L'initiation d'une reine - Romantasy -

Chapitre 17 - Wisk -

 Les jours passent, j'évite un maximum Vénus. Je passe mon temps sur le terrain avec Donovan a parfaire l'entraînement des jeunes recrues. Cependant lorsque je le rejoins, je trouve le lieu vide. Je cherche mon ami un peu partout et ne le trouve pas, je rebrousse chemin. Je trouve cela étrange, mais au détour d'une allée du jardin, je tombe sur ce dernier en pleine discussion avec une jeune femme. Je les observe de loin, c'est une prêtresse. Sa robe blanche et rouge ne trompe pas sur sa fonction. Elle a la chevelure aussi rouge que le tissu qu'elle porte, ses iris sont noirs sans aucun doute. Je suis sur le point de partir afin de les laisser seuls, lorsque mon ami me remarque.

— Wisk ! s'exclame-t-il.

— Donovan, réponds-je avec un petit sourire.

— Votre majesté, me salue la jeune femme en s'inclinant.

— Relevez-vous, soufflé-je en lui tendant la main.

Elle s'en empare et me sourit lorsqu'elle relève le visage vers moi. Elle est belle, mais pas autant que la femme qui partage ma vie.

Me voilà dans de beaux draps, si je me mets à penser ainsi !

— Je te présente Héméra, une prêtresse...

— D'Arès, le coupé-je.

Il me fait un petit clin d'œil avant de reporter son attention sur sa proie.

— Héméra me parlait des coutumes de certains temples.

— Oh, cela doit être une autre vie que celle que nous menons, déclaré-je.

— Oui, mais les différents échelons de notre ordre apportent leurs lots de rites. Par exemple, la reine répond à plusieurs dieux.

— Comment ça ?

Elle me scrute, je vois son front se plisser.

— Vous n'êtes pas au courant ? demande-t-elle en me toisant.

Je trouve que cela commence à faire beaucoup de choses dont je ne suis pas au fait ! La colère commence à se répandre dans mes veines. Je suis roi et je ne sais rien, c'est un comble. Alors que je devrai tout savoir et encore plus lorsque cela concerne ma femme !

— Je vous écoute, soufflé-je avec indifférence.

Mon sang boue dans mes veines, j'ai envie de tout réduire en cendre.

— La reine est la seule personne de notre monde à posséder toutes les affinités ou presque.

— Soit plus claire, ma douceur.

La jeune femme a les iris qui s'illuminent au timbre de mon ami. Il est certain qu'il ne va pas dormir seul ce soir, contrairement à moi. Peut-être devrais-je songer à prendre une maîtresse, cela pourrait aider... Je suis sorti de ma réflexion par Héméra.

— Son tatouage, déclare-t-elle en montrant son buste, signifie que la plupart des dieux l'ont choisi, elle est la seule en dehors des dieux à posséder autant de pouvoirs.

— Vous voulez dire qu'elle manie les quatre éléments ? demandé-je afin d'être sûr de comprendre.

— Et plus encore ! Ses capacités ne se limitent pas à celles que nous connaissons. Lorsqu'elle était jeune, elle a même développé le don de prescience ou encore celui de télépathie.

Surprenant !

— Comment se fait-il que personne ne le sache ? demande Donovan.

— Seul les prêtresses et la famille royale sont au courant. Je pensais que vous le saviez tous les deux puisque vous faites partie de son entourage.

Je suis sur le point de répondre à la jeune femme lorsque un serviteur arrive en courant.

— Majesté ! m'appelle-t-il.

— Quoi ?

— La reine vous fait mander de toute urgence.

— Je n'ai pas le temps ! craché-je.

— Majesté, c'est votre mère.

Mon cœur s'arrête à ces simples mots. Ni une ni deux, Donovan et moi nous lançons à la suite du serviteur qui nous conduit jusqu'au boudoir de mon épouse. Cette dernière me tend la lettre dès mon arrivée.

— Que dit la missive ? questionne mon ami.

Je la lis sans attendre. Mes fesses trouvent rapidement un des canapés, ma mère est tombée malade. Ils ne savent pas ce qu'elle a exactement d'après l'écrit de mon père. Il me conseille de ne pas m'inquiéter, mais cela va être difficile. Je sens la douleur se répandre dans mon être, après Esmia je vais peut-être perdre ma mère. Je ne suis pas prêt pour cela.

— Les pégases nous attendent, annonce-t-elle.

Nous restons tous interdits.

— Des pégases ?

— Oui, aurais-tu préféré une hydre ? Ou un lion ?

Je secoue la tête, décidément elle ne me porte vraiment pas dans son cœur.

— Quand sont-ils arrivés ? l'interrogé-je.

— Il y a deux jours, déclare-t-elle sans en dire plus.

— Comment as-tu su ? continué-je.

Elle soulève les épaules avant de reprendre.

— Une intuition sûrement, renchérit-elle.

— Vraiment ?

Elle ne me répond pas, elle se dirige vers sa chambre. Je continue de fixer la lettre, incrédule. Ma pauvre mère est souffrante. Si je la perdais, je ne m'en remettrais pas, c'est certain. Mon cœur se serre à cette pensée, j'essaie d'éloigner cela. Peut-être est-ce tout simplement passager ? Je l'espère.

Mon épouse réapparaît, elle s'est changée. Elle a revêtu un pantalon violet mettant ses formes en valeur, un haut de la même couleur et son gros manteau en fourrure. Elle a troqué sa grosse couronne contre un diadème et un collier en améthyste. Je ne sais pas pourquoi elle porte mes couleurs, mais je la trouve magnifique ainsi.

— Bon, nous y allons ? s'impatiente-t-elle en jouant avec ses gants.

Je lui fais un signe de tête, puis nous descendons jusqu'aux écuries. Nous nous retrouvons en face d'une dizaine de bêtes plus belles les unes que les autres. Un magnifique étalon noir s'approche de nous, puis il vient hennir près de ma femme. Cette dernière s'illumine à son contact. Je ne l'ai jamais vu ainsi et je trouve cela regrettable.

— Bonjour, Damadon, le salue-t-elle, je te présente mon époux le roi Wisk.

— Majesté, déclare ce dernier en inclinant la tête.

Les pégases sont les seuls en dehors des créatures magiques à communiquer verbalement.

— Ravie de vous rencontrer, réponds-je.

Les pégases se mettent en formation, puis la calèche se rapproche de nous. J'aide Vénus à monter dedans, puis je m'installe à ses côtés. Nous sommes seuls, Donovan et la suivante de la reine prennent une autre voiture.

Mon regard se perd vers l'extérieur, jusqu'à ce que la main de Vénus s'empare de la mienne. Nous ne prononçons pas un mot, mais par ce simple geste elle me montre son soutien. Tout n'est peut-être pas perdu pour nous...