Quelques instants plus tôt.
Donovan est sur la terrasse lorsque je le croise, il s'incline avant de me sourire. Mon humeur n'est pas légère, l'inquiétude s'est emparée de moi depuis plusieurs jours. J'ai cherché à prévenir Wisk le soir de notre baiser, mais il a envoyé balader mon serviteur.
Mon don de prescience est toujours autant un fardeau, surtout lorsque je sais à l'avance ce qui va se dérouler. Je n'aime pas cela, pourtant je ne peux pas faire abstraction.
— Majesté, comment allez-vous ? demande Donovan.
— Vraiment, mon cher, auriez-vous oublié notre amitié ?
Il sourit encore plus avant de se rapprocher de moi, de prendre ma main et de déposer un baiser dessus.
— Tu as été gentille avec lui, je t'en remercie, murmure-t-il.
— Je ne suis pas une garce en tout temps, soufflé-je en enlevant mes gants de mécontentement.
— Je le sais, ma reine.
Un mauvais pressentiment me tenaille et je ne tiens plus.
— Excuse-moi, déclaré-je en me détournant et en retournant dans le palais.
Mes pieds foulent les marches avec rapidité, puis je parcours les couloirs afin de me rendre jusque dans la chambre de la reine Émmé. Je ne me fais pas annoncer, je pousse le battant. La reine est allongée dans son lit, un linge sur la tête. Les guérisseurs s'épuisent visiblement.
— Veuillez vous écarter et me faire un rapport.
Les deux hommes sont décontenancés, mais ils se ressaisissent rapidement. Leur compte rendu confirme ce que je présentai, ma marraine n'est pas entre de bonnes mains.
— Vous ne servez à rien ! grondé-je au moment où la porte s'ouvre.
Wisk essaie de me tempérer, mais c'est mal me connaître. Je ne laisserai pas une personne que j'aime souffrir !
— Poussez-vous, ordonné-je.
Tous obéissent, je me rapproche des fenêtres puis les ouvrent en grands. Il y a besoin d'air dans cette pièce. Je détache mes cheveux afin d'être plus libre, mon corps se tend en appelant mes pouvoirs à moi. Une de mes mains se pose sur son épaule et l'autre sur son ventre, je prends une grande respiration avant de me lancer.
Je sens l'énergie que la reine dégage, puis je demande à mon élément de me venir en aide. Il parcourt le corps de ma marraine, je continue de fouiller et de chercher ce qui pose problème. Je ne sens rien, puis brusquement je la perçois. C'est léger, mais bien présent, c'est une énergie particulière qui empoisonne le sang. Mes paumes se retirent, je commence à transpirer, cela me demande beaucoup d'énergie. Ma respiration est difficile et laborieuse.
— Vénus, souffle Wisk en m'approchant.
— J'ai trouvé, réponds-je, je dois juste l'extraire.
— L'extraire ? me questionne-t-il en me tenant le bras. Seriez-vous aussi guérisseuse ?
Je hoche simplement la tête et lui ne montre aucun étonnement. Je ne m'en formalise pas trop. Mon être se décale afin de parler aux deux guérisseurs.
— Je vais avoir besoin d'une prêtresse d'Arès en plus de vous deux.
— Mais, commence l'un des deux.
— Je ne vous demande pas votre avis, obéissez.
Le plus jeune décampe, l'autre me rejoint. Quant à moi, je repousse Wisk doucement afin de retirer ce qui me couvre. J'ai besoin de porter le moins de vêtements possibles. C'est ainsi que je me retrouve en corset et boxer devant tous les hommes de la pièce, mais peu importe. Mes genoux trouvent le sol devant le lit, puis je m'empare de la main d'Émmé avant de repartir à la recherche de cette affection. Ma concentration est à son paroxysme, les mains du guérisseur se posent sur mes épaules afin de m'aider à garder mes forces. Elles s'amenuisent bien plus que de raison et je ne comprends pas pourquoi.
— Majesté, vous faiblissez, annonce une voix que je ne reconnais pas.
— J'y suis presque, affirmé-je dans un souffle.
— Majesté, vous devriez arrêter, c'est un trop gros risque.
— Je ne laisserai personne mourir ! craché-je.
Les deux paumes frêles sont remplacées par une poigne que je connais, sauf que la force qu'elle m'insuffle n'est rien en comparaison des deux guérisseurs. L'énergie me permet de trouver la source profondément enfouie. J'appelle à moi l'élément de l'eau afin de tout faire ressortir par les pores de sa peau. Je ne me concentre que sur cela, je ne lâche rien jusqu'à ce que tout soit entièrement sorti. Je ne dois surtout pas laisser tout cela en place ou cela pourrait contaminer d'autres personnes. Je fais appel à l'élément de la Terre créant ainsi un petit monticule dans lequel je pousse tout afin de nous en débarrasser.
Chère déesse,
Que ton amour pour la Terre soit notre guide,
Que ta force guérisse nos âmes et nos cœurs,
Aide-nous à restaurer l'équilibre et la paix,
Et à faire disparaître l'énergie négative qui nous tourmente.
Nous te remercions, Déesse Gaïa, pour ton écoute,
Et pour ta présence apaisante dans nos vies.
Que ton souffle bienfaisant nous enveloppe,
Bénis sois-tu.
Lorsque j'ai libéré la reine, mes mains se retirent, je sens mon être faiblir. Je ne contrôle plus rien et m'effondre comme une poupée de chiffon.
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L'initiation d'une reine - Romantasy -
RomanceSa soeur jumelle meurt. Elle est obligée de monter sur le trône et d'épouser son pire ennemi. Quand la vie de dévotion de Vénus se transforme en enfer... Venez découvrir ces deux caractères explosifs !