Installée sur la terrasse, une tasse de thé chaud entre les mains, j'admire une ultime fois le panorama polonais qui s'offre à mes yeux. Le retour programmé pour demain et les caprices météorologiques de Düsseldorf ne m'incitent guère à anticiper notre départ. Nous sommes revenus tôt ce matin, et depuis, je n'ai pas pris la peine de m'attarder sur les autres. La solitude, dans certains cas, me procure un apaisement bienvenu. J'aime m'immerger dans le silence de la nature, prêter l'oreille à la symphonie des oiseaux et aux mouvements gracieux des arbres orchestrés par la brise. Un sourire subtil se dessine sur mes lèvres, que je fais glisser jusqu'à la tasse. L'arôme mentholé suscite en moi une agréable sensation. Tout en prenant une gorgée, mes yeux s'ancrent dans les siens. Lucian vient se positionner à mes côtés, puis allume sa cigarette avec cette habitude qui lui est propre.
— Dans cinq minutes, tu dois descendre, ça va débuter, annonce-t-il d'un ton ferme.
— Je ne pourrais pas rester ici ?
— Tu es parfaitement consciente que la réponse est non.
— Je ne saisis pas pourquoi tu t'obstines à me soumettre à cela, alors que je répugne la violence, soupiré-je.
— Et moi, petite brebis, je te l'ordonne. Tu n'as pas le choix.
Je lève les yeux au ciel puis me redresse pour lui faire face.
— Je ne sais pas ce que tu cherches, mais je ne deviendrai jamais comme toi, m'exaspéré-je.
— Irina a besoin de toi.
— C'est bien trop commode ! Arrête de manipuler mes sentiments, c'est odieux, m'énervé-je.
— Cesse d'être casse couille pour une fois dans ta vie.
Un sourire léger danse sur la bouche de Lucian. Il caresse délicatement mon visage de ses doigts avant d'appuyer ses lèvres sur les miennes.
— Si nous étions à la maison, je t'aurais prise ici. Tu m'excites lorsque tu te mets en colère, s'amuse-t-il.
Je balaye rapidement la terrasse du regard et attrape un coussin posé sur le transat pour le lui lancer à la figure.
— Va au diable, soufflé-je.
— Tiens, j'ai pensé que tu pourrais l'offrir à ton amie en signe de sympathie.
Perplexe, je le toise, et il sort de la poche de sa veste une petite boite. Intriguée, je la prends et découvre un magnifique bracelet argenté, gravé de la lettre I.
— Tu vois, parfois tu n'es pas con, souligné-je.
— Tu es la seule personne que je tolère pour m'insulter ainsi, rétorque-t-il, lassé.
— Et les autres qui ont essayé, qu'en est-il advenu ?
— Morts, conclut-il.
Je réprime un rire et me glisse doucement vers lui, l'enlaçant de mes bras. J'apprécie sentir sa chaleur lorsque je ne vais pas bien, écouter les battements de son cœur pour apaiser les miens. Même si je ne le lui dis pas, Lucian est un soutien que je ne saurais décrire. Je dois avouer que sans lui, je me retrouverais dans un bien triste état.
Lucian se relève, dépose un baiser léger sur mon front, puis s'éclipse. Je demeure là, en proie à une réflexion intense sur la nécessité ou non de me rendre à cette rencontre. L'idée de témoigner une fois de plus de scènes de torture me trouble. Mon esprit, déjà éprouvé, craint de replonger dans un océan d'images macabres où le rouge du sang domine. Un soupir de frustration m'échappe, mais je décide de me redresser. Alors que je parcours les couloirs, la silhouette familière d'Alek se dessine.
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The Thieves Of Hearts, TOME 1 : Bienvenue en enfer - DARKROMANCE
Romance« N'oublie jamais que tu n'es qu'une proie au milieu des prédateurs, et si jamais l'envie me prend de te dévorer, je le ferai volontiers. » *** Tessa, élevée par sa mère, voit sa vie basculer lorsqu'elle est accusée à tort de complicité de meurtre...