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– Bah alors ? Tu n'as pas ramené ton sac à dos de survie Caldwell ?

Je fis celle qui n'avait pas entendue mais c'était peine perdue. Quand Tristan McBride avait quelque chose en tête, il était pratiquement impossible de la lui retirer. C'était ainsi depuis notre enfance. Depuis le jour où cette enflure avait voulu manger l'intégralité de mon goûter au jardin d'enfant. Je me souvenais de ce jour avec une impressionnante précision : J'avais trois ans et comme à mon habitude, je trimballais mon goûter dans une lunch box. Elle était magnifique avec sa lune et ses étoiles. Je m'étais assise sur l'herbe, j'avais ouvert ma boîte et j'avais vu deux pieds devant moi. Ces tennis étaient reliées à deux jambes en jean et à un petit garçon qui était arrivé trois jours plus tôt dans le groupe. Il avait de grands yeux verts et des cheveux blonds. Il avait un paquet de Cookies de chez Hershey's. J'avais vu le paquet dans un magasin et il m'avait vraiment donné envie. Mais Maman avait refusé. Elle préférait me faire à manger plutôt que de me laisser prendre des produits industriels. Comme elle me le répétait souvent : « quand ce sera la fin du monde, on aura tout le temps pour en manger ».

– On partaze ?

Il zieutait sur mes fruits et mes gâteaux avec envie. J'avais envie de l'envoyer voir ailleurs si j'y étais mais une petite voix dans ma tête m'avait fait comprendre que je ne pouvais pas refuser. J'avais accepté... et ça avait été le début de la fin. Sa vision du partage consistait à me laisser goûter un gâteau de son paquet et de s'enfiler comme un porc tout mon goûter. Quand j'avais voulu lui dire d'arrêter, il avait plongé son regard pédant dans le mien. C'était à ce moment précis que j'avais compris : Ce garçon ne serait jamais mon ami. Jamais.

Quatorze ans plus tard, on n'en était toujours au même point. Quand il voulait quelque chose, McBride faisait tout son possible pour l'obtenir. Et depuis quelques temps, j'étais devenue sa cible favorite. Enfin non. J'étais toujours leur cible favorite, à lui et à sa bande de clébards qu'il appelait ses potes. À l'âge six ans, il prenait un malin plaisir à me bousculer en sortant en récréation. Je m'étais plus d'une fois écorchée le genou à cause de lui. À dix ans, il m'avait collé les cheveux avec de la superglue en cours d'arithmétique. J'avais été obligée de couper mes boucles qui m'arrivaient presqu'aux reins. J'en avais pleuré pendant des jours en me regardant dans le miroir. Quand nous étions devenus des Freshmens, sa bande et lui m'avaient coincée dans un coin reculé du lycée pour me demander pourquoi j'étais aussi bizarre et pourquoi je ne voulais pas m'habiller sexy comme les autres. Quelques jours après ça, l'un d'entre eux m'avait choppé et avait découpé ma robe. Je n'étais pas du genre à réellement me battre et être constamment dans la ligne de mire de quelqu'un était épuisant.

– Youhou ! Caldwell ! Je te parle.

Il attrapa mon bras pour me contraindre à le regarder. Cet abruti était devenu grand avec l'âge et avait développé une musculature déjà impressionnante. Il était la coqueluche de l'équipe de basket du lycée et d'après la rumeur, il avait été repéré par une université. Un vrai petit prince pour toutes les filles qu'il venait pas faire chier comme moi. Il arborait constamment son blouson floqué du blason du lycée. Je ne payais pas de mine à côté de lui.

– Il ne me semble t'avoir autorisé à me toucher, rétorquai-je sèchement.

– Arrête ton féminisme à deux balles, je pensais que tu ne m'avais pas entendue, souffla-t-il en passant une main dans ses cheveux.

– Je t'avais parfaitement entendu, McBride, mais j'en ai royalement rien à foutre de ce que tu peux me dire.

Un sourire effleura son visage. Pourquoi les autres ados avaient des boutons mais pas lui ? Sa peau était sans aucun défaut, comme s'il sortait d'une pub. Il me rappelait ses acteurs qu'on voyait dans les séries pour ado.

Zombies for ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant