Chapitre 4.2. ~ Aleksandr

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L'avion atterri, nous nous sommes rendus chez Anatoli, un ancien ami de mon père basé à Madrid pour affaires. Bien qu'il ait arrêté de travailler officiellement pour notre clan il y a plusieurs années déjà, ça ne l'empêche pas de nous rendre quelques services.

Et en bon ex-mafieux qu'il est, son sous-sol est rempli d'armements et son garage de SUV blindés.

Le QG parfait.

Une fois prêts, nous sommes montés dans deux SUV noirs et nous nous sommes dirigés vers notre lieu de mission.

Maintenant que nous passons devant le supermarché, une chose m'interpelle : sur les clichés aériens et les vidéos de surveillance, on a pu voir que le parking était rempli de voitures de huit heures à vingt heures. Or, il est presque dix heures et seules quelques voitures sont présentes devant le supermarché.

Je croise le regard de Adrik et Andretti montés en voiture avec moi, et je peux lire la même incompréhension sur leur visage. J'allais donner l'ordre aux deux véhicules de faire demi-tour et d'annuler la mission quand un sniper commence à nous canarder depuis le toit de l'un des hangars.

Nous nous mettons aussitôt à couvert et répliquons. Ivan parvient à neutraliser le sniper quand un deuxième apparaît derrière nous. Bogdan se prend une balle dans le bras gauche, mais il nous fait signe que tout va bien. Après plusieurs minutes à faire feu, je parviens enfin à neutraliser le deuxième sniper.

Maintenant qu'ils savent que nous sommes là, autant terminer la mission.

Alors que le premier groupe se dirige vers le hangar à notre droite, Adrik, Andretti et moi prenons le chemin de celui de gauche. À peine, nous sommes nous mis en route que le hangar de droite explose, nous nous retournons pour constater que la première équipe n'a pas été touchée par l'explosion, mais qu'un nouveau sniper commence à les cibler. Ivan nous fait alors signe que la situation est sous contrôle. J'allais poursuivre la mission quand je vois la poignée de la porte devant nous, se baisser. Je dégaine aussitôt mon arme pour neutraliser la personne qui s'apprête à sortir quand...

…le bâtiment explose à son tour.

Quand nous rouvrons les yeux, cinq secondes plus tard, nous sommes légèrement sonnés, mais sans plus. Il nous faut quelques instants pour reprendre nos esprits.

Mais alors que je m'apprête à me lever, une pensée me vient :

Et si Lianna était dans l'un de ces bâtiments ?

Et tout à coup, je doute.

J'ai... Putain, j'ai peur. - Un sentiment qui m'est en règle générale bien étranger. 

Personne n’aurait pu survivre à une telle explosion. Et mon subconscient le sait. Raison pour laquelle il doute. 

La poignée de porte me revient alors en tête. Cette personne doit avoir eu le temps de sortir. De justesse, mais il se peut qu'elle soit encore en vie. Nous nous relevons alors et nous approchons du bâtiment en feu juste devant nous.

En nous avançant, nous apercevons une silhouette au sol. 

Une silhouette de femme. 

Nous ne nous sommes pas rapprochés de dix mètres que je comprends qu'il ne s'agit pas de Lianna. La jeune femme au sol a les cheveux bruns au carré. Lianna a de longs cheveux noirs.

Eh merde ! 

Deux nouveaux snipers font leur apparition et cette fois, il sera bien difficile d'en venir à bout.

Je fais alors signe à tout le monde de se replier et de se mettre à couvert dans les véhicules quand Adrik part en courant vers le corps gisant sur le sol.

-        ADRIK ! Putain, mais qu'est-ce que tu fais ? Ramène tes fesses.

-        J'arrive ! - Me répond-il en mettant le corps inerte sur son épaule.

Mais putain, qu'est-ce qui lui prend ?

Arrivé aux véhicules, je fais signe à Andretti de se diriger vers Adrik. Je lui ouvre la portière et il se hisse à l'intérieur après avoir jeté le corps inerte sur le siège à côté de lui. Il referme la porte, et Andretti démarre aussitôt en direction de notre lieu de rendez-vous.

La rage commence à monter en moi. Ce con n'en a fait qu'à sa tête. Au bout d'une minuscule minute de silence et de contenance, je craque.

-        Putain Adrik, on peut savoir pourquoi tu es reparti chercher cette fille ? CE N'EST PAS LIANNA ! – Finis-je par hurler.

-        Je sais. – Me répond-il simplement avant de poursuivre. – Mais cette fille aura peut-être des infos sur ce qui se passait là-dedans. Et qui sait, elle pourra peut-être nous dire si Lianna est...

-        …toujours en vie. - Terminé-je sa phrase.

-        Ouais… Je vois.

Il a en effet eu une bonne idée. Mais je déteste quand il prend ce genre d'initiative. Il va vraiment finir par se faire buter à ce rythme-là.

-        Ok, c'était une bonne idée, mais ne refais plus jamais ça sans m'en parler. Je ne tiens pas à ramener ton cadavre d'Espagne jusqu'en Russie.

-        Oh, mais se pourrait-il que le grand Aleksandr Krylov se fasse du souci pour son petit frère ?

-        Ta gueule, enfoiré. Je ne me tracasse pas du tout pour toi. C'est pour mon dos que je me fais du souci si je dois trimballer ton corps d'obèse jusqu'à ton cercueil.

-        J'apprécie beaucoup ton intérêt pour ma personne. Mais je ne suis pas obèse, Aleks. Je te signale que tu es plus lourd que moi. Le lourdaux ici, c'est toi. - Ajoute-t-il en émettant un genre de ricanement…

-        Bon, ce n'est pas tout ça, mais on fait quoi maintenant ? – Nous interrompt Andretti.

Enfin, un concerné par la situation.

-        On rentre en Russie.

-        Déjà ?

-        Premièrement, ils sont au courant de notre arrivée, ce qui est vraiment bizarre. Et je veux savoir qui est l'enculé qui les a renseignés. Deuxièmement, on n'a plus rien à faire ici. J'enverrai l'équipe de scientifiques inspecter les lieux dès qu'on sera dans l'avion.

-        Et pour Lianna ? – Demande Adrik.

-        Adrik, si tu veux que tout le monde rentre vivant en Russie, il va falloir que tu la fermes un peu.

Je sais que mon frère s'inquiète pour notre sœur. Mais qu'est-ce que je peux bien lui dire ? Qu'il y a nonante-neuf pour cent de chances qu'elle ait été dans ce hangar ? Et que si c'était le cas, elle est morte ? Je ne suis moi-même pas capable de l'entendre, et je ne le veux pas. Alors, on fait comme si tout allait bien jusqu'à ce qu'on soit rentrés, et après, advienne que pourra.

-        Et elle, on en fait quoi du coup ? – Demande Andretti.

-        Elle vient avec nous. 

Je veux avoir une petite discussion avec cette demoiselle. 

Paard vs Krylov : Between dark and lightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant