Les rayons dorés du soleil me tirent des bras de Morphée. J'entrouvre les paupières et me redresse avec peine. Une violente douleur tambourine à mes tempes, mes lèvres s'étirent dans une moue de souffrance. Tout mon corps semble endolori. Mon regard balaye frénétiquement l'environnement, un sentiment d'angoisse glacial me paralyse. Cet endroit m'est totalement inconnu, je ne saurais dire où je me trouve. Soudain, mon cœur s'emballe, martelant sa peur à un rythme effréné. Des perles de sueur sillonnent mes joues rougies par la chaleur oppressante de la pièce. Une multitude d'images vrillent dans mon âme, mais celle qui s'impose avec insistance est le visage de cet homme, celui du bar.
Ma bouche prend vie d'elle-même. D'une main tremblante, je repousse la couverture qui enveloppe mes jambes et un frisson me parcourt l'échine. Je découvre que je suis réduite à ma petite culotte. J'ai été déshabillée sans que mon esprit en conserve le moindre souvenir. Je serre les draps entre mes doigts, impuissante face à cette intrusion dans mon intimité. Un cri étouffé s'accroche à ma gorge, mais il ne trouve pas d'issue. Mes yeux se remplissent de larmes que je m'efforce de retenir, tout en sentant le danger imminent.
Soudain, un fracas assourdissant résonne. J'essaie de me lever pour atteindre l'armoire, mais mes jambes fléchissent, la tête me tourne à chaque pas hésitant. Je me cramponne au rebord du lit à baldaquin, la nausée me submerge. La porte s'ouvre brusquement, mais je n'ai qu'une fraction de seconde pour distinguer son visage : je m'effondre violemment sur le sol, prise de spasmes, et j'éjecte tout ce que mon estomac contient.
— Hilda ! crie-t-elle. Ramène-toi ici tout de suite et nettoie cette moquette. Je venais tout juste de la changer, bordel.
D'un geste du pied, elle pousse un seau vide jusqu'à moi. Je penche la tête. Ma crinière exhume l'odeur du vomi.
— Te sens-tu mieux ? me demande-t-elle finalement.
C'est elle. Adéla, debout devant moi, esquisse un sourire du coin des lèvres rosées. Ses longs cheveux bruns couvrent en partie son visage, mais je perçois son regard vert qui me scrute. Elle effleure à plusieurs reprises le collier qui orne son cou avant de s'approcher et de me relever doucement.
— Je ne te ferai aucun mal, précise-t-elle.
— Est-ce que... est-ce que j'ai...
Je ne parviens pas à achever ma phrase. Je m'effondre. Les larmes coulent à flots, irrépressibles. Je ferme les yeux dans une tentative vaine de les interrompre, mais même avec toute ma volonté, elles ne s'arrêtent pas.
— Non, répond-elle calmement. Du moins, je t'ai empêchée d'en arriver là. À l'avenir, évite de t'aventurer au Naseband's, il n'y a que des pervers qui mettent du GHB pour, fin, je ne te fais pas de dessins.
Un soupir de soulagement s'échappe de mes lèvres et apaise mon corps contracté. Peu à peu, la tension s'atténue. Nous traversons les couloirs jusqu'à atteindre une vaste salle de bain. Elle m'assoit sur une chaise, puis s'éloigne. Les mains posées sur mes jambes, je frissonne à cause du froid glacial qui me transperce. Je jette un bref regard au miroir pour y découvrir les cernes creusés autour de mes yeux. À cet instant, je ressens un profond dégoût envers moi-même. Mes ongles qui fouillent ma peau traduisent mon malaise.
— Je vais t'aider à te laver, déclare-t-elle doucement. J'ai pris des affaires pour toi. Vu ta taille, les miennes devraient t'aller parfaitement.
Je sursaute, n'ayant pas remarqué sa présence, ce qui la fait visiblement rire. Elle passe une main dans sa frange avant de s'approcher de moi.
— Ne t'inquiète pas, je ne te toucherai pas si c'est ce qui t'effraie. Je préfère largement les queues.
Un sourire s'esquisse sur ses lèvres, puis elle soulève mes bras pour retirer le dernier vêtement qui recouvre ma poitrine. Un frisson parcourt mon cœur. J'ai une aversion profonde pour tout contact physique. Les séquelles dues à mon vécu demeurent ancrées dans ma mémoire. Adéla prend ma main et nous pénétrons dans la grande douche en face de nous. Elle verse une noisette de shampoing et commence à frotter chaque parcelle de mon corps, jusqu'à s'arrêter sur mon dos.
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The Thieves Of Hearts, TOME 1 : Bienvenue en enfer - DARKROMANCE
Romance« N'oublie jamais que tu n'es qu'une proie au milieu des prédateurs, et si jamais l'envie me prend de te dévorer, je le ferai volontiers. » *** Tessa, élevée par sa mère, voit sa vie basculer lorsqu'elle est accusée à tort de complicité de meurtre...