Le chauffeur de l'Uber me dépose devant l'édifice, me laissant maintenant seule, sans aucun point de repère. Des frissons parcourent mes bras. Un nœud se forme dans ma gorge et m'empêche de respirer normalement. Une douleur lancinante serre mon estomac, comme si l'on me poignardait à répétition. Je passe une main dans mes cheveux et m'approche du hall.
L'hôtel, d'une ampleur impressionnante, surpasse les bâtiments environnants de sa stature imposante. On dirait qu'il peut toucher le ciel. Les divers carrés jaunes, bleus et rouges qui colorent sa façade fournissent une fraîcheur réconfortante, un sentiment qui vient étouffer mon anxiété.
J'ouvre la porte et aussitôt, une délicate senteur d'amandes chatouille mes narines. Un doux sourire se dessine sur mon visage. L'intérieur respire également la chaleur. Les murs transparents aux teintes flamboyantes apportent une sérénité apaisante. Quelques poufs sont disposés devant, probablement pour les clients qui recherchent un moment de tranquillité, accompagnés de journaux sur une table voisine. Je salue l'hôtesse d'un signe de tête et me dirige vers l'ascenseur, puisque je n'ai pas besoin de m'enregistrer. J'appuie sur le bouton et j'attends. J'ai juste envie de me reposer, d'oublier. C'est bien trop lourd pour mes épaules frêles. Je soupire, lasse de cette vie que je n'ai pas choisie.
Arrivée à l'avant-dernier étage, j'insère la clé dans la porte, numéro 31. Je laisse ma valise à l'entrée et me dirige vers la pièce principale. Un immense lit se dresse face à moi, drapé dans des tons neutres. Ils respirent un effluve vanillé. Je me rends devant la grande baie vitrée et contemple le panorama. Düsseldorf se dévoile dans toute sa splendeur. Au loin, la tour de la télévision, que ma mère aimait tant me faire découvrir. Un mélange complexe de bonheur et de ressentiment s'insinue en moi. La joie et la tristesse. Je serre la mâchoire et dépose mes papiers sur le petit bureau en verre, juste à droite de l'écran accroché au mur. Je m'allonge ensuite sur le lit. J'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil, car demain s'annonce comme une journée particulièrement difficile. Je préfère profiter de ces dernières heures où mon visage peut encore sourire.
***
Je n'ai aucune idée de l'heure, mais les rayons du soleil viennent caresser ma mine nonchalante. Je grimace et jette un regard à l'horloge, bien qu'elle soit parfaitement inutile puisqu'elle semble ne plus fonctionner. Je me redresse et étire mes bras. C'est étrange de se réveiller en Allemagne. La dernière fois, j'étais en compagnie de ma mère qui, comme à son habitude, m'apportait mon petit chocolat chaud au lit. Aujourd'hui, seuls ses murmures résonnent dans ma tête. Je me lève, puis me glisse sous la douche située juste à côté. J'allume l'eau et la laisse couler sur ma peau pendant d'interminables minutes. J'aime rester ici, méditer sur tout et sur rien en même temps. C'est une forme de relaxation qui apaise mes incertitudes. Après un long moment, je finis par sortir. Il est temps d'avaler quelque chose avant de m'effondrer. Je noue mes cheveux en une queue de cheval, me maquille rapidement et quitte la pièce.
À l'extérieur, la chaleur se blottit contre ma peau. Aucun nuage ne vient perturber le ciel d'un bleu azuréen. Les oiseaux chantent sur les branches des arbres. Leurs feuilles, dansantes au gré d'une brise légère, composent une mélodie invisible. Je me fraye un chemin parmi la foule, me dirigeant vers la boulangerie Terbuyken, la seule que je connaisse, du moins où subsiste une empreinte de mes souvenirs. Dès l'entrée, l'odeur sucrée et salée chatouille délicieusement mes papilles gustatives. Je passe ma langue sur mes lèvres.
— Bonjour, salué-je, mes yeux se posant sur les viennoiseries alignées avec soin. Je désirerais un apfelstrudel accompagné d'un café bien serré, s'il vous plaît.
La dame, d'une cinquantaine d'années, se tourne vers moi, une gaieté bienveillante naissant sur son visage. Son nom, Armel, est brodé sur sa longue blouse bleue. Elle s'approche du comptoir et presse les touches de sa caisse enregistreuse qui émet un son strident à mes oreilles.
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The Thieves Of Hearts, TOME 1 : Bienvenue en enfer - DARKROMANCE
Romance« N'oublie jamais que tu n'es qu'une proie au milieu des prédateurs, et si jamais l'envie me prend de te dévorer, je le ferai volontiers. » *** Tessa, élevée par sa mère, voit sa vie basculer lorsqu'elle est accusée à tort de complicité de meurtre...