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Tristan

Ma mâchoire se contracta tout à coup sans le vouloir.

– Tessa. Dans la cuisine.

– Mais...

– Dans la cuisine, grondai-je.

La petite grommela et descendit de chaise avant de rejoindre la cuisine en trainant des pieds. Je dardais un regard furieux sur mon ancienne camarade de classe.

– Est-ce que j'ai peur des montres ? Oui. Clairement. Si tu avais vu les gens que tu aimais se faire dévorer sans que tu puisses faire quoi que ce soit, tu en aurais peur. Mais qu'est-ce que tu connais à ça, hein ? Toi tu vis dans un chalet dans la montagne. Tu as accès à des choses que l'humanité ne connait plus dans ton paradis. Mais le reste de tes congénères, ils vivent dans la misère, Helena.

Elle blêmit et ouvrit la bouche, mais je ne la laissai pas en placer une.

– Tu crois qu'on a eu une belle vie ces cinq dernières années ? J'ai cru mourir mille fois et j'ai cru perdre Tessa encore plus. Tu crois que c'est comment, quand le seul lieu à des kilomètres à la ronde où on pouvait se reposer un peu, c'est une bagnole abandonnée sur le bas côté du chemin et qu'on voit des zombies arriver ? Tu crois que c'est amusant de se rationner ou de marcher alors qu'on a la peur qui nous tient les tripes et la faim qui nous tenaille ? Ces rats dont tu parlais tout à l'heure, je n'ai rencontré que ça. Alors ne songe pas deux secondes que je te fais confiance. C'est pas le cas. La petite reste avec moi. Point barre.

– Au moins, on est sur la même longueur d'onde. Moi non plus je ne te fais pas confiance, siffla-t-elle. Tu as été un putain de tortionnaire, je ne vois pas pourquoi tu aurais changé.

– Un tortionnaire ? Non mais tu te rends compte de ce que tu dis putain ?!

– Oui ! Je sais parfaitement ce que je dis !

La colère commençait à faire poindre des larmes au coin de ses yeux. Mais elle n'arrivait pas à m'émouvoir. Personne n'arrivait plus à le faire. Mes émotions étaient mortes en même temps que ma famille et mes amis.

– Tu étais la star du lycée. Quand tu regardais dans une direction, tout le monde te suivait. Quand tu parlais, c'était parole d'évangile. Alors quand tu te foutais de moi parce que mes parents étaient survivalistes ou parce que je n'étais pas jolie ou sexy selon tes critères, tu sais ce qui arrivait derrière ? Tes potes m'agressaient physiquement. Ils m'ont balancé du soda dans les yeux. Toutes les semaines, ils me bousculaient. Je rasai les murs Tristan pour ne pas être vue, mais c'était peine perdue. J'étais leur bouc émissaire. Et le summum ? Ton pote m'a embrassé de force et m'a dénudée au bal d'Halloween après m'avoir tordu le poignet quand j'ai voulu me défendre. Quant à la connasse qui te servait de petite amie ? Elle m'a carrément giflé en me demandant si mes parents m'avaient préparé à ça aussi.

Ça, je n'étais pas au courant. Elle m'avait vaguement parlé de la robe lorsque nous étions au lycée. Je me souvenais d'une conversation de ce genre. Mais le reste ? De quel pote parlait-elle ? Je n'avais jamais cautionné ce genre de choses. J'en étais même mortifié à vrai dire. Ils avaient vraiment fait tout ça dans mon dos ?

– Et toi, qu'est-ce que tu as fait quand tu m'as vue au bal d'Halloween alors que j'étais couverte de peinture ? Tu as ri. Comme le connard que tu es. Tu as ri alors que j'étais une putain de victime de harcèlement. Tu as ri alors qu'elle...

Caldwell cessa de parler et essuya d'un air rageur les larmes qui dévalaient de ses joues. Ce n'était pas dans mon intention de la faire pleurer. Encore. Elle me tourna le dos avant de prendre une longue inspiration. J'allais lui présenter mes excuses, mais elle changea de sujet.

Zombies for ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant