceElle est enchaînée à la lumière et il est enchaîné aux ténèbres. Parce que l'un et l'autre ont trouvé le confort et la sécurité dans leur monde respectif. Mais qu'adviendrait-il d'eux s'ils brisaient leurs chaînes ? S'ils se mettaient en danger pour...