Chapitre 11.2. ~ Esméralda

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Assise dans ma chambre, ma tête cogite. J'y ai réfléchi toute la journée et je trouve ça louche.

Pourquoi personne n'est revenu me chercher ? Pourquoi les gardes m'ont-ils laissé là-bas ? Pourquoi sont-ils tous partis sauf moi ? Oui, il n'y avait que cinq gardes pour six prisonniers. Mais soyons honnête, vu l'état déplorable dans lequel nous étions et le peu de force physique qu'il nous restait, ces bouledogues de 100 kg pouvaient à l'aise emmener deux prisonniers chacun. Leur excuse du manque de personnel ne tient pas.

Alors pourquoi avoir emmené les autres et pas moi ? Pourquoi m'avoir laissé dans ce hangar avant l'explosion ? Pour que je meure ? Ça ne tient pas. Pourquoi voudraient-ils ma mort quand je leur étais si utile ?

Je commence à douter des informations que j'ai lues à leur sujet. Je doute de tout, à vrai dire. J'ai peur de m'être faite manipuler et de n'être qu'un pion dans cette fichue guerre entre mafia. Et si tout était faux. Si Alessio m'avait donné de fausses informations pour m'induire en erreur. Pour que je les induise en erreur ? Si en réalité tout ça n'était qu'un coup monté ?

Pourtant, jusqu'ici, les informations que j'avais, étaient correctes. Les plans des bâtiments étaient justes et nous ont même permis de retrouver la trace des prisonniers. Enfin, jusqu'à l'aérodrome. Mais un truc cloche. Lequel ? Je n'en sais rien.

Je n'ai pas le temps d'aller plus loin dans mes réflexions que la serrure de la porte tourne et qu'un homme me fonce dessus. Qu'il me fonce dessus.

J'ai à peine le temps de faire deux pas en arrière que ses mains viennent s'enrouler autour de mon cou pour venir me plaquer contre le mur.

Ses yeux sont noirs. Pour être en colère, il l'est. Plus encore que lors de notre première rencontre. J'avoue qu'il me fiche la trouille. Mon cœur cogne très fort dans ma poitrine et mes poumons sont bloqués. Mais j'avoue surtout ne pas comprendre ce revirement de situation. Je suis figée, comme paralysée. J'attends qu'il prononce un mot, mais rien ne sort de sa bouche. Il se contente de respirer fort en me regardant de son regard aussi perçant que meurtrier.

Il m'examine, il détaille chaque parcelle de mon visage comme s'il était à la recherche de quelque chose. Son observation terminée, il replace son regard dans le mien et souffle un bon coup avant de dire:

- Pourquoi t'étais là-bas ?

Je le regarde, interrogative. Là-bas ? J'aimerais l'interroger, mais ses mains autour de ma gorge m'en empêchent.

- Je vais te poser la question encore une dernière fois. Et tu ferais mieux de me répondre. Pourquoi étais-tu dans ce putain de hangar avant l'explosion ?

Je comprends aussitôt ses interrogations. Les mêmes que les miennes.

- Je- je sais- pas - J'arrive à articuler malgré sa pression sur ma trachée.

- Tu ne sais pas ?

Un rire sans joie franchit ses lèvres.

- Tu ne sais pas ? - S'énerve-t-il - Et tu ne trouves pas ça étrange que tu sois la seule à être restée dans ce putain de hangar ?

- Je - Je commence à manquer d'air et parler m'est presque impossible alors que mes yeux s'humidifient.

Il desserre légèrement sa prise pour me permettre de répondre à sa question.

- Si. - Finis-je par répondre.

Il souffle en ricanant.

- Et tu vas me dire que tu n'es pas une espionne ?

- Je- Non ! - Je m'empresse de dire.

- Bien sûr. - Ricane-t-il.

Il lâche mon cou pour attraper violemment mon poignet et me traîner hors de la chambre.

Paard vs Krylov : Between dark and lightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant