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Helena

Le lendemain, je me sentais plus fatiguée que jamais. Je n'avais réussi à dormir qu'une bonne demie-heure après le départ de Tristan. J'avais regardé son dos s'éloigner de moi en pensant qu'il reviendrait, mais ce n'était pas le cas. J'avais récupéré mon plaid et tenté de m'endormir, les yeux rivés vers les flammes, mais c'était peine perdue. J'avais fini par éteindre la cheminée et là... j'avais la tête dans le cul. Pourtant, j'avais beaucoup de choses à faire. Je me levai pour me trainer vers la cuisine et le système de domotique. J'ouvris toutes les pièces de la maison sauf la chambre où mes invités dormaient. J'avais des invités chez moi. La vache. Je ne m'y attendais pas du tout mine de rien. Je jetai un coup d'œil au dehors vers la barrière. Aucun zombie n'était venu se griller les miches chez moi. Tant mieux.

J'ouvris la fenêtre de la cuisine, laissant un froid glacial s'infiltrer dans la maison. La neige était tellement tombée qu'elle recouvrait même les traces du pick up. Je plissai des yeux. Laisser partir McBride et sa fille sous cette neige n'était pas envisageable. Ça veut dire que j'allais me devoir farcir ce mec et ses remarques désobligeantes.

Je n'avais toujours pas digéré son reproche sur le fait que je vivais dans un paradis pendant que le reste de l'humanité mourrait. Si le paradis ressemblait à ma vie, je préférais tout faire péter pour aller en enfer. Je n'avais pas parlé à un autre être humain depuis des années avant lui. J'avais presque peur que ma voix soit devenue éraillée à force de ne pas l'utiliser. Il m'arrivait parfois de ne pas parler de la journée. Je me forçais à le faire avec les bêtes notamment. Mais c'était trop peu. Je n'avais jamais été une personne aimant la foule ou extravertie, mais pour autant... la présence d'un autre humain me manquait, indéniablement.

Je refermai la fenêtre pour me rendre dans ma salle de bain. Je ne pouvais pas aller dans la chambre récupérer mes habits. J'allais devoir me contenter de ceux de la veille. Je me déshabillai en laissant mon pyjama au sol pour me rendre dans la douche, brûlante. Je posai ma main sur la vitre embrumée. J'adorais ça, petite, dessiner sur la paroi de la douche. Mes yeux me piquèrent. Je ne pouvais pas penser à mon enfance sans pleurer la disparition de mes parents. C'était encore trop frais. J'avais fait de mon mieux pour tenter de donner à mon père une sépulture décente. Après avoir brûlé son corps, j'avais amassé les cendres pour les disposer près de celles de ma mère. Ils reposaient pour l'éternité sous le chêne du jardin de ma maison d'enfance. Si le monde redevenait comme avant, je pourrais déterrer les urnes funéraires pour les emmener ici. Leur faire une tombe digne de ce nom.

Je repassai ma tête sous le jet d'eau avant de le couper pour me savonner. J'avais accroché ma serviette au porte-serviette de la douche et je m'enroulais dedans avant de sortir pour mieux me frictionner. Je venais juste d'enfiler mes sous-vêtements lorsque la porte s'ouvrit sur McBride. Bien évidemment. Le mec devait se croire chez lui. Il s'arrêta net en me voyant. Ses cheveux étaient emmêlés, son air fatigué, mais ce n'était pas ce qui m'interpellait le plus. Il avait les yeux scotchés sur mes seins. Okaaay. Son regard descendit sur le reste de mon corps avant finalement de se rappeler que ce corps était relié à une tête. Mes yeux s'étaient plissés de colère.

– Tu as bientôt fini ? J'ai grave envie de pisser.

Quel porc.

– Il y a d'autres toilettes dans la maison.

– Et comment je suis censé le savoir ? J'ai manifestement pas fait le tour du proprio. Alors ?

Une vraie tête à claque. J'attrapai mes habits de la veille avant de passer près de lui pour lui laisser la place. Il se pencha légèrement à mon niveau.

– Tu m'as maté, je t'ai maté, on est quitte Caldwell.

J'allais répondre quand il referma la porte à clef. Il m'agaçait sérieusement. Il avait laissé la porte de la chambre ouverte. J'en profitai pour me faufiler dedans à la recherche d'habits propres. Sa fille dormait paisiblement. Cette vision m'attendrit en me retirant toute colère. Elle était si jolie cette gamine. Elle paraissait futée aussi. Elle devait avoir récupéré pas mal de choses de sa mère. Je la laissai dormir et je rentrai dans le dressing afin de trouver des vêtements propres. Une douce lumière s'alluma le temps que je prenne mes affaires. J'étais en train de m'habiller lorsque la petite se réveilla. Je l'entendis chouiner un peu. Je passai ma tête dans la chambre, elle regardait autour d'elle d'un air perdu. Je m'avançai vers elle en fermant la boucle de ma ceinture.

Zombies for ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant