Assise devant mon bol dans la cuisine, je n'ai toujours pas ingéré de nourriture depuis trente minutes, durée écoulée depuis mon réveil. J'ignore si cela est dû à l'entretien que j'ai eu avec mon père, à la crainte d'une éventuelle révélation publique, ou encore à la manière dont Lucian a réagi après que j'aie partiellement avoué qu'il exerce sur moi une attraction plus prononcée que je ne l'avais imaginé. Je repousse mes céréales de côté, place mes mains sur mon visage afin de m'isoler dans l'obscurité.
La clarté de ma pensée s'amenuise, et je me trouve dans l'incapacité de poser correctement les questions pertinentes. L'objectif initial de ma mission semble s'estomper, et si je demeure dans cet endroit, c'est simplement parce que je ne dispose plus de raison valable de m'y retenir. Peut-être devrais-je envisager d'accepter cette proposition de séjour en Pologne, afin d'explorer d'autres horizons et de détourner mon esprit de ces préoccupations actuelles. Je pousse un soupir pour la énième fois et porte mon verre de jus à mes lèvres, lorsque mon moment de réflexion est interrompu par l'arrivée d'Adéla qui arbore un sourire rayonnant.
— Je suis consciente que tu ne souhaites pas bouger, mais tu veux m'accompagner jusqu'à l'entrepôt ? suggère-t-elle. Ensuite, nous pourrions prendre un café.
— Est-ce l'autre qui te l'a demandé ? répliqué-je sèchement.
— Non, je n'ai même pas idée de l'endroit où il se trouve.
Adéla hausse les épaules, tire une chaise pour s'asseoir à mes côtés puis pose ses paumes dans les miennes.
— Je tiens à te dire que je n'accepte pas ce qu'il t'a fait subir et si j'ai une mince opportunité de lui remettre les pendules à l'heure, compte sur moi, murmure-t-elle.
— Je ne souhaite en aucun cas que tu endures le moindre préjudice, Adéla, souris-je nerveusement. Je pense que tu as déjà bien assez de responsabilités sans devoir t'ajouter Lucian sur le dos.
— Écoute, ma poule, tu fais partie de la famille, alors personne ne peut te faire de mal, même ce connard qui s'imagine être au-dessus de tout le monde, rétorque-t-elle en roulant des yeux.
— Je ne te l'ai peut-être jamais dit, mais tu es quelqu'un de formidable.
Les larmes prêtes à jaillir, je m'efforce de les retenir, refusant de lui dévoiler ma vulnérabilité. J'aimerais pouvoir lui confier toute la vérité, espérer qu'elle me guide, qu'elle m'apporte des conseils pour ne pas perdre pied. Cependant, au fond de moi, je suis convaincue qu'Adéla serait parée à me condamner, voire à me supprimer, pour l'avoir trahie et pour avoir cherché à emprisonner les siens. Je me trouve dans une situation délicate, et l'impression de m'enfoncer davantage dans l'océan de mes démons s'intensifie à chaque pas que j'effectue.
Je me redresse, et Adéla fait de même. M'approchant doucement d'elle, je l'enlace. J'espère honnêtement qu'un jour elle reconnaîtra que, même à travers mes mensonges, une part de sincérité a toujours persisté.
— Je vais récupérer mon sac et je te rejoins, conclus-je.
Elle m'envoie un baiser avec sa main puis se dirige vers l'extérieur. Quant à moi, je prends une profonde inspiration avant de me rendre dans ma chambre. Je salue quelques hommes sur le chemin, affichant ce sourire qui dissimule mes peines, puis j'ouvre la porte. Je reste quelques instants à contempler la pièce, espérant chasser mes sombres pensées. Je lâche un soupir de frustration et me positionne au niveau de la fenêtre. Alors que j'observe les gouttes de pluie s'écraser sur la végétation, que les bourrasques font danser les branches dans une mélancolique mélodie, mes yeux se fixent sur lui. Mon cœur manque un battement, mes mains deviennent humides. J'ai du mal à respirer tandis qu'un rictus se dessine à la commissure de ses lèvres.
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The Thieves Of Hearts, TOME 1 : Bienvenue en enfer - DARKROMANCE
Romance« N'oublie jamais que tu n'es qu'une proie au milieu des prédateurs, et si jamais l'envie me prend de te dévorer, je le ferai volontiers. » *** Tessa, élevée par sa mère, voit sa vie basculer lorsqu'elle est accusée à tort de complicité de meurtre...