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Helena

– Tu n'avais pas de vie de famille ? toi ? Ton père était sénateur, on le voyait partout avec toi sur les talons. La parfaite petite famille américaine.

Le visage de Tristan se referma à la pensée de sa famille. Je n'arrivais pas à comprendre d'où lui venait la gravité dans ses paroles.

– On me forçait à poser pour les photos, m'apprit-il. Et mon père était un connard de première. Il baisait partout et frappait ma mère à lui en laisser des bleus qu'elle camouflait sous une couche impressionnante de cosmétique. Le paraitre, toujours. Elle voulait devenir la première dame des États-Unis. C'était son but ultime. Alors, elle acceptait tout. Les putes, la drogue, les coups.

J'en restais bouche bée. Je ne m'y attendais pas du tout. J'avais toujours vu M.McBride comme un homme droit et exemplaire.

– Quand ma sœur a essayé de se tuer, il n'a rien trouvé de mieux que de s'inquiéter pour sa campagne sénatoriale. Pourtant, il a gagné sans que le scandale l'éclate ! Il a grassement payé ses collaborateurs avec l'argent du contribuable. Et.. il est devenu encore plus imbuvable. Tellement imbu de lui-même. Un trou du cul, voilà ce qu'il était. C'était un calvaire de rentrer chez moi, c'est pour ça que j'ai fait plein de trucs au lycée. Ça repoussait l'inévitable.

– Il t'a frappé ? balbutiai-je.

– Quand je m'interposais entre ma mère et lui, oui. Ensuite, il achetait mon silence avec des fringues de marques et des voitures.

J'eus soudainement envie de le prendre dans mes bras et de le serrer à l'en étouffer. Je n'avais strictement aucune idée de ce qu'il vivait au quotidien.

–Ma sœur a quitté cet environnement toxique le plus vite possible. Le dernier jour qu'elle a passé à la maison, elle a ramené des amis avec elle comme témoin pour être sûre de ne pas s'en prendre une. Par contre, moi ça n'a pas été la même chose quand je me suis engagé dans l'armée. Je me suis pris la dérouillée de ma vie. « Tu ne vaux pas plus que la chair à canon que tu vas t'apprêter à devenir. Au moins ta mort servira à quelque chose, contrairement au reste de ton existence. »

L'entendre de sa bouche était encore pire. Ces paroles devaient faire partie des dernières qu'il avait échangées avec son père. Je comprenais mieux ce qu'il voulait dire par le fait que mes parents m'aimaient contrairement aux siens. Mes yeux s'embrumèrent à la pensée de ce petit enfant qui n'avait pas eu le quart de l'affection parentale qu'il méritait d'avoir.

– Ta mort aurait été une tragédie, Tristan, murmurai-je en frôlant sa mâchoire.

– Je me le demande. Je n'aurais pas vécu la douleur, la fuite, la terreur si j'étais mort au combat. Peut-être même que j'aurais rendu mon père fier de moi.

Je me déplaçai sur ses genoux pour le forcer à me regarder.

– Ton père était un trou du cul. Certaines insultes se portent comme des étendards. Toutes les fois où il t'a rabaissé il se rapprochait d'un tas de déchets et un peu moins d'un humain. Tu vaux mieux que lui.

Tristan glissa sa main dans mes cheveux pour jouer avec l'une de mes mèches. J'aurais aimé être dans sa tête pour connaître les contours de la tempête qui couvait derrière son regard vert. Ses lèvres se détachèrent comme s'il voulait parler mais il ne prononça pas un seul mot. Sa main glissa sur ma nuque.

– Je ne vaux rien, Helena. Sinon... tu ne penserais pas que je suis un tortionnaire ou un harceleur alors que ma sœur a été victime de l'un d'eux. Mon père a toujours eu raison sur ma nature. Je suis un minable.

Zombies for ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant