Chapitre 53 - Wisk -

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 Idiot ! Voilà de quoi j'ai l'air. Elle s'est embrasée comme une torche. Il est vrai que je n'étais pas heureux d'épouser Esmia quand je l'ai appris, mais avec le temps j'ai compris que me marier à ma meilleure amie était la meilleure chose à faire. Entre nous tout serait constant, alors que l'amour est imprévisible.

Je ne comprends pas sa réaction, elle est excessive. Elle a aussi été dure, comme si j'étais un monstre. Je ne vois juste pas pourquoi cela lui pose tant de soucis. La proposition du royaume voisin est honorable.

— Majesté, murmure une voix me sortant ainsi de mes pensées.

— Oui ?

— Vous êtes demandé dans la salle du conseil.

— Bien.

Le serviteur quitte la pièce. Je range rapidement mon bureau avant de me rendre auprès du conseil. Les paroles de Vénus ne cessent de tourner dans mon esprit : « je viens juste de me souvenir pourquoi je te déteste ! ». Cette phrase me remue les tripes. Ce n'est pas ce que je souhaite entre nous, au contraire. Et avec tout ce que j'ai pu voir ces derniers jours, le fait qu'elle me haïsse me fait bien plus mal. Si je n'avais jamais vu notre attirance, si je n'avais pas conscience de l'avenir, cela ne m'aurait pas touché. Cependant, je sais qu'elle va m'aimer et que je vais lui rendre cet amour. Je dois aplanir les choses afin que nous trouvions un terrain d'entente.

La porte de la salle du conseil s'ouvre, ils sont tous présents et la reine déboule au même moment que moi. Elle ne me jette même pas un regard.

— Messieurs, annonce-t-elle froidement.

— Vos majestés, nous saluent-ils avec respect.

— Je ne vais pas palabrer, reprend-elle. Vous allez promulguer une loi.

— Euh oui, laquelle, majesté ?

— Les mariages arrangés sont interdits ! L'homme et la femme devront pour se marier désormais, donner leur consentement en toute liberté ! Rien ne pourra leur être imposé !

— Mais... commence l'un des conseillers.

— Les jeunes femmes devront être âgées d'au moins dix-sept ans pour se marier.

Les hommes présents sont surpris, mais surtout contre cette loi visiblement.

— Majesté, la coutume veut que...

— Je me fous de vos coutumes, des droits que vous pensez vous les hommes avoir sur les femmes. Les prêtresses sont libres, alors les femmes de notre royaume le seront. Obéissez ou je n'aurai aucun scrupule à vous faire condamner à mort !

La sentence est claire, Vénus est parfaitement sérieuse et nous pouvons tous le constater.

— Vénus, tenté-je.

— Toi, tu restes en dehors de ça.

— Je suis ton mari et le roi de vothros.

— Tu n'es qu'une pièce rapportée, crache-t-elle avec dédain. Je suis le choix des dieux ! Je n'ai pas besoin de toi, ni même d'eux ! Je peux régner sans vous, les dieux me soutiendront !

Elle a raison.

— Ta réaction est excessive, soufflé-je.

— Excessive ! s'emporte-t-elle. Dis-moi, Wisk, est-ce que tu sais ce que c'est d'être pris de force ? Est-ce que tu sais ce que c'est qu'un homme s'allonge sur toi dès que l'envie lui en vient sans te demander ton accord ? Est-ce que tu sais ce que c'est que de se faire battre parce que tu te défends ? Est-ce que c'est toi qui va être obligé d'épouser l'homme qui t'a violé et de devoir le supporter ? Est-ce que c'est toi qui va devoir mettre les enfants de ton agresseur au monde ?

La fureur, ses iris sont noirs et une aura rouge l'entoure.

— Non, bien sûr que non. Quand les hommes porteront la vie nous leur demanderont leur avis sur nos droits ! reprend-elle. En attendant, vous n'avez plus voix au chapitre. Mon royaume, mes règles !

Le tonnerre gronde dans le ciel surprenant tout le monde.

— Maintenant, obéissez ou perdez la tête !

Puis elle quitte la pièce sans un regard en arrière. Je reste pantois, elle était terrifiante et je n'ai aucun doute sur le fait qu'elle mette sa menace à exécution.

— Elle a perdu la tête, murmure un des conseillers.

— Non, déclaré-je. Votre reine vous a donné un ordre.

— Mais, votre majesté, les nobles et les paysans ne vont pas apprécier.

— La loi de la reine est immuable. Le coup de tonnerre aurait dû vous faire comprendre qu'elle a le soutien des dieux. Je vous recommande donc de ne pas les énerver et de vous exécuter.

Certains ronchonnent pour les autres, ils semblent en accord avec mes paroles. Ils ne peuvent rien entreprendre si c'est la volonté des déités. Ils s'inclinent avant de me laisser seul. Une fois qu'ils sont tous sortis, je m'assois et Donovan me rejoint.

— Tu as bien fait de la soutenir.

Je hoche la tête, mon esprit réfléchi encore à ce qu'il vient de se dérouler. Vénus m'a relégué à une pièce rapportée, comme si je n'avais pas mon avis à donner. Pourtant je suis roi, mais elle pourrait décider que je ne suis que roi consort, ce qui ne me donnerait plus le droit de gouverner à ses côtés.

— Elle a bien agi, annonce Donovan.

— Tu le penses ?

— Oui, souffle-t-il. Tu as été épargné, mais pour ce qui est du reste du royaume ce n'est pas le cas. Vothros est prospère, mais les femmes n'ont pas de droits, certaines d'elles sont même offertes par leur mari pour payer leurs dettes...Crois-moi, ce qu'elle vient d'entreprendre va révolutionner notre monde.

Et je ne suis pas certain que notre monde soit prêt pour cela.

L'initiation d'une reine - Romantasy -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant