Alors que je glisse le téléphone sous l'oreiller, la silhouette de Lucian se dessine devant moi. Il tire les rideaux et me scrute avec son arrogance coutumière. Ses paumes sont maculées de sang, tout comme le reste de son corps. À cet instant, j'ai l'impression qu'il veut me faire payer ma faiblesse, ce moment où mes émotions ont pris le dessus sur le travail que je devais accomplir. Il lève les yeux au ciel et se dirige vers la salle de bain. Un soupir d'apaisement m'échappe. Je suis légèrement soulagée d'être seule, sans avoir à me justifier en permanence pour mes actions. Ce n'est pas mon monde, ce n'est pas ce que je désire.
Rapidement, j'envoie un deuxième mail pour leur signifier que je préfère tout arrêter, que je souhaite simplement partir et oublier ces horreurs qui ne cessent de me hanter depuis que j'ai franchi les portes de l'enfer. Je veux qu'ils me libèrent de là, même si je dois périr entre les murs d'une cellule. Je range le téléphone dans la table de chevet et me lève. Devant la coiffeuse, j'efface avec la manche de mon vêtement les traces de maquillage qui ont coulé à cause de l'avalanche d'émotions que je subis. Je ne me supporte plus.
Après de longues minutes, Lucian finit par sortir et se dirige vers sa valise installée au pied du lit. Mes yeux restent fixés sur sa silhouette. Il porte seulement une serviette qui lui cache à peine l'intimité. L'eau ruisselle sur son torse. De nombreux tatouages ornent sa peau, mais mon attention se pose sur les cicatrices qui marquent le haut de sa poitrine. Ce sont probablement des brûlures de cigarettes, à en juger par les traces. Je peine à avaler ma salive lorsqu'il s'en rend compte.
— Tu envisages de me mater encore longtemps ? demande-t-il avec un sourire narquois.
— Je préférerais m'arracher les yeux plutôt, soufflé-je.
— Ne joue pas les prudes avec moi.
— Tu as l'air bien renseigné hors que tu ne m'as jamais baisé, rétorqué-je d'une façon provocante.
Sans que je m'y attende, il se jette sur moi et me plaque violemment contre les draps. Son regard intense me transperce. Je tente de me débattre, mais mes poignets sont pris au piège entre ses doigts puissants. Sa force qui me maintient captive crée un mélange de désir et de peur. Une tension palpable s'insinue entre nous. Nos corps sont si proches que je peux sentir la chaleur de sa peau à travers mes vêtements. Chaque contact, chaque effleurement enflamme mes sens.
Mon cœur bat la chamade, mon souffle se faisant irrégulier alors que l'électricité sexuelle entre nous devient insoutenable. Malgré ma volonté de le repousser, une part de moi est troublée par cette attirance, cette danse entre le désir et la répulsion. Ses lèvres frôlent mes joues rougies, puis caressent délicatement mon épiderme.
— Même si je souhaite ta mort, cela ne m'empêche pas de bander quand je te vois.
Sa voix, chaude et suave, résonne à mon oreille. Des frissons parcourent le long de ma colonne vertébrale.
— Va au diable, Schneider.
J'essaie en vain de dissimuler l'émotion vibrante dans mon timbre, mais mon être réagit d'une manière qui me perturbe. Sa proximité est oppressante, son parfum chatouille mes narines. La température monte aussitôt, le temps semble suspendu entre nous, nous isolant du monde extérieur. Malgré ma haine profonde envers lui, le contact de sa peau provoque des milliers de décharges électriques, éveillant une excitation qui me désoriente. Mon cerveau se déconnecte lentement, mon corps n'obéit plus à ma raison. L'envie qu'il me touche l'emporte sur toute logique. Ça ne me ressemble pas, ce n'est pas moi et pourtant je suis sur le point de franchir une limite. Toutefois, la sonnerie de son téléphone retentit, me ramenant brutalement à la réalité.
Je me redresse légèrement alors que Lucian se dégage en marmonnant des mots inintelligibles. Je serre la mâchoire, déçue d'avoir fléchi. Plaçant mes paumes contre mon visage, je m'enferme dans l'obscurité pour chercher à effacer ces images. Ça ne doit plus se reproduire, jamais.
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The Thieves Of Hearts, TOME 1 : Bienvenue en enfer - DARKROMANCE
Storie d'amore« N'oublie jamais que tu n'es qu'une proie au milieu des prédateurs, et si jamais l'envie me prend de te dévorer, je le ferai volontiers. » *** Tessa, élevée par sa mère, voit sa vie basculer lorsqu'elle est accusée à tort de complicité de meurtre...