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Helena

Tristan avait terminé de réparer la voiture, qui vrombissait comme au premier jour. Mon oncle aurait adoré voir qu'elle n'était pas bonne pour la casse. Je passai une main sur le capot, caressant cette bagnole qu'il affectionnait tant.

Mon oncle m'avait appris les rudiments de la conduite sur cette voiture. J'avais 13 ans. Ma mère avait crisé en nous voyant, mais mon père, lui, s'était contenté de sourire d'un air fier. Papa. Je m'arrêtai, prise par les émotions. Je tentai tant bien que mal de les chasser mais elles commencèrent à s'accrocher à mes cils, jusqu'à dévaler sur mes joues.

Quelques instants plus tard, McBride m'attrapait contre lui pour me consoler. Tout ce qu'allait provoquer cet idiot, c'était des torrents de larmes. Mes mains s'agrippèrent à son vêtement. Lui aussi allait me quitter, comme les membres de ma famille. J'allais rester toute seule. Il allait prendre Tess avec lui, tourner les talons. et ne jamais revenir. C'était ce que je craignais le plus. Le perdre. Mon cœur m'avait pris en traître de ce point de vue. Il m'avait rendue faible. J'allais essuyer les affres d'un chagrin d'amour alors que j'avais bien des choses à faire.

Mais pour le moment, j'étais au creux de ses bras, heureuse d'avoir un autre être humain à mes côtés. Peut-être avais-je été trop catégorique... et si je partais avec lui ? Ne serait-ce pas le meilleur moyen d'arriver au Canada plus rapidement... Mais tu ne veux pas rencontrer la mère de Tessa qu'il aime plus que tout. Et puis... c'est sûrement pas politesse qu'il t'a proposé de venir avec lui, il ne le veut pas vraiment.

Je me reculai de son étreinte avant de m'essuyer les yeux.

– Mon oncle... mon oncle serait tellement heureux de voir Becky revivre. Merci, Tristan.

Je me tournai vers le véhicule une dernière fois.

– Bon. Nous devons préparer votre départ.

– On ne prendra pas plus que ce avec quoi nous sommes arrivés. S'il arrive quoi que soit au véhicule, on doit pouvoir partir vite. Je vais m'en occuper.

Mon cœur se serra mais je fis bonne figure, l'ombre d'un sourire sur les lèvres avant d'acquiescer. Il n'avait pas besoin de moi effectivement. Après tout, il avait été père rapidement. Les responsabilités, il devait connaître ça sur le bout des doigts. Je profitai de la longue journée que j'avais devant moi pour continuer mes expérimentations, et ce, malgré l'excitation de mon zombie. Il était particulièrement virulent, mais tant qu'il ne me mordait pas, je n'avais pas de risque d'infection.

Mes analyses sanguines étaient bonnes après l'injection de mon produit, même s'il m'avait mis totalement KO. J'avais réussi à prélever un peu de matière au zombie et je la manipulai avec soin. J'avais failli me faire mordre pour les récupérer. J'avais de la chance en plus. La femme n'avait pas été transformée depuis longtemps. Je pouvais voir l'évolution de la maladie. Je n'étais pas triste de l'utiliser. Elle n'était plus humaine. Elle était morte au moment où la zombie en elle avait pris le dessus. Je posai mon tube à essai sur le support avant de le refermer, direction l'incubateur. J'avais encore passé quatre heures ici. Le soleil n'était plus qu'un vague souvenir. Je rentrai rapidement dans le chalet où Tessa pleurnichait.

– Je veux pas repartir ! hurla la petite.

– Tu sais très bien pourquoi nous le devons et je ne te demande pas ton avis, Tessa McBride, répondit Tristan sur le même ton. Si tu n'es pas contente, tu peux aller dans ta chambre. Je n'ai nullement l'intention de discuter avec toi. C'est comme ça, point barre.

La petite passa près de moi en larmes et monta les escaliers avant de claquer la porte. Tristan avait une dureté dans le regard que je ne lui connaissais pas. Il détourna le regard pour éviter de croiser le mien.

Zombies for ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant