Chapitre 45 : Damoclès et brasier

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« Bonjour, chère cliente. Où souhaitez-vous-vous rendre ? »

« Samakuwa. Je vais vous donner l'adresse exacte. »

Kali jeta avec force et mauvaise humeur son sac à dos sur la banquette arrière du taxi qu'elle avait commandé avant de se laisser tomber lourdement sur le siège, sa colère ne retombant pas. Le conducteur referma doucement la portière derrière elle, bien trop professionnel pour relever le ton sec avec lequel la jeune demoiselle s'était adressée à lui. Et se fut une très bonne idée de sa part car, de son coté, l'hybride aux cheveux de feu se sentait littéralement au bord de l'implosion.

Une fois l'homme anonyme assis derrière son volant, l'européenne lui tendit son téléphone où s'affichait une capture d'écran lui indiquant leur destination. En la découvrant, l'employé ne put s'empêcher de lever un sourcil, dubitatif.

« Chère cliente... C'est bien là où vous souhaitez vous rendre ? » ne put-il se retenir de demander, se questionnant sur ce que pourrait faire une personne comme elle dans un endroit désaffecté comme celui où elle lui demandait de la conduire.

« Absolument. Et le plus rapidement que vous le pourrez. » répliqua Kali d'une voix sans appel en récupérant son téléphone une fois que l'homme eut activé son gps.

Assurément, elle n'avait aucune envie de faire la causette. Elle alla se plaquer contre son dossier en ajustant sa ceinture de sécurité contre sa poitrine, laissant échapper un soupire contrarié. Tout en enserrant avec fermeté son torse de ses bras, elle se mit à se mordre inconsciemment l'intérieur des joues pour essayer de se calmer. Mais c'était impossible...

Les récents évènements ne faisaient que passer en boucle dans son esprit, jetant du sel sur son égo meurtri.

Ça.

Nanamin, cet exorciste sorti de nulle part l'avait appelé 'ça'.
Même pas 'elle', ce qui aurait déjà était malpoli mais l'aurait au moins placé comme étant une fille, un être vivant.

'Ça'. Comme si elle était un simple objet, une chose gênante et défectueuse que Satoru ferait mieux de jeter à la poubelle.

Sans s'en rendre compte, la demoiselle resserra ses mains autour de ses bras, se griffant la peau jusqu'au sang, ne voyant même pas le paysage estival qui défilait sous ses yeux aux pupilles étrécies par la rage.

'Ça.'

Ce simple mot semblait la brûler, embrasant son être tout entier, la noyant dans un flot chaotique d'émotions diverses. La douleur, le choc, l'offuscation, la peine, l'injustice, la colère, la violence... La fatigue également... Une profonde lassitude envers cette condition d'hybride qu'on lui jetait au visage à tout bout de champs. Ni humaine, ni fléaux. Un entre deux à la mord moi le nœud...

C'était cette nature qui avait volé ses souvenirs et l'avait laissé prisonnière dans les limbes glacées de la solitude pendant des siècles, la jetant dans un monde dont elle ne connaissait rien.
C'était cette nature qui l'avait empêché de vivre libre depuis son réveil, la transformant en une chose fragile et incapable de prendre soin d'elle même.
C'était cette nature qui l'avait transformée en cible pour une raison qu'elle ne connaissait même pas.
C'était cette nature qui faisait que Gojo l'avait dans un premier temps aidé.
C'était cette nature qui faisait à présent qu'il réfléchissait visiblement avec le plus grand des sérieux à la tuer.
Et, c'était cette nature et uniquement cette nature qui avait fait que Sukuna s'était intéressé à elle à la base.

En pensant au démon millénaire, Kali ferma les yeux, déglutissant faiblement. Ce dernier point était aussi douloureux pour elle que réconfortant dans une certaine mesure. D'un coté, c'était un peu vexant que l'homme tatoué ne l'ait sauvée que pour son apparente rareté et sa virginité.
Mais, d'un autre côté... Jamais elle n'aurait pu l'approcher si elle n'avait pas été qui elle était. Et jamais il n'aurait cherché à se rapprocher d'elle non plus, vu, qu'en temps normal, il ne s'intéressait à personne.

et sombrer dans une douce folie.... [Sukuna x oc]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant