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Tristan

Je ne savais pas exactement ce qu'il m'avait pris. J'avais entendu l'inflexion de sa voix au moment où elle m'avait parlé de l'importance de la famille. J'avais entendu sa propre tristesse. Elle était seule ici. Le paradis était peut-être devenu une cage doré pour elle. Helena Caldwell était de nouveau seule au monde.

Au lycée, personne ne lui adressait vraiment la parole. Elle était assise seule à sa paillasse ou à sa table de cours. Durant les récrés, elle se faisait toute petite dans un coin. Et depuis ce bal d'Halloween... elle n'avait plus mis les pieds dans une soirée du lycée. Elle n'était même pas venue au bal de promo.

Je me souvenais de cette soirée du 31 octobre. Je me souvenais d'elle, dans sa robe sexy de sorcière. Tous mes potes l'avaient remarqué, mais j'étais le seul à voir eu le cran d'aller la voir. Elle s'étouffait avec le punch trafiqué de Ced. Je ne l'avais pas reconnue au début, mais quand elle m'avait fixé avec ses grands yeux gris... Son identité m'était clairement apparue. Personne n'avait des yeux comme Helena Caldwell. Ils étaient expressifs et d'une couleur défiant toute concurrence. Je n'avais su que penser alors qu'elle me fixait, un air de défi sur le visage. Elle se révélait enfin. Sa bouche rosée, ses cheveux bien coiffés et cette robe... C'était l'une des plus belles versions d'Helena que j'avais vu. Elle avait fini par fuir en courant. Ma sœur m'avait appelé dans la foulée pour me raconter ses histoires. C'était notre rituel. Quand ma sœur appelait, j'arrêtai tout pour papoter avec elle. Elle avait réussi à me faire hurler de rire en plein lycée et je l'avais croisé. Helena. Le regard rempli de reproches.

Je n'avais jamais vraiment réussi à m'en défaire.

Le regard plein de reproches, c'était mon quotidien avec un père sénateur et une mère au foyer. Je n'étais jamais assez bien pour eux. Je devais faire attention à mon image, tout le temps. C'était parfaitement exténuant. La politique était un monde de requins. Le moindre faux pas de ma part pouvait entrainer la chute de mon père. Du moins, c'était ce qu'on m'avait seriné à longueur de temps. « La presse veut ma mort, Tristan, pourquoi tu ne veux pas le comprendre. J'attends de toi que ton comportement soit exemplaire. ». En voyant l'air d'Helena, ma culpabilité avait fait son grand come back, alors que j'ignorais pourquoi je me sentais coupable en la voyant.

Et là, c'était exactement la même chose.

Son ton m'avait fait comprendre que je devais faire quelque chose. Que je ne devais pas la laisser dans son chagrin. Elle me l'avait dit, j'étais le seul être humain avec qui elle parlait depuis trois ans. Trois ans. La moitié de la vie de Tess. C'était énorme. Je finis par sentir ses bras m'entourer et me serrer, nous rapprochant un peu plus l'un de l'autre. Je penchai la tête vers elle alors qu'elle s'installait contre moi, son oreille collée à mon pectoral. Son odeur me percuta. Elle sentait bon. Depuis quand avait-elle ce parfum enivrant ?

– Tu as déjà eu un petit-ami, Helena ?

Elle s'écarta de moi à toute allure, le regard exorbité. Putain, j'aurais pas dû dire ça. J'avais cassé un truc dans ce moment paisible.

– T'es vraiment con toi quand tu t'y mets.

– Je voulais dire...

– C'est pas parce que tu m'as connue quand j'étais petite que tu connais toute ma vie, McBride. T'es pas croyable comme type ! J'ai déjà eu des mecs. J'ai déjà baisé avec des mecs et bien mieux que toi.

Je haussai un sourcil.

– Hum, Caldwell. T'es pas mon genre, tu n'étais pas imaginée que je te baiserai, pas vrai ? Parce que ça n'arrivera jamais. Pour faire ça, il me faut un minimum d'attirance pour la personne et ce n'est pas le cas avec toi.

Zombies for ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant