chapitre 11 : ramen et mauvais plan

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"Je dois partir. Je dois me rendre à Kumamoto... De façon assez urgente. Je ne sais pas pour combien de temps, où ce qui va s'y passer exactement, mais je dois y aller."

L'annonce tomba comme une pierre dans l'eau, faisant stopper net dans son geste Yuji qui s'apprêtait à ingurgiter une nouvelle énorme bouchée de ramen brulants, le laissant bouche bée. Les nouilles fumantes retombèrent d'entre ses baguettes jusqu'à son bol dans un bruit sourd d'éclaboussure, le salissant un peu.

"Itadori, tu t'en es mis partout..." commenta Megumi qui haussa un sourcil un rien dubitatif, ne comprenant pas pourquoi la nouvelle le chamboulait autant. Au fond, ils ne connaissaient l'hybride que depuis si peu de temps...

"Ah... merde !" murmura ce dernier en se saisissant d'une serviette en papier trainant sur la table, penaud, essuyant avec maladresse l'épais bouillon s'étalant en gouttelettes sur son uniforme sombre.

Kali laissa échapper un léger soupire, un rien écartelée. Elle ne savait toujours pas si elle avait bien fait d'inviter la troupe d'exorciste à ce déjeuner pour leur parler de son projet... Seuls les garçons avaient répondu présents, nobara refusant catégoriquement de se joindre à eux.

Il y avait quelques jours de cela, alors qu'elle était en train de discuter tardivement avec Sukuna, elle avait reçu une information qui était, il fallait l'admettre, sa première piste vraiment sérieuse concernant sa moitié perdue d'orbe démoniaque... Elle guettait depuis un moment déjà, sous les conseils experts de Prasad ayant longtemps côtoyé le milieu, les ventes clandestines d'objets occultes à travers le monde. Mais depuis peu, depuis le réveil du Roi des Fléaux, les choses semblaient s'être emballées dans le monde obscure des adeptes fléautiques... Les reliques refaisaient brutalement surface comme des champignons, affolant les enchères souterraines qui florissaient de toute part aux quatre coins du globe. Le petit monde des maîtres de fléau richissimes était en effervescence, cherchant à tout prix à mettre la main sur les artefacts les plus puissants et rares, dans l'idée de tomber sur un des doigts du maître des poisons partiellement ressuscité... Surement dans le vain espoir de le lui offrir en échange d'une faveur.

Cependant, ce bouillonnement frénétique d'échanges internationaux avait ses avantages... En effet, d'après les contacts de son protecteur, un objet en particulier avait refait surface et serait bientôt mise en vente au Japon, épicentre de toute cette agitation occulte. La relique était soi-disant reliée aux flammes ténébreuses, portant un pouvoir perdu depuis des siècles, issue d'un démon au nom oublié ayant péri à l'aurore de l'ère libre des non chamans... Tout collait.

C'était même presque trop beau pour y croire, songea la demi démone, pensive, faisant tourner du bout de ses baguettes dans son bol ses nouilles épaisses refroidissant... Ces ventes étaient très souvent des attrapes nigauds pour idiots dépourvus de pouvoir, ou de jugeotte, mais issus d'illustres et anciennes familles aux moyens casis illimités, jouant aux apprentis chamans en acquérant des reliques soi-disant toujours plus puissantes et tentant de les éveiller par divers moyens plus que discutables...

Elle détestait tellement cela... Les incantations puériles dans des caves, enroulés dans des capes sombres et baragouinant de faux sortilèges sans aucun sens... Les sacrifices inutiles d'innocents sans pouvoirs, d'hommes, de femmes, d'enfants, de fléaux sans défense... Tout ça pour combler les fantasmes débiles de personnes à l'égo terriblement plus développé que leur capacité.

C'était ... horripilant.

Mais c'était également... un peu hypocrite de sa part de juger ces humains-là, elle le savait...

Même si la famille de Prasad avait récupéré son 'œuf' il y avait de cela des siècles, décidant de l'ériger en tant qu'ultime trésor de leur dynastie nomade, elle se doutait que d'innombrables rituels aussi détestables que ceux qu'elle abominait présentement avaient dû prendre place aux pieds de son estrade au cours des années écoulées. Le vieil indou qui la traitait comme la reine de l'univers, avait lui-même certainement dû faire couler sur les parois impénétrables de sa prison des quantités de sang inutile qu'elle n'osait estimer.

et sombrer dans une douce folie.... [Sukuna x oc]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant