L'initiation d'une reine - Romantasy -

Chapitre 21 - Vénus -

 Le néant, c'est tout ce que je perçois. Rien d'autre, le froid a disparu, tout comme la chaleur. Je flotte dans cette noirceur. Les enfers seraient elles un mythe ? Je me le demande. Mes pieds avancent seuls, je sais que je devrais paniquer, mais je le reconnais, je suis en paix. Pour une fois, rien ne me tourmente, aucune de mes visions ne m'empêchent de dormir ou de réfléchir et mes angoisses ont disparu.

Peut-être est-ce cela finalement les enfers ?

Cela étant, errer ainsi pendant des lustres risque de me rendre complètement folle. Je ne suis pas certaine que cela soit si plaisant que cela finalement.

— Bonjour, ma reine.

Mes yeux se portent partout autour de moi, je ne vois rien pourtant je suis certaine d'avoir entendu une voix.

— Tu n'as pas rêvé.

Dans l'obscurité, une silhouette apparaît. Ma tête se penche, je n'arrive pas encore à distinguer de qui il s'agit. La lumière change brutalement pour me révéler un paysage que je n'attendais pas. Nous sommes au bord d'un lac ou l'eau est si cristalline que je peux voir le peuple aquatique qui y vit. Des hommes-poissons vivent en toute tranquillité dans les profondeurs de cet étang. Ils n'ont rien à voir avec les sirènes qui elles sont des femmes-ailées.

Je me rapproche afin de voir leur monde. Ce dernier est lumineux ! Je n'aurai jamais pensé une telle chose, pourtant cela ne devrait pas m'étonner. Le monde est bien plus surprenant que ce que nous pouvons imaginer. Les dieux sont infinis après tout.

— Je suis content que tu penses ainsi, souffle l'homme.

Étrangement, je l'avais presque oubliée, trop absorbée par ce peuple qui vit en toute tranquillité.

— Pardonnez-moi, murmuré-je en me tournant et en m'inclinant.

Ses doigts glissent sous mon menton, il m'oblige à relever la tête vers lui. Lorsque je croise ses iris noirs, je sais de qui il s'agit.

— Tu es perspicace, Vénus. Je suis ravi d'enfin te rencontrer.

— Votre déité, déclaré-je avec solennité.

Il me sourit avant d'ouvrir de nouveau la bouche.

— Mes frères t'ont tous les deux choisis, je me suis demandé pourquoi. Enfin, jusqu'à ce que je vois les sacrifices dont tu es capable.

Je n'ai aucune idée de si je dois bien prendre cela ou non. Il ne semble pas offensé pourtant je jurerai que j'ai entendu une pointe de colère dans sa voix.

— Oui, je suis furieux après toi. Tu as été choisi par une grande quantité d'entre nous et tu choisis de te sacrifier pour une femme !

— Elle est ma marraine, rétorqué-je.

— Elle pourrait être la reine de votre monde qu'aucun d'entre nous ne t'autorise à prendre une telle décision ! Nous avons pour la plupart misé sur toi, tu n'es pas en droit de nous décevoir de la sorte !

Il est furieux, la colère le rend encore plus beau. Il a une aura si magnétique ! Je comprends parfaitement pourquoi il dirige les enfers. Hadès semble s'apaiser.

Grandiose, un télépathe !

Le sourire qu'il affiche est éblouissant.

Et bien ça y est, je peux mourir en paix après un tel spectacle. Ici gît, Vénus Vothros, éblouit par la beauté d'un dieu.

Le dieu en face de moi explose littéralement de rire et je ne tarde pas à le rejoindre. Il me tend la main et je m'en empare.

— Je suis ravi de te rencontrer, Vénus. Et je t'annonce que je te choisis ainsi que ton époux.

Ses mots m'arrêtent, mon regard se pose sur lui avec étonnement. Que veut-il dire par là ? Je suis morte, non ? À moins que je ne sois en plein rêve ? Mon esprit s'échauffe à vitesse grand « V ».

— Tu es toujours vivante, ma reine. Je tenais juste à te parler avant de te renvoyer.

— Arff super. Vous me renvoyez auprès de lui...

— Il n'est pas moche, Vénus.

— Il n'est pas non plus celui que j'ai choisi, soufflé-je.

— Riley ne te méritais pas. Cependant, sache que si ton roi ne te satisfait pas, il me fera plaisir de te rejoindre la nuit.

La surprise s'inscrit sur mes traits. Il vient carrément de me proposer d'être mon amant ! C'est sûr désormais, j'ai perdu la tête !

— Non, tu as bien entendu ce que je viens de te dire, souffle-t-il à mon oreille.

Mon épiderme frissonne à sa proximité, ma respiration s'accélère.

— Si tu étais devenu une prêtresse comme tu l'aurais dû, la question entre nous ne se serait pas posée. J'aurais pu venir te courtiser, te révéler ma nature et si tu l'avais voulu nous aurions eu une aventure, voir même une histoire. Cependant, la destinée en a décidé autrement. Toutefois, je trouve cela important que tu saches que je serai honoré de partager tes faveurs.

Là, je ne sais vraiment pas comment je dois l'interpréter. Me prendrait-il pour une courtisane ?

— Oh non ! Tu ferais une déesse incroyable, annonce-t-il.

Je suis sur le point de répliquer que je ne comprends pas tout ce qu'il me dit lorsqu'il m'en dissuade d'un signe de main.

— Je vais te renvoyer autrement il sera trop tard. Néanmoins, je me dois de te prévenir. Tu as contrariée une déesse extrêmement puissante, elle ne te laissera pas t'en sortir ainsi...

— Mais...

Brusquement, je sens que je suis tirée en arrière. La chute est brutale, l'air entre avec douleur dans mes poumons, j'ai mal partout et devant moi se tiennent deux hommes : mon époux et Hadès. Le dieu disparaît après quelques secondes me laissant dans les bras de mon mari, l'esprit embrumé.