A l'encre de ton Coeur Tome 2

Chapitre 8 : Jack

25 août 2022 — San Francisco

Tandis que Meghan se repose, Jack s'occupe de Livio qui est aux anges de retrouver ses parents. Camilia dort après une première partie de matinée très active. En général, après le bain, elle tombe comme une masse. Elle devrait se réveiller vers 11 heures, ce qui nous laissera tranquillement le temps de nous rendre chez Mamina pour le déjeuner.

Je sors à l'extérieur pour fumer une clope peinard.

Le soleil est au rendez-vous et je m'installe instinctivement vers le bougainvillier planté par Rose il y a des années. Ses fleurs d'un rose puissant donnent un aspect très féminin à cette partie du jardin. Tout comme les petits cailloux blancs dont le chemin serpente jusqu'à la baie vitrée. Je suis heureux que Dan et Meghan en prennent soin.

— Ça fait bizarre d'être ici...

Je ne me retourne pas. Inutile. Je suis sorti pour avoir un moment de paix pendant la sieste de ma fille et finalement la tranquillité n'est pas à l'ordre du jour. J'expulse la fumée et un bon soupir pour tenter de ne pas céder à mes instincts primaires. Oui, parce qu'il y a sept ans, je ne me serais même pas posé la question, je lui aurais refait le portrait direct.

— Jack... je comprends que t'as du mal à supporter ma présence, mais je souhaiterais réellement qu'on essaie d'aller de l'avant.

— ...

— Jack.

Ouais, je sais que je peux encore être un vrai connard quand je veux. Mais bon, il est peut-être temps de s'expliquer. En gardant mes poings dans mes poches.

— Ouais ?

— On peut parler ?

J'en profite pour me retourner et l'affronter. Je reste à le détailler, à chercher les différences entre le Darell de mes souvenirs et celui qui me fait face, celui de Rose. S'il a toujours son look d'éternel surfer bohème, ses cheveux sont légèrement plus courts et sa barbe négligée de quelques jours a disparue. Il semble heureux. Le beau gosse californien dans toute sa splendeur.

— Je t'écoute.

— T'auras peut-être envie de m'en mettre une, mais je prends le risque.

Je pouffe devant son audace.

— J'ai toujours été un homme à femmes. J'aimais profiter de la vie, de leurs charmes sans jamais m'engager dans une relation suivie. Tu le sais, tu fonctionnais presque de la même manière que moi à l'époque.

Il marque un point et contre toute attente, je suis curieux d'entendre la fin.

— Et puis Rose est arrivée. Bien sûr elle a eu droit à mon numéro, j'ai frimé devant elle, mais ça n'a pas marché. Déjà Dan m'aurait broyé les couilles et ensuite, plus je passais du temps avec elle, plus je découvrais une jeune femme adorable et sensible. Mais j'ai rapidement compris qu'il n'y avait que toi. Dès le début j'étais amoureux d'elle, de son aura passionnée, de son empathie, tellement semblable à la mienne. Mais elle m'a relégué à la friendzone et je me suis fait une raison.

— C'est comme ça que tu appelles ça ? T'es resté tapi dans l'ombre en attendant que l'imbécile de Jack fasse de mauvais choix... et hop, tu l'as mise dans ton lit !

Mon index qui tambourine sur son torse me permet d'évacuer cette rage qui déborde de ma poitrine à l'entente de ses aveux.

— Tu sais très bien que ça ne s'est pas passé comme ça.