Paard vs Krylov : Between dark and light

Chapitre 9.1. ~ Esméralda

Trois heures que je regarde des visages. Et je ne reconnais aucun d'eux. Je clique sur la flèche pour changer de fiche mais rien de nouveau ne s'affiche.

- On est arrivé au bout. - Me signale Grisha.

- Je suis désolée, mais aucun de ses mecs n'est vôtre taupe.

- T'inquiète. On va la trouver

- Non pas "t'inquiète" - Retentit une voix derrière nous.

Je me retourne et fais face à Monsieur boss.

Super !

Il ne m'avait pas manqué, lui.

- On avait deux pistes et aucune n'est concluante. Je commence à douter de ton utilité. - Me lance-t-il.

Ce mec ne m'aime définitivement pas.

- La piste des galeries n'a rien donné?

- Tes soi-disant galeries n'existent pas.

- Comment ça ?

- J'ai cherché sur internet mais aucune mine n'a été construite là-dessous. - M'explique Kostya.

- Aucune mine légale. - J'ajoute

- Qu'est ce que tu veux dire par là?

- Que si vous ne trouvez rien, c'est que les mines étaient clandestines. Et personne ne mettrait de bien à vendre en stipulant l'existence d'une mine clandestine. Par contre, lors de l'achat, ils ont dû fournir un plan des mines à Alessio.

- Et même si c'était vrai, à quoi ça nous avance?

J'essaye tant bien que mal de me remémorer précisément les plans des bâtiments. Chaque petit détail de ce document pour essayer d'avoir une piste. Je me souviens avoir lu des informations en Espagnol sur la société qui a fourni ces plans. Qui les a vendus même puisque cette société finissait par "venta". C'était un truc du genre "vente de propriétés". Comment dit-on "propriétés" en Espagnol ?

- Vous savez comment on dit propriété en Espagnol ?

Qui ne demande rien n'a rien non ?

- C'est quoi le rapport

- Vous pouvez juste chercher la traduction S'IL VOUS PLAÎT ?

Monsieur boss me lance un regard noir avant de se tourner vers le dénommé Kostya qui attend déjà ses instruction. Il se contente de hocher de la tête et celui-ci se tourne vers son ordinateur avant de tapoter les touches de son clavier.

- propiedad

"Propiedad"...

"Propiedventa" ?

"Properventa" !

- Cherchez "Properventa".

Après quelques secondes de tapotage de touche, Kostya se retourne vers nous.

- C'est une agence de vente de bien immobilier en tout genre à Madrid. - Nous explique-t-il.

- Je vous parie que c'est cette agence qui a vendu l'usine aux della Rossa

- Comment tu sais ça? - Me demande le patron.

- Parce que c'était le nom qui figurait sur le plan.

Il me regarde perplexe mais ne fait aucun commentaire supplémentaire.

- Ok et maintenant on fait quoi ? On va cambrioler l'agence ? - Demande Grisha.

- Ben on n'a pas trop le choix. - Lui répond le mafieux.

- OU ... vous me laissez pirater leur base de données.

- Pirater ?! Il me semblait t'avoir entendu dire que tu n'était pas une hackeuse! - S'énerve-t-il.

- J'ai dit que je n'étais pas une hackeuse DE PROFESSION. Pas que je n'avais jamais rien piraté de ma vie.

Le mafieux souffle bruyamment pour bien montrer son exaspération avant de nous tourner le dos et d'aller se laisser tomber sur la chaise d'un bureau non loin de la.

- Ok on fait comment ? - Demande doucement Kostya.

Il n'a pas l'air serein. On dirait moi quand mes parents se disputaient et nous demandaient de nous rallier à un camp. Putain qu'est ce que je donnerais pour revivre ces moments. Parce que même s'ils se disputaient, ils étaient toujours là. Je sens les larmes monter et secoue vivement la tête pour me reconnecter à la réalité. Or de question que je pleure devant eux.

De quoi on parlait déjà ?

Ah oui de l'agence immobilière.

Je réfléchis quelques secondes à un plan qui me vient immédiatement. Il faut dire que j'ai malheureusement un peu trop usé du piratage dans ma vie.

- Vous avez une maison à "mettre en vente" à Madrid?

- Pourquoi ?

Je leur détaille alors mon processus presque habituel dans ce type de situations.

- On va envoyer un mail à l'agence en leur demandant d'estimer la valeur d'un bien. Je vais y placer un lien qui sera supposé contenir des photos de cette maison mais en réalité, ce sera un virus.

- Ils vont s'en rendre compte direct. - M'interrompt Monsieur "Pas content".

- Non parce que le lien va leur afficher que ces photos ne sont pas visibles par d'autres utilisateurs. Comme un compte privé. Je leur renverrai ensuite un autre lien contenant les photos que cette fois il pourra ouvrir. Et pendant qu'ils feront l'estimation de votre "faux" bien à vendre, je piraterai leur base de données pour trouver une version du plan.

- Qui te dit qu'ils auront toujours une copie du plan. - Me demande Kostya.

Une entreprise qui ne conserve pas ses données. Quelle bonne blague en 2024.

- Oh croyez-moi, les entreprises gardent toujours nos données.

- Alors? - Demande Grisha à son boss.

Celui-ci relève son regard vers nous. Nous étudie tour à tour. Il peut bien faire l'intéressé, je sais qu'il n'a pas raté un seul mot de cet échange. Après quelques secondes, durant lesquelles Grisha et Kostya s'échangent des regards interrogateurs, il se décide à parler.

- Demande à Anatoli de nous envoyer des photos de sa maison. - Claque-t-il

Il ne prend même pas la peine de nous considérer une second supplémentaire qu'il redirige son attention sur sa lecture.

Après quelques secondes, Grisha et moi échangeons un regard entendu avant qu'il ne lève la main face à moi pour que la checke.

Vu son enthousiasme, on pourrait croire que c'était son idée. Mon ami me regarde fièrement.

Mon ami ?

Comment en trois heure de temps que peux considérer une personne comme mon "ami". Qui plus est un mafieux ?

Pourtant, c'est bien ce que je ressens. J'ai l'impression que je connais ce mec depuis des siècles.

- Et ben tu check pas ? - Me lance-t-il, ce qui me sort de mes pensées.

Je lève à mon tour mon bras et lui tape dans la main, sous le regard réprobateur du trouble fête.