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10 ans plus tard

J'attrapai mon fer à souder pour tenter de réparer le circuit électrique de ma radio qui m'avait lâchée depuis trois jours. Je cessai de respirer le temps de la manipulation. Ma main ne devait pas trembler. J'avais très légèrement dénudé mon fil et je devais procéder à sa soudure. Une fois terminée, je tournai le bouton principale de ma grande radio et un grésillement se fit entendre. J'expirai, ravie alors qu'une voix me parvenait.

Je l'avais désossée, j'avais testée chaque pièce indépendamment jusqu'à trouver le problème et je l'avais enfin trouvé. Je reculai de mon siège, un sourire sur les lèvres. J'augmentai légèrement le son.

« À 23h43 précisément, Tucson est tombé. Les survivants, au nombre de trois, ont pu rejoindre la ville de Phoenix. Pas plus de précision à l'heure actuelle »

Le découragement commençait à m'envahir doucement. Chaque jour avait son lot de mauvaises nouvelles. Nous étions de moins en moins et de plus en plus exposés. J'espérais vraiment que le commentateur se plantait. Que la ville de Tucson en Arizona n'était pas totalement à leur merci ou que du moins, les humains qui restaient là-bas avaient réussi à se disperser et à se mettre à l'abri. Je tendis mon bras pour changer de station et de la musique envahit mon espace.

Je relevai les yeux vers ma pendule. Il était 17h12. J'avais du retard pour mon inspection. J'attrapai mon sweat épais, mes chaussures de courses, mon holster avec une arme, chargée. Je m'inspectai dans le miroir pour voir si je n'avais rien oublié. Mes traits étaient tirés. Mes nuits n'étaient jamais complètes. Je me réveillai en sursaut, anxieuse, scrutant les environs à la recherche d'un mouvement suspect. J'étais devenue une paranoïaque de toute façon. Le moindre bruit me faisait sursauter.

Mes yeux se déportèrent sur le calendrier attaché près du miroir. J'attrapai un stylo pour barrer le jour qui commençait. Le 2 décembre. Cette date. Je la frôlai comme si le passé pouvait être modifié. C'était ce jour là que mon monde avait viré au cauchemar. Ça faisait 5 ans, putain. On mourrait tous les uns après les autres mais personne n'avait trouvé la solution pour sauver l'humanité des zombies qui croissaient à la vitesse grand V.

Ils étaient apparus en quelques mois sur plusieurs continents. Ils attaquaient, massacraient et surtout, se multipliaient. En un an, le gouvernement américain était tombé, tout comme l'économie. Des factions militaires tentaient de se battre, mais c'était peine perdue. Les nouvelles du reste du monde étaient faibles. Quelques stations fonctionnaient encore et annonçaient toujours plus de morts. En cinq ans, on avait appris assez peu de choses sur le sujet. C'était des morts vivants dont la morsure était fatale. Mes yeux s'embrumèrent. Ma mère avait été mordue alors qu'elle voulait sauver un enfant. La maladie s'était propagée dans son corps et elle avait demandé à mon père de lui tirer une balle dans le crâne. C'était la seule manière de les anéantir : les décapiter ou leur exploser la cervelle. Il l'avait fait, puis brûler son cadavre. Il m'avait ensuite jeter un regard dont la douleur était ancrée désormais en moi.

« J'attends de toi que tu me fasses la même chose le moment venu. Ne les laisse jamais profaner mon corps. »

Ça avait sûrement été la chose la plus dure que j'avais du faire. Trainer son cadavre, quatre mois plus tard pour le réduire en cendre. Je n'avais pas pu rester seule en Californie. J'avais pris le pick up de mon père avec toutes les réserves de pétrole que je pouvais. J'avais attrapé un maximum de nourriture, d'armes et de médicaments et j'avais barricadé notre maison, direction le Colorado. Mon oncle était mort avant la pandémie. Dieu merci, il n'avait pas connu cette horreur. Je n'avais pas vu un autre être humain depuis trois ans. Je vivais désormais dans mon chalet, loin de tout, à l'abri... enfin... presque.

Zombies for ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant