L'air été glacé ce matin là encore.
Blotti au fond de la réserve où il avait trouvé refuge, sa petite silhouette dissimulée sous une couverture élimée qu'il avait dénichée là, l'enfant somnolait.
Son corps famélique tremblait légèrement à cause du froid environnant. Seul son épuisement extrême l'empêchait de s'en rendre complètement compte. Son estomac, lui aussi habitué à une telle situation, avait cessé de gronder sa faim depuis longtemps. Seule la douleur sournoise de sa nouvelle blessure, transformant le coté droit de son visage pâle et émacié en brasier, parvenait à le tenir éloigner de l'endormissement.
Pourtant... il aurait tant aimé pouvoir s'abandonner aux bras bienveillants du sommeil. C'était là, au fond, son seul véritable sanctuaire.
Là où tous ses maux disparaissaient enfin, où il n'était plus, pour quelques heures durant, un objet de haine et de dégout constant.
Là où il n'était pas condamné pour le simple fait d'exister.Hélas, il ne savait que trop bien, malgré son jeune âge, que tout cela n'était qu'illusoire. Dormir n'était jamais définitif, et aucune cachette qu'il trouvait n'était jamais assez reculée pour lui garantir le répit et la sérénité bien longtemps. Tous ses problèmes finissaient irrémédiablement par le retrouver, tôt ou tard.
L'enfant soupira dans la remise poussiéreuse, un petit nuage de condensation s'élevant dans l'air froid l'encerclant. Il suivit du regard la buée qui se dissipait dans l'espace silencieux. Son œil intact, d'un bleu aussi limpide que du givre, alla s'attarder dans la contemplation d'une vaste toile d'araignée ornant le plafond. En son centre, une énorme araignée aux longues pattes filiformes s'affairait à emprisonner un minuscule moucheron se débattant vainement dans un cocon de soie immaculée, certainement pour s'en repaitre plus tard. Cette vision arracha un frisson au garçon qui réajusta sa couverture sur ses frêles épaules, le faisant brusquement détourner les yeux.
Au fond... Au sein de sa propre famille, il n'était pas plus à envier que ce pauvre insecte condamné à une mort imminente et douloureuse.
Il avait, en effet, eu le mauvais gout de naitre juste à la suite de son frère, après avoir partagé lors de la même grossesse le ventre de leur mère.
Tous auraient préféré qu'il s'abstienne de vivre, ce jour là, mais il n'en avait visiblement fait qu'à sa tête et avait poussé son premier cri, se rendant ainsi coupable du fait de vivre en tant que deuxième né de jumeaux.
A peine vivant il était devenu aux yeux de tout son clan le voleur de talent. L'indésirable. Celui qui n'aurait pas du être...
Son existence avait été alors scellée sans qu'il ne puisse rien y faire. Etant tout de même venu au monde dans l'une des familles plus nobles et puissantes du Japon, il avait été décidé qu'il ne serait pas tué malgré son impaire indélicat. Il serait toléré au sein du clan, histoire de préserver les apparences. Mais les choses s'arrêtaient là.
Souvent, le garçon regrettait amèrement qu'ils ne l'aient pas simplement éliminé ou abandonné... Tout aurait été plus agréable que cette vie d'ombre et de souffre douleur qui lui était imposée depuis toujours.
Doucement, l'enfant alla tirer sur les bandages de fortune dont il s'était entouré la tête afin de protéger son œil blessé, lui arrachant une grimace dans l'obscurité.
C'était là le dernier coup d'éclat de celui qui était pourtant son frère ainé... Lui et ses comparses l'avaient poursuivi comme un lièvre lors d'une chasse à cours. Quand ils étaient parvenus à enfin lui mettre la main dessus, après l'avoir roué de coups comme à leurs habitudes, ils n'avaient rien trouvé d'autre pour se distraire que de le plaquer au sol au milieu de la neige boueuse avant de lui vider un saut de charbon brulant au visage. Seul le son de leurs esclaffements cruels avait répondu à son hurlement de douleur...
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et sombrer dans une douce folie.... [Sukuna x oc]
FanfictionPeu de temps avant le réveil de Sukuna, roi des fléaux, une autre créature longtemps assoupie a également émergée de son sommeil... Elle est l'improbable comme lui est la puissance. Et leurs chemins vont pourtant se croiser, pour le meilleur et pour...